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AIR
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dues par le frottement d’une manière purement mécanique. La ſeule équipondérance prouveroit donc la combinaiſon, & à plus forte raiſon, cette diſtribution uniforme, cette condition d’homogénéité qui ne peut jamais être le réſultat d’un ſimple mélange.

L’hygromètre nous indique encore la préſence univerſelle des vapeurs aqueuſes dans l’air, car il n’eſt pas d’endroit où ſi on ſéche l’air, par divers procédés, on n’obſerve l’aiguille de cet inſtrument tourner vers le ſec, ce qui prouve qu’avant le deſſéchement, l’air contenoit de l’humidité ; & ſi on augmente encore ſucceſſivement la ſiccité de l’air, on verra l’aiguille augmenter ſon mouvement d’une manière correſpondante, preuve que l’air ſec contient des vapeurs aqueuſes, & qu’il n’y a pas plus de ſiccité abſolue que d’humidité extrême, puiſqu’on peut toujours augmenter indéfiniment l’une & l’autre de ces qualités. Voyez Hygromètre.

Pour connoître la quantité d’eau que contient un pied cube d’air, on a propoſé d’étendre une demi-once d’alkali fixe en poudre ſur une ſurface de neuf pouces quarrés, & d’examiner quel ſeroit le poids déterminé dont le pied cube d’air augmenteroit. On a trouvé, en ſuivant des procédés analogues, que la quantité d’eau qu’un pied cube d’air de l’atmoſphère peut diſſoudre, eſt de 12 grains. Nous dirons ici en paſſant, que le gaz fixe & quelques autres fluides élaſtiques en diſſolvent davantage, & que la quantité d’eau diſſoute dans l’air & dans les gaz eſt très-variable, ſuivant les circonſtances des lieux & des temps.

Cette quantité conſidérable d’eau qui eſt dans l’air eſt la matière des Météores aqueux. Voyez cet article & ceux de Pluie, Rosée, Serein, Bruine, Brouillard, Grêle, Neige, Givre ; voyez les mots Nuées, Nuages ; ſans oublier le mot Eau.

Cette propriété que l’air a d’être toujours chargé d’humidité, eſt eſſentielle pour les animaux qui le reſpirent, & pour la germination & l’accroiſſement des végétaux, car les uns & les autres ſouffrent d’un air trop ſec ; les premiers ne reſpirent qu’avec peine un air trop ſec, & les ſeconds languiſſent & périſſent dans un air qui n’eſt pas humide, comme on l’obſerve dans les années où les pluies ſont très-rares.

Si l’air contient de l’eau dans un état de combinaiſon, l’eau contient de même de l’air en diſſolution. Voyez le mot Eau.

XIV. De quelques autres propriétés, qualités & effets de l’air.

L’air ſe charge des émanations des corps odoriférans. Voyez Odeur, Émanation, Méphitisme, Fosse d’aisance.

L’air eſt néceſſaire pour l’entretien du Feu, de la Flamme, & en général de toute Combustion. Voyez ces mots.

L’air peut être conſidéré en mouvement. Voyez les articles Son & Vent.

L’air influe beaucoup ſur les couleurs ; il en eſt de même de la lumière. Les couleurs, non ſeulement celles qui ſont vives mais encore celles qui ſont foncées & qui ont le plus d’intenſité, perdent bientôt de leur éclat, ſuivant qu’elles ſont plus ou moins de temps expoſées à l’air. Des expériences journalières démontrent cette vérité ; elles ſont trop connues pour les rapporter. Il ſuffira de citer ici l’expérience ſuivante d’une couleur qui paroît & diſparoît ſuivant que le contact de l’air a lieu ou non. Si on met dans un flacon de l’alkali volatil fluor, dans lequel on aura fait diſſoudre de la limaille de cuivre, on aura une belle teinture bleue. Si on bouche bien ce flacon, la couleur diſparoîtra peu après ; mais en le débouchant enſuite, la couleur bleue reparoîtra auſſitôt : & ces alternatives d’apparitions & de diſparitions peuvent ſe répéter un grand nombre de fois. On ſait encore que la diſſolution d’orcanète par l’eſprit de vin, qui forme une liqueur colorée qu’on met dans quelques thermomètres, perd ſa couleur au bout de pluſieurs années, & qu’il ſuffit d’ouvrir l’extrémité ſupérieure du tube, pour lui faire reprendre ſa couleur primitive. La liqueur propre du coquillage appellé pourpre, prend ſucceſſivement pluſieurs eſpèces de couleur lorſqu’elle eſt expoſée à l’air, ainſi que l’a remarqué M. de Reaumur : Voyez Couleur. Sur la couleur de l’air. Voyez Azurée, Bleu.

L’air ayant des rapports avec tous les objets que la phyſique conſidère, il eſt néceſſaire de conſulter les articles reſpectifs ſur leſquels l’air a une influence plus ou moins immédiate. Ainſi, par exemple, pour ſavoir ſi l’air a la propriété d’être abſorbé par le charbon, il faut conſulter l’article Charbon, où cette matière ſera traitée.

On a découvert depuis peu une ſingulière propriété de l’air, celle d’exciter le vomiſſement. M. Goſſe a ſouvent employé ce moyen ingénieux pour ſe faire vomir à volonté : ſon but avoit été de faire des expériences ſur la facilité ou la difficulté que les divers alimens ont à être digérés. Il conſiſte à avaler une certaine quantité d’air atmoſphérique ; cet air parvenu dans l’eſtomac devient alors un émétique ſûr qui produit ſon effet ſans dégoût ni fatigue. On peut voir les expériences très nombreuſes de ce ſavant, à la ſuite des expériences ſur la digeſtion de l’homme & de différentes eſpèces d’animaux, par l’abbé Spallanzani, traduites par M. Sennebier. 1783.

Parmi les qualités de l’air, on doit compter l’Électricité ; elle exige d’être traitée avec une étendue ſuffiſante, & de n’être expoſée qu’après avoir établi les principes relatifs à cette matière, c’eſt pourquoi nous renvoyons ce que nous avons à en dire à l’article Électricité ; électricité de l’air ; électricité de l’atmoſphère ; on y verra que l’air n’eſt pas ſimplement conducteur, mais électrique par ſa nature.

On ne doit point s’attendre à trouver ici, au moins