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AME-AMI

enſuite rejeté par les flots ; et qu’il pouvoit auſſi y en avoir de foſſiles dans les terres. D’autres qui lui ont donné une origine animale, ont imaginé diverſes abſurdités. Ce qu’il y a de plus nouveau et de plus probable, eſt l’opinion de deux naturalistes, MM. Fiſcher & Girtanner. Selon eux, le ſuccin eſt un produit animal, une eſpèce de miel ou de cire, formée par les grandes fourmis, (formica rufa. Linn.) Ces fourmis habitent les immenſes forêts de ſapins, où quelquefois elles forment des fourmillières qui ont juſqu’à ſix pieds de diamètre, & c’eſt ordinairement dans ces anciennes forêts, ſelon les obſervations de M. Girtanner, ou dans des lieux où il y en avoit autrefois, que ſe trouve le ſuccin foſſile. Quoique ce ſuccin foſſile ne ſoit pas dur comme celui qu’on pêche dans la mer, en Pruſſe principalement, et qu’il n’ait que la conſiſtance du miel ou de la cire à moitié fondue, il eſt néanmoins jaunâtre comme le ſuccin ordinaire, & donne les mêmes produits par l’analyſe chimique, ſuivant les expériences de M. Stockar de Neuforn. Il ſe durcit auſſi de même que le ſuccin ordinaire, quand on le laiſſe pendant quelque temps dans une diſſolution de sel commun ; ce qui explique comment les inſectes qu’il renferme ont pu y être enveloppés. Parmi ces inſectes, les fourmis font toujours la plus grande partie ; obſervation ſouvent répétée, qui confirme cette opinion ſur la nature du ſuccin, qui n’eſt qu’une huile végétale rendue concrète par l’acide des fourmis, tout comme la cire n’eſt qu’une huile rendue concrète par l’acide des abeilles. Vérité qui paroît prouvée depuis que, M. de la Metherie eſt parvenu à faire de la cire artificielle en traitant l’huile d’olive avec l’acide nitreux.

Quoi qu’il en ſoit de l’origine de l’ambre jaune, nous nous bornerons à dire que cette ſubſtance a une vertu électrique ; qu’étant frottée on remarque en elle une propriété attractive. Thalès de Milet, fondateur de la ſecte ionique, s’en apperçut 600 ans avant l’ère chrétienne, & obſerva que l’ambre jaune ainſi frotté, attirait des fétus de paille & d’autres corps légers. Ce phénomène l’embarraſſa tellement, qu’il crut que cette ſubſtance étoit animée. Le ſoufre & tous les bitumes produiſent le même effet, & dans les mêmes circonſtances, mais dans un moindre degré. Voyez Électricité, Attraction électrique.

Nous ne parlerons point ici de l’ambre gris, ſubſtance d’une couleur griſe, que pluſieurs croient de nature bitumineuſe, d’autres d’excrément de quelque baleine, &c. Les parfumeurs en font grand uſage à cauſe de ſon odeur.

AME

AMERTUME. Eſpèce de ſaveur ou de ſenſation oppoſée à douceur. On croit qu’elle vient de ce que toutes les particules d’un corps amer ſont émouſſées & diminuées au point qu’il n’en reſte pas une qui ſoit longue & roide, ce que l’expérience paroît confirmer. En effet, les alimens étant brûlés ou cuits, & leurs particules diminuées & briſées par le feu, deviennent amer : mais cette hypothèſe ou explication, comme on voudra l’appeler, eſt purement conjecturale.

AMÉTHYSTE. Pierre précieuse, de couleur violette, mais qui a peu de dureté, & ſe fond aſſez aiſément au feu où elle perd ſa couleur. La dernière des couleurs priſmatiques, le violet du ſpectre ſolaire dans l’expérience de Newton, eſt la couleur qui a le plus de rapport avec l’améthyſte la plus belle ; car parmi les pierres de ce nom, il y a beaucoup de variétés dans les teintes.

La peſanteur ſpécifique de l’améthyſte eſt à celle de l’eau diſtillée comme 26 535 eſt à 10 000. Un pouce cube de cette pierre pèſe donc 1 once 5 gros 54 grains, & un pied cube 185 livres 11 onces 7 gros 26 grains. M. Briſſon ayant auſſi peſé hydroſtatiquement une améthyſte blanche, a trouvé que ſa peſanteur étoit à celle de l’eau comme 26 513 eſt à 10 000. Cette différence vient probablement, (ainſi qu’on l’obſerve dans les autres pierres précieuſes blanches de même eſpèce) du défaut de ſubſtances métalliques, qui ſont le principe des couleurs.

AMI

AMIANTE. L’amiante doit être néceſſairement rangée parmi les pierres ; elle eſt compoſée de filets plus ou moins longs & déliés, plus ou moins adhérens entr’eux, & réunis en faiſceaux, fixés ſur des rochers dont on les détache avec une ſorte de peine. La couleur de l’amiante varie beaucoup ; il y en a d’un blanc gris, d’autres d’un gris jaunâtre ; on en trouve encore d’un très-beau blanc, qui a un coup-d’œil ſoyeux, & dont les filets ont ſix ou huit pouces de longueur, tandis que les autres n’ont que un, deux ou trois pouces ordinairement. On en trouve en Corſe, en France, ſur-tout dans les Pyrénées, en Sybérie, en Allemagne, &c.

L’amiante réſiſte à un feu ordinaire ; mais expoſée à un feu violent, elle ſe vitrifie. Les acides n’ont aucune action ſur cette pierre.

Les filets dont l’amiante eſt compoſée, pouvant aiſément ſe ſéparer les uns des autres, & leur longueur & leur flexibilité ſe prêtant à prendre la forme d’un tiſſu, les anciens ont fait des toiles d’amiante. Pline aſſure (Hist. Nat. T. XIX, Cap. I.) avoir vu dans des festins des nappes de lin vif, c’eſt-à-dire d’amiante qu’on jetoit au feu après les repas pour les blanchir ou nettoyer, la flamme conſumant toutes les matières étrangères qui pouvoient adhérer à leur ſurface. On brûloit de même dans des toiles tiſſues d’amiante les corps des rois, afin que leurs cendres n’étant point confondues avec celles des bûchers, puſſent être renfermées dans des urnes. Pline dit encore que l’amiante étoit rouſſe, compoſée de filets très-courts ;