Page:Encyclopédie méthodique - Physique, T1.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
AIM
97

qu’ils avoient auſſi perdu leur vertu magnétique ſous cette nouvelle forme, & qu’ils ne la recouvroient que quand on les avoit redreſſés.

Cette expérience réuſſit toujours quand le fil de fer eſt bien & duement courbé, & ſur-tout ſi on lui fait faire pluſieurs tours en ſpirale, ſur un cylindre ; car ſi la moindre de ſes parties n’eſt pas courbée avec violence, elle conſervera ſon magnétiſme : la même choſe arrivera à un fil de fer aimanté qu’on plie d’abord en deux, & dont on tortille les deux moitiés l’une ſur l’autre, enſorte qu’il paroît que le magnétiſme eſt détruit par la violence qu’on fait ſouffrir au fer dans tous ces cas, & par le dérangement qu’on cauſe dans ſes parties, comme il eſt facile de s’en convaincre par le moyen du microſcope.

Voici une expérience qui confirme cette vérité, & qui fait voir que le dérangement cauſé dans les parties du fer, détruit le magnétiſme. On a mis de la limaille de fer dans un tuyau de verre bien ſec, & on l’a preſſée avec ſoin ; on l’a aimantée doucement, avec une bonne pierre armée, & le tube a attiré des parcelles de limaille répandues ſur une table : mais ſitôt qu’on a eu ſecoué le tube, & changé la ſituation reſpective des particules de limaille, la vertu magnétique s’eſt évanouie.

II. Procédés & méthodes pour communiquer la vertu magnétique, ſans aucun aimant naturel ni artificiel.

Ces procédés conſiſtent à placer d’une certaine manière le fer, ou à opérer ſur lui d’une façon ſimple.

Premièrement, un morceau de fer quelconque de figure oblongue, qui demeure pendant quelque temps dans une poſition verticale, devient un aimant d’autant plus parfait, qu’il a reſté plus long-temps dans cette poſition : c’eſt ainſi que les croix des clochers de Chartres, de Delft, de Marſeille, &c. ſont devenues des aimans ſi parfaits, qu’elles ont preſque perdu leur qualité métallique, & qu’elles attirent, & exercent tous les effets des meilleurs aimans : d’ailleurs la vertu magnétique qu’elles ont ainſi contractée à la longue, eſt demeurée fixe & conſtante, & ſe manifeſte dans toutes ſortes de ſituations. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à fixer verticalement ſur un liège C un morceau de fer a b, (fig. 409), qui ait reſté long-temps dans la poſition verticale, & faire nager le tout ſur l’eau ; ſi on approche de l’extrémité ſupérieure a de ce morceau de fer, le pôle boréal B d’une pierre d’aimant, le fer ſera attiré ; mais il ſera repouſſé ſi on lui préſente l’autre pôle A de la pierre : de même, ſi on approche le pôle A de l’extrémité inférieure b du fer, celui-ci ſera attiré, & repouſſé ſi on en approche le pôle B de l’aimant.

En ſecond lieu, les pelles & les pincettes, les barres de fer des fenêtres, & généralement toutes les pièces de fer qui reſtent long-temps dans une ſituation perpendiculaire à l’horizon, acquièrent une vertu magnétique plus ou moins permanente, ſuivant le temps qu’elles ont demeuré en cet état ; & la partie ſupérieure de ces barres devient toujours un pôle auſtral, tandis que le bas eſt un pôle boréal.

3o. Il y a de certaines circonſtances dans leſquelles le tonnerre communique au fer une grande vertu magnétique. Il tomba un jour dans une chambre dans laquelle il y avoit une caiſſe remplie de couteaux & de fourchettes d’acier, deſtinés à aller ſur mer. Le tonnerre entra par l’angle méridional de la chambre juſtement où étoit la caiſſe ; pluſieurs couteaux & fourchettes furent fondus & briſés ; d’autres qui demeurèrent entiers, furent très-vigoureuſement aimantés, & devinrent capables d’élever de gros clous & des anneaux de fer ; & cette vertu magnétique leur fut ſi fortement imprimée, qu’elle ne ſe diſſipa pas en les faiſant rougir.

4o. La même barre de fer peut acquérir, ſans toucher à l’aimant, des pôles magnétiques, fixes ou variables, qu’on découvrira facilement, par le moyen d’une aiguille aimantée en cette ſorte. On approche d’une aiguille aimantée, bien mobile ſur ſon pivot, une barre de fer qui n’ait jamais touché à l’aimant, ni reſté long-temps dans une poſition verticale ; on ſoutient cette barre de fer bien horizontalement, & l’aiguille reſte immobile quelle que ſoit l’extrémité de la barre qu’on lui préſente ; ſitôt qu’on préſente la barre dans une ſituation verticale, auſſi-tôt ſon extrémité ſupérieure attire vivement, (dans cet hémiſphère ſeptentrional de la terre), l’extrémité boréale de l’aiguille, & la partie inférieure de la barre, attire le ſud de l’aiguille, (fig. 412), mais ſi on renverſe la barre, enſorte que ſa partie ſupérieure ſoit celle même qui étoit en bas dans le cas précédent, le nord de l’aiguille ſera toujours attiré conſtamment par l’extrémité ſupérieure de la barre, & le ſud par l’extrémité inférieure ; d’où il eſt évident que la poſition verticale détermine les pôles d’une barre de fer ; ſavoir ; le bout ſupérieur eſt toujours (dans notre hémiſphère), un pôle auſtral, & l’inférieur un pôle boréal : & comme on peut mettre chaque extrémité de la barre en haut ou en bas, il eſt clair que les pôles qu’elle acquiert, par cette méthode, ſont variables. On donne à une barre de fer des pôles fixes en cette ſorte : on la fait rougir & on la laiſſe refroidir en la tenant dans le plan du méridien : alors l’extrémité qui regarde le nord, devient un pôle boréal conſtant ; & celle qui ſe refroidit au ſud, devient un pôle auſtral auſſi conſtant. Mais, pour que cette expérience réuſſiſſe, il doit y avoir une certaine proportion entre la groſſeur de la barre & ſa longueur : par exemple, une barre de ⅕ de