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AIR
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de la ſphère dont le diamètre ſera de 6 451 538t. ſera rempli d’un air denſe, plus lourd par degré que les corps les plus peſans que nous ayons. Conſéquemment, comme il eſt prouvé que plus l’air eſt comprimé, plus le même degré de feu augmente la force de ſon reſſort, & le rend capable d’un effet d’autant plus grand ; & que, par exemple, la chaleur de l’eau bouillante augmente le reſſort de notre air au-delà de sa force ordinaire d’une quantité égale au tiers du poids avec lequel il eſt comprimé : nous en pouvons inférer qu’un degré de chaleur, qui dans notre orbe ne produiroit qu’un effet modéré, en produiroit un beaucoup plus violent dans un orbe inférieur ; & que, comme il peut y avoir dans la nature bien des degrés de chaleur au-delà de celle de l’eau bouillante, il peut y en avoir dont la violence, ſecondée du poids de l’air intérieur, ſoit capable de mettre en pièces tout le globe terreſtre. Mém. de l’Ac. R. de Sc. ann. 1703. Voyez Tremblement de terre.

La force élaſtique de l’air eſt encore une autre ſource très-féconde des effets de ce fluide. C’eſt en vertu de cette propriété qu’il s’inſinue dans les pores des corps, y portant avec lui cette faculté prodigieuſe qu’il a de ſe dilater, qui opère ſi facilement ; conſéquemment, il ne ſauroit manquer de cauſer des oſcillations perpétuelles dans les particules du corps auxquelles il ſe mêle. En effet, le degré de chaleur, la gravité & la denſité de l’air ; & conſéquemment ſon élaſticité & ſon expanſion ne reſtant jamais les mêmes pendant deux minutes de ſuite, il faut néceſſairement qu’il ſe faſſe dans tous les corps une vibration, ou une dilatation & contraction perpétuelles.

On obſerve ce mouvement alternatif dans une infinité de corps différens, & ſingulièrement dans les plantes dont les trachées des vaiſſeaux à air font l’office de poumons : car l’air qui y eſt contenu, ſe dilatant & ſe reſſerrant alternativement à meſure que la chaleur augmente ou diminue, contracte & relâche tour-à-tour les vaiſſeaux, & procure ainſi la circulation des fluides.

Auſſi la végétation & la germination ne ſe feroient-elles point dans le vide. Il eſt bien vrai qu’on a vu des fèves s’y gonfler un peu ; & quelques-uns ont cru qu’elles y végétoient : mais cette prétendue végétation n’étoit que l’effet de la dilatation de l’air qu’elles contenoient.

C’eſt par la même raiſon que l’air contenu en bulles dans la glace, la rompt par ſon action continuelle ; ce qui fait que ſouvent les vaiſſeaux caſſent quand la liqueur qu’ils contiennent eſt gelée. Quelquefois des blocs de marbre tout entiers ſe caſſent en hiver, à cauſe de quelque petite bulle d’air qui y eſt enfermée, & qui a acquis un accroiſſement d’élaſticité.

C’eſt le même principe qui produit la putréfaction & la fermentation : car rien ne fermentera ni ne pourrira dans le vide, quelque diſpoſition qu’il ait à l’un ou à l’autre.

Boerhaave dit qu’en réfléchiſſant ſur la prodigieuſe quantité de force que l’on pourroit communiquer à l’eau qui ſeroit au centre de la terre, il avoit trouvé, en ſuivant le calcul de Mariotte, qu’à la profondeur de 409 640 toiſes, le poids de l’air ſeroit égal à celui de l’or. Traité du Feu.

On a obſervé que le thermomètre, placé ſous le récipient de la machine pneumatique, deſcendoit de deux ou trois degrés lorſqu’on faiſoit le vide ; &. MM. Galéati & Cygna penſent que cet effet eſt dû à la dilatation du verre, lorſqu’il ceſſe d’être comprimé par l’air.

Pluſieurs phyſiciens, d’après M. Hales, ont ſoutenu que le feu conſommoit l’air, comme ſon aliment, ce qu’ils fondoient principalement ſur ce qu’une bougie allumée, enfermée ſous une cloche de verre, y laiſſoit un vide après ſon extinction ; mais l’auteur de cet article a fait voir, par pluſieurs expériences contre l’hypothèſe de l’abſorption de l’air de M. Hales, 1o. que le vide n’étoit dû qu’à l’état différent de raréfaction & de condenſation du volume d’air enfermé ſous la cloche, au moment où il a été ſéparé du reſte de l’atmoſphère, & au moment où il a ceſſé d’être dilaté par la flamme de la bougie ; tout de même que le vide qui ſe trouve dans le vaſe où on a enfermé un animal vivant, dès que le mouvement vital a ceſſé d’en raréfier l’air ; 2o. que l’extinction n’étoit pas due au défaut d’air, ni même au défaut d’air ſuffiſamment condenſé, mais au contraire à la ceſſation du mouvement oſcillatoire, mouvement néceſſaire pour retenir la flamme ſur ſon aliment, & favoriſer l’expanſion des matières qu’elle détache, lequel eſt inſenſiblement gêné & détruit, ſoit par le reflux des vapeurs fuligineuſes, ſoit parce que le fluide environnant devient trop denſe, au moyen de ce que l’effort de raréfaction dans un eſpace borné, équivaut à denſité. Mémoire de l’Académie de Dijon, tome I. C’eſt par le même principe que l’auteur explique le phénomène du charbon qui ne ſe conſume pas dans les vaiſſeaux clos, à quelque feu qu’on les expoſe.

V. L’air eſt une ſubſtance tranſparente ; c’eſt-à-dire, que la lumière la traverſe avec facilité, qu’elle y trouve un paſſage aiſé, & par conſéquent qu’on peut très-bien voir & diſtinguer les divers objets qui ſont ſéparés de l’œil du ſpectateur par une maſſe d’air intermédiaire, même d’une épaiſſeur conſidérable. En effet, nous voyons ſur terre un grand nombre d’objets ; placés à différentes diſtances de nous ; nous apercevons les planètes & les étoiles qui nous envoient des rayons de lumière, leſquels font une impreſſion ſuffiſante pour les diſcerner ſur l’organe de l’œil. Si la diſtance de quelques-uns de ces objets eſt trop grande pour pouvoir produire efficacement un effet, en empruntant le ſecours des lunettes & des téleſcopes,