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PRÉLIMINAIRE

Hydrostatique. Dans son livre de humido insidentibus, il prend pour base que les particules d’un fluide étant supposées égales, également pesantes & placées les unes à côté des autres, celle qui est le moins pressée est chassée par les autres ; d’où il résulte que, pour l’équilibre, chaque molécule doit souffrir en tout sens une égale pression. Il applique ce principe à l’équilibre d’un corps solide flottant sur un fluide ; il fait voir que le volume de la partie plongée est au volume total du corps, comme la pesanteur spécifique de ce corps est à celle du fluide ; il éclaircit cette théorie par divers exemples tirés de l’équilibre d’un cone, ou d’un paraboloïde posé sur l’eau. La proposition VII du premier Livre de cet ouvrage peut servir facilement à démontrer que deux corps égaux en volume, plus pesans qu’un fluide dans lequel ils sont plongés, y perdent des parties égales de leurs poids ; ou que réciproquement deux corps sont égaux en volume, quand ils perdent, dans le fluide, des parties égales de leurs poids. Je cite ce Théorême, parce que l’opinion des Mathématiques est qu’Archimède en fit usage pour découvrir la fraude d’un Orfévre de Syracuse, qui devoit fournir au Roi Hieron une couronne d’or pur, & qui y avoit mêlé de l’argent. On conjecture avec beaucoup de vraisemblance qu’il forma de cette manière deux masses, l’une d’or, l’autre d’argent, égales chacune en volume à la couronne, & qu’ayant ensuite trouvé qu’en plein air la couronne pesoit moins que la masse d’or, & plus que la masse d’argent, il détermina la proportion du mêlange par un calcul arithmétique connu aujourd’hui de tout le monde. Quelques Auteurs ajoutent qu’il étoit aux bains quand ces idées se présentèrent à lui, qu’il en sortit transporté de joie, & que, sans songer à l’état de nudité où il étoit, il se mit à courir dans les rues de Syracuse, en criant : je l’ai trouvé, je l’ai trouvé.

An av. J. C. 130. Ctesibius & Heron, son disciple, Mathématiciens de l’École d’Alexandrie, inventèrent plusieurs machines Hydrauliques, dont le jeu dépendoit du poids & du ressort de l’air  : telles sont le Syphon recourbé, les pompes, la fontaine de compression, qu’on appelle encore aujourd’hui la fontaine de Heron, &c. Mais ils attribuoient les effets de ces machines à une prétendue horreur de la nature pour le vuide. La Physique des anciens étoit remplie de ces qualités occultes. On transportoit du monde moral au monde physique les idées d’affection ou de haine : tout étoit sympathie ou antipathie dans la nature, & on croyoit avoir expliqué un phénomène, quand on pouvoit le rapporter à l’un ou à l’autre de ces principes.

Hydraulique. Un Géomètre romain, Sextus Julius Frontinus, connu vul-