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GNO GNO


120 sont à 41 1/2, d’où Gassendi conclut l’obliquité de l’écliptique d’environ 23°. 52, Gassendi, Op. tom. IV, page 527. Le Chevalier de Louville l’a conclu seulement de 23° 49’. Histoire de l’acad. pour I716, pag. 48.

Cette méthode du gnomon paroît avoir été fort en usage chez les Egyptiens, les Chinois & Péruviens. Voyez M. Goguet, de l’origine des Loix, &c. tom. II, p. 250, l’Histoire de l’Astronomie chinoise, tome I, p. 3, tom. II, p. 3, 8 & 21. Les gnomons ont dû être en effet les premiers instrumens astronomiques qu’on ait imaginés, Parce que la nature les indiquoit, pour ainsi dire, aux hommes ; les montagnes, les arbres, les édifices, sont autant de gnomons naturels qui ont fait naître l’idée des gnomons artificiels qu’on a employés presque partout. Tels furent probablement l’horloge d’Achaz, suivant M. Goguet, les gnomons des Chaldéens, & celui d’Eratosthène. Cet usage des gnomons a été si naturel & si général, qu’on en a trouvé des vestiges, même au Pérou : Garcilaso de la Vega, Commentarios reales de los Incas 1723, tome I, lib. II, cap. 22, p. 61. On y revient même encore de nos jours, & M. Cassini de Thury en présenta un à l’académie des Sciences en 1769, dont il a fait imprimer la description ; cet instrument n’avoit que quatre pouces de haut, & portoit une ligne horizontale par le moyen de laquelle on avoit les hauteurs du soleil, & par conséquent l’heure à quelques minutes près.

Sous l’empire d’Auguste un mathématicien, nommé Manlius, profita d’un obélisque que ce Prince avoit fait élever dans le champ de Mars, pour en faire un gnomon : Pline dit qu’il avoit 116 3/4 pieds, (105 1/4 de France), & qu’il marquoit les mouvemèns du soleil, Pline, lib. XXVI, c. 9, 1 o & 1 1. Cet obélisque se voit encore à Rome, quoique abattu & fracassé ; j’en ai parlé dans le IV.° vol. de mon Voyage en Italie, & l’on peut voir plusieurs dissertations sur cette matière dans l’ouvrage d e M. Bandini, Dell’obelisco di Cesare Augusto, &c. à Rome 175c, in-folio, & dans les Disquisitiones Plinaniæ de M. le Comte de la Tour Rezzonico, imprimées à Parme, in-folio. On en voit une représentation dans la fig. 29, où l’on a marqué les courbes décrites en différens tems par l’ombre de la boule.

Cocheou-King fit un gnomon de quarante piés à Pékin, vers l’an 1278 ; Ulug-Beg, vers 1437, se servit à Samarkand, d’un giomon qui avoit 165 piés de hauteur. Voyez M. le Monnier, mém. de l’acad. 1743.

Nous parlerons des gnomons les plus modernes & les plus considérables au mot Méridienne.

Les anciens ont aussi donné le nom de gnomon au stile d’un cadran solaire, parce qu’il indique ou fait connoître les heures.

Le gnomon d’un cadran solaire représente l’axe du monde, ou, pour parler plus juste, l’extrêmité du gnomon d’un cadran solaire est censée représenter le centre de la terre ; & si l’autre bout du gnomon passe par le centre du cadran, qui est le point de concours des lignes horaires, le gnomon est alors parallèle à l’axe de la terre ; & on peut le prendre pour cet axe même, sans erreur sensible : mais si le gnomon est dans toute autre situation par rapport au cadran, par exemple, s’il est perpendiculaire au plan du cadran, alors il ne représente plus l’axe du monde, à moins que le cadran ne soit équinoxial ; mais l’extrêmité ou la pointe du gnomon est toujours regardée comme le centre de la terre, & cette extrêmité marque l’heure sur les divisions du cadran.

Au reste, le mot de gnomon n’est plus guères en usage pour signifier le stile des cadrans ; on se sert plutôt du mot de stile ou d’aiguille : on peut d’ailleurs réserver le mot de gnomon pour les cadrans qui n’ont point de stile, mais seulement une plaque percée d’un trou (fig. 30 & 37), par où passe l’image du soleil, comme dans les méridiennes ordinaires, Voyez Cadran, Méridienne. Ces cadrans sont en petit ce que sont en Astronomie les gnomons dont nous avons parlé. (D. L.)

GNOMON, ( Géom.) On appelle quelque fois ainsi la figure M X O C (Pl. Géom. fig. 4.), formée dans le parallélogramme A B, par les pa rallélogrammes de complément M, C & les trian gles x, o, qui forment eux-mêmes un autre parallélogramme ; mais cette dénomination n’est plus guère en usage.

GNOMONIQUE, science des cadrans solaires ; qui comprend aussi la manière de tracer les cadrans par la lune & par les étoiles.

Les grecs & les latins donnoient à cette science les noms de Gnomonica & Sciaterica, le premier vient de ces noms, gnomon, & le second de σκία, ombre, à cause qu’ils distinguoient les heures par l’ombre d’un gnomon. Quelques-uns l’appellent Photosciaterica, de φωι, lumière, & σκία, ombre » parce que c’est quelquefois la lumière même du soleil qui marque les heures ; comme quand le cadran au lieu d’un stile porte une plaque percée d’un trou. Elle est appellée encore Horographia, parce que c’est proprement l’art d’écrire sur un plan donné, l’heure qu’il est. D’autres la nomment Horologiographia, parce que les cadrans s’appelloient autrefois horologia ; nom que nous avons depuis transporté aux horloges à roues & à pendules ; on les appelloit aussi Sciateria.

On ne sauroit douter de l’antiquité des cadrans. Celui d’Achaz remonte à l’an 775 avant l’an vulgaire, ou au-moins à l’an 75I. Voyez If. xxxviij. 8. Reg. IV. 20. 11. Invocavit itaque Isaias propheta Dominum & reduxit umbram per lineas quibus jam descenderat in horologio Achaz retrosum decem gradibus. Voyez aussi les Réflexions critiques de M. Bullet sur la philosophie de l’histoire, chez Hérissant, 1774, & l’explication des cadrans des


Mathématiques. Tome II, Ire. Partie.