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AIR
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paroiſſent s’écarter de la loi générale, y rentrent, & l’air eſt néceſſaire à leur reſpiration.

Les jeunes animaux cependant, en qui le trou botal n’eſt pas fermé, peuvent réſiſter plus long-temps à l’épreuve du vide, parce que le ſang reprend ſon ancienne route. On prétend qu’on a trouvé le trou botal ouvert dans quelques adultes ; on a cité l’exemple du jardinier de Tronningolm, qui étoit dans le même cas, & qui pouvoit reſter pluſieurs heures ſous l’eau. Ce fait certainement n’eſt pas impoſſible, ſi le trou botal étoit ouvert, mais il n’eſt pas bien prouvé. On a encore cité le fameux plongeur Peſcecola (Nicolas poiſſon) en Sicile, au quinzième ſiècle, qui avoit le trou botal ouvert, & pouvoit reſter 2 ou 3 heures ſous l’eau. Ceci ſuppoſé, il ſeroit à ſouhaiter, pour le dire en paſſant, qu’on plongeât, après leur naiſſance, les animaux dans l’eau, pour empêcher le trou botal de ſe fermer ; alors ils ne pourroient pas ſe noyer.

La néceſſité de reſpirer l’air s’obſerve encore juſque dans les animaux microſcopiques ; car on voit, par exemple, les petites anguilles du vinaigre s’amaſſer en beaucoup plus grand nombre vers la ſurface de la liqueur que par-tout ailleurs ; & ſi elles deſcendent quelquefois au fond du vaiſſeau qui les renferme, elles remontent bientôt après juſqu’au haut pour y reſpirer.

Dans les cours de phyſique, on fait pluſieurs expériences pour prouver la néceſſité de l’air pour la reſpiration. On met un oiſeau ſous le récipient de la Machine pneumatique (Voyez ce mot) : dès qu’on fait le vide, on voit l’animal bientôt inquiet, agité de mouvemens convulſifs, rendre les excrémens, tomber & périr. Dès qu’on pompe l’air du récipient, on ne fait autre choſe que raréfier cet air, le rendre moins denſe que celui de l’atmoſphère que l’animal reſpiroit ; & cette ſouſtraction d’une partie de la maſſe de l’air, cette raréfaction dans ce fluide, ſi néceſſaire à la reſpiration, produit la mort. Les déjections par l’anus ſont un effet de l’expanſion de l’air renfermé dans le corps de l’animal, expanſion qui eſt une ſuite de la diminution de preſſion de l’air qui environne l’oiſeau. Les oiſeaux qui volent très-haut ſoutiennent mieux le vide que les autres. L’hirondelle, par exemple, y vit plus long-temps que le moineau, &c. Un petit oiſeau périt dans le vide en moins d’une demi-minute.

On place encore des lapins, des chiens & des chats, ſous le récipient de la machine pneumatique. En évacuant l’air, on obſerve ces animaux s’agiter & éprouver des mouvemens convulſifs très-violens ; on les voit ſauter, tomber, ſe relever avec force, &c, ſur-tout ſi on ne fait pas agir la pompe pneumatique avec rapidité. Les évacuations d’excrémens ont également lieu. Un chat fait les mêmes grimaces que s’il crioit ; il s’efforce de grimper contre le verre, il enfle, il écume & meurt bientôt, à moins que l’expérience ne ſoit faite peu de jours après ſa naiſſance, le trou botal n’étant pas encore fermé.

Les poiſſons, mis ſous le récipient de la machine pneumatique, dans un grand vaſe contenant de l’eau, préſentent d’autres phénomènes. Suppoſons qu’on y ait mis, par exemple, des carpes ; on obſerve, 1o. qu’après pluſieurs coups de piſton, le corps du poiſſon eſt tout couvert de petites bulles qui ſortent d’entre les écailles, & ſe ramaſſent ſur leurs bords, que l’air ſort encore de leurs ouies & de leurs bouches ; 2o. que plus on répète les coups de piſton, plus le mouvement de la bouche & celui des opercules ſont fréquens ; 3o. que pour lors le poiſſon vient à la ſurface de l’eau, qu’il ſemble y reſpirer plus librement, & que ſon ventre s’enfle beaucoup ; 4o. que ſi on pompe avec force, les bulles d’air diſparoiſſent toutes, que le ventre ſe déſenfle tout-à-coup, que l’animal deſcend au fond & qu’il y expire enſuite, après pluſieurs mouvemens convulſifs. 5o. Si on ouvre le poiſſon, on obſervera que la veſſicule aérienne qui eſt dans ſon corps ſera déſemplie, & jamais crevée : ſon tiſſu eſt trop fort pour ne pas réſiſter puiſſamment à l’expanſion de l’air qui y eſt contenu. Si on ſouffle cette veſſie avec un tuyau de verre, elle s’enfle comme dans l’état naturel ; ce qui prouve qu’elle n’a point été déchirée, comme quelques phyſiciens l’ont avancé ſans preuve.

Il n’eſt pas étonnant que l’air, contenu ſous les écailles des poiſſons, dans les cavités de leur corps, étant très-élaſtique & expanſible, ne ſorte des interſtices & des eſpaces où il étoit contenu, lorſque la preſſion extérieure de l’air environnant lui permettra d’augmenter le volume, & que pour rétablir l’équilibre, il ſe répandra dans l’eſpace ambiant d’où l’on a chaſſé l’air atmoſphérique : cet effet ſe conçoit aiſément. Mais pourquoi le poiſſon s’élève-t-il à la ſurface de l’eau ; lorſqu’on fait le vuide, ſans pouvoir deſcendre au fond, & enſuite après qu’on a fait rentrer l’air dans le récipient, reſte-t-il au fond, ſans pouvoir s’élever de nouveau à la ſurface ? ce phénomène eſt entièrement hydroſtatique. Lorſqu’on pompe l’air du récipient, le corps du poiſſon & ſa veſſie ſont moins preſſés qu’auparavant, la veſſie augmente de volume, ainſi que le corps. Devenant ainſi plus léger qu’un égal volume d’eau, le poiſſon ſurnage néceſſairement. Mais à meſure qu’on évacue l’air du récipient, une portion de l’air intérieur de la veſſie ſe dilatant trop, ſort de cette capacité ſans que le volume diſtendu de la veſſie diminue. D’où il réſulte que, lorſqu’on fait rentrer l’air dans le récipient, la veſſie ſera comprimée par toute la puiſſance de la colonne d’air qui lui répond ; ſon volume ſera alors plus petit qu’il n’étoit avant l’émigration de l’air de la veſſie ; la totalité du corps deviendra