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AIR

ment ſemblable à celui de l’atmoſphère, & qui en a toutes les propriétés. Voyez Azote, Gaz azote ; & Gaz oxigène.

L’air de l’atmoſphère eſt donc principalement compoſé de deux fluides aériformes ou gaz ; l’un reſpirable, ſuſceptible d’entretenir la vie des animaux, dans lequel les métaux ſe calcinent & les corps combuſtibles peuvent brûler ; l’autre qui a des propriétés abſolument oppoſées. La baſe de la portion reſpirable de l’air a été nommée Oxygène, de deux mots grecs εξυς acide, & γείνομαι, j’engendre, parce qu’en effet une des propriétés les plus générales de cette baſe, eſt de former des acides, en ſe combinant avec la plupart des ſubſtances. La réunion de cette baſe avec le calorique a été nommée gaz oxygène. Sa peſanteur dans cet état eſt aſſez exactement d’un demi-grain, poids de marc, par pouce cube, ou d’une once & demie par pied cube, le tout à 10 degrés de température, & à 28 pouces du baromètre.

Le nom de la baſe de la portion non reſpirable de l’air de l’atmoſphère, a été tiré de la propriété, qu’a ce gaz, de priver de la vie les animaux qui le reſpirent : on l’a donc appellé azote de l’α privatif des Grecs, & de ζωη, vie ; & on a nommé gaz azotique, la partie non-reſpirable de l’air. Sa peſanteur eſt d’une once, 2 gros 48 grains le pied cube, ou de 0 grain 4444 le pouce cube.

On a dit que l’air de l’atmoſphère eſt principalement compoſé de deux fluides aériformes, parce que pluſieurs prétendent qu’il contient une partie très-peu conſidérable de Gaz fixe, ou Gaz acide carbonique. Voyez ce mot. Selon eux, l’air atmoſphérique contient

Air vital 27
Gaz fixe 1
Gaz azotique 72
Total 100

IX. L’air eſt répandu par-tout. Si l’air eſt fluide, s’il eſt peſant & élaſtique, s’il eſt ſuſceptible conſéquemment de compreſſion & de dilatation, ſi tous les corps ſont poreux, & ſi ces pores ſont, par la chaleur & le froid, ſuſceptibles d’être augmentés ou diminués de capacité, il eſt abſolument néceſſaire que la ſubſtance aérienne ſoit répandue par-tout, dans les grands comme dans les petits eſpaces : dans les intervalles conſidérables que laiſſent les corps ſublunaires, de même que dans les petits vacuoles qui ſont dans leur ſubſtance ou au moins dans les pores de leur ſuperficie. Ainſi, dans les grandes cavités de la terre, dans les différentes capacités des végétaux & des animaux, dans les pores extérieurs des minéraux, l’air ſe trouve renfermé ou contenu. On peut prouver cette vérité par voie d’expériences, par l’extraction de l’air de ces différens corps, ſoit ſolides, ſoit fluides, & en ayant recours à divers procédés, ſavoir, à la machine pneumatique, à la chaleur, à la congélation & à une diviſion, opérée de différentes façons par les diſſolutions, les efferveſcences, les fermentations, &c.

D’abord, il eſt certain que ſi on met de l’eau, même la plus pure, dans un vaſe, & qu’on place celui-ci ſous le récipient de la machine pneumatique, dès qu’on fait le vide, on voit l’air ſortir du ſein de l’eau, ſous la forme d’une infinité de petits globules qui viennent crever à ſa ſurface. Il en eſt de même de la plûpart des autres liqueurs.

Je conviens que ſi on ſoumet à cette épreuve, par exemple, de la bierre, on retirera beaucoup de gaz fixe, & ainſi des autres liqueurs analogues ; mais ces liqueurs, outre les divers fluides aériformes qu’elles renferment, contiennent auſſi de l’air ; & la preſſion de l’atmoſphère qu’on leur ſupprime dans le vide, permet à l’air, auſſi bien qu’aux fluides aériformes, de ſe dégager par l’élaſticité & l’expanſibilité dont-ils ſont doués. En un mot, il n’eſt aucun fluide qui ne renferme, entre ſes diverſes parties, de l’air ou des ſubſtances aériformes.

Les corps ſolides, tels que les fruits, les bois, les écorces & les divers végétaux ou parties de végétaux, montrent, aux yeux mêmes, les différentes portions qu’elles contenoient, lorſqu’on les ſoumet à la même épreuve, c’eſt-à-dire, lorſqu’on les place dans un vaſe contenant de l’eau, ſous le récipient d’une machine pneumatique miſe en jeu.

Les animaux recèlent dans leurs grandes & petites cavités une quantité d’air plus ou moins grande, & perſonne n’en doute. Mais les matières animales, même les plus dures, en laiſſent échapper une quantité conſidérable, lorſqu’on emploie la machine pneumatique. Un œuf, même frais, mis avec de l’eau dans un vaſe, des cartilages, des os, &c. en fourniſſent beaucoup ſous le récipient de la même machine dont on fait jouer la pompe.

Les ſels, le ſucre, les terres & beaucoup d’autres minéraux préſentent le même phénomène. Il n’eſt pas juſqu’aux métaux qui n’en laiſſent dégager quelques petites parcelles de leurs pores extérieurs ; car leur nombre diminue, lorſqu’on les a lavés dans l’eau & qu’on les a fait chauffer. Ces moyens doivent être employés parce que l’air a une adhérence avec la ſurface de tous les corps, à plus forte raiſon avec la ſuperficie des pores.

En un mot, la diminution de preſſion de l’atmoſphère qu’on opère, en faiſant agir la machine pneumatique, permet à l’air contenu dans tous les corps, & à raiſon de ſon élaſticité, de ſortir des diverſes cavités qui le receloient.

On voit à préſent la raiſon pour laquelle on rend des vents, après qu’on a mangé pluſieurs ſubſtances végétales qui contiennent une plus grande