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378 EP1 EP1 & du mal moral des idées factices de l’esprit humain. Ces conféquencès nécefTaires dans le fyReme des épicuriensrenverfent réellement, & felon leur intention tes loix effentielles de la morale les notions fondamentales du vice & de la vertu & ne font de toute la fociëté humaine qu’un auëmblage d’animaux qui croient agir par raifon, & couloir librement’ ce qu’ils ne font que par mécanii’me automates d’autant plus fois j qu’ils s’imaginent n’en pas être & d’autant plus malheureux qu’ils pensent S~ qu’ils tentent comme s’ils n’en étoient pas. Cependant, il faut l’avouer j toutes ces conséquences ne font pas enentielles à l’opinion même qm tire toutes nos idées des fenfations. Car quand même on réduiroit tous les ientimens de la nature à la douleur & au plaifir qui empêcheroit de fuppofer que c’eit Dieu même jqui a jugé à propos de conduire l’homme par cette voie infaillible à la connoiffance du bien & du mal moral gravant dans

!’homme j dans l’effence même de l’homme par 

t’impref !)on de la douleur & du plai6r tes devoirs naturels, tant envers la divinité qu’envers Ces femblables nous donnant par le fentiment de notre foibleSe & :de notre ignorance, les idées d’une puiHance & d’une fage~Ïe où nous ne concevons point de bornes, nous faifant connoître par le mal que nous fentons nous-mêmes le mal que nous pouvons faire aux autres & par la crainte de l’éprouver j la défenfe de le faite éprouver à autrui. Alors la loi du bien-être particulier devient le code de la fociété & celle du bien-être de la fociété~ la caution du bien- ~tre particulier. La crainte même qui felon Hobbes, e~i une caufe de guerre dans l’état de mature devient dans l’état de fociété une caufe d’union, 8f unprincipe naturel de loix 8< :d’ëquttë. Qu’on ajoute à ces principes nés des fenfations de l’homme pris folitau’ement/ & comme un individu à part, ceux. qui naiffent de la Société conjugale par laqueMe chaque~ individu n’eft <}ue comme une moitié d’un to~’ liée à l’autre moitié par le penchant natmel des cœurs on a une nouvélle fource de paix d’union & par conséquent de loix foetales. L’époux livré à fon ~poufe n’a olus d’intérêt excluuf. L’amour de luitnême contondu dans l’amour de fon icmblable j fe trouve enrichi, par les facrifices qu’il lui fait. Ce fentiment heureux fuit le progrès du fhng. L’homme voit ton être te renouveller dans fes enfans, a.H ?rà l’immorMiité par fes neveux qui attachés directement & CoIIatéralement les uns. MX .ant[’es par les plus do~x nom ! de la nature j forment comme un rezeau immenfe, dont les nœuds affermis les uns par les autres couvrent la furface de la terre de tous les rapports d’amour, d’union d’égalité de fubordination qui conltituent ce qu’on appelle la fbciété. En quels caractères plus lumineux Dieu pouvoit-il graver fes loix de juftice & de fagefledans l’efpëce humaine ? Quelle voix plus forte pou.. voit-il employer pour les publier ? Chaque mouvement de notre ame chaque impreHion des objets extérieurs fur notre corps, & de notre corps fur elle eft une indication ou un développement de la loi naturelle qui ordonne le bien 8~qui défend le mal. Il s’en faut bien que les épicuriens anciens & modernes l’entendent ainfi & c’ed ce qui a fait le crime de cette opinion, déjà dangereufg par elle-même. La divinité n’ayant aucune influence fur la formation ni fuc le deltin de la nature humaine, l’homme, dans leur fyflème, n’eft qu’une machine animée qui fe brifera, foit par le dépériHëment naturel de (es orgines, dont les éléments j contraints par une forme accidentelle, doivent fe relâcher avec le tems, foit par le choc violent de quelque caufe extérieure, que la force ou l’adrefîe n auront pd détourner. Tout eft mécanique dans l’homme c’eft le poids,3 la maue~ la figure, l’attraction mutuelle, la rencontre fortuite des atomes qui décident de tout chez lui, comme dans le monde, où il n’y a ni ordonnance ni caufes finales que par la tournure & : l’habitude de notre imagination. Faut-il s’étonner après cela fi le jufte & l’in- )UKene font que de Vains noms, ou tout au plus des conventions arbitraires, dont l’intérêt feul eft le noeud & le garant ? Faut il être (urpris des conféquences odieufes que les adverfaires d Epicure ont tiré de fon ~ySeme ? c :Quand eft-ce dit Plu-Mtarque, que les hommes vivront comme les Mbêtes les plus fauvages & les plus infociables ? » Ce ne fera pas quand ils n’auront plus de loixi M mais quand ils n’auront plus ces grandsprincipes qui font le fondement & l’appui des loix. M Ce fera quand on invitera l’homme à la vo-Mlupté, qu on niera la providence des dieux ;i qu’on regardera commefages ceuxquiméprifent Ml’honnêteté qui ne tient point au-plaifir qu’on » tournera en ridicule ces grandes vérités Qu’un Dieu tienttenfa main commefouverainrna~re Les caufes les progrès, Celes fins de tout être. Et ailleurs Vois-tu dans la nature, où fa marche eft tracée, Les loix qu’il prefcrit aux mortes ?