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ANE

marquer que les vîteſſes, & avoir dans ſon cabinet une table où toutes ces autres diviſions répondent ; ce qui eſt plus ſimple, & ſuffit.

M. Van-Swinden a diviſé le ſien par des onces ; les vîteſſes ont paru préférables à quelques autres ; cependant cela revient au même pour un obſervateur qui a une table dont les onces répondent aux vîteſſes du vent.

Pour rendre cet anémomètre plus ſimple, on peut, au lieu de la roue dentée & de ſa crémaillère, mettre à la place de la roue une poulie Z, figure 261, de même diamètre ; rouler un fil autour & qui ſe croiſe en bas ; les bouts de ce fil étant attachés l’un en U, l’autre en Y, mais point trop ſerré ſur la poulie, afin que son jeu ſoit fort libre ; la règle ne peut ſe mouvoir ſans faire tourner la poulie, qui ayant une aiguille ſur un des bouts de ſon axe, marquera auſſi juſte que la roue dentée.

ANÉMOMÉTROGRAPHE. C’eſ un inſtrument qui ſert à décrire ; même en l’abſence de l’obſervateur, les différentes directions des vents qui ont lieu ſucceſſivement, leur durée principalement, & même si l’on veut, leur vîteſſe. Quoiqu’au premier coup-d’œil, il paroiſſe très-difficile qu’un inſtrument puiſſe tenir compte de la durée d’un phénomène, tel que le vent, du temps qu’il ſouffle ; néanmoins la phyſique moderne eſt venue à bout d’exécuter des inſtrumens de ce genre, avec le ſecours de l’horlogerie. On verra à l’article Barométrographe, qu’il exiſte des inſtrumens qui décrivent exactement ſur un papier l’heure ou plutôt la minute durant laquelle le baromètre étoit à telle hauteur ou à telle autre ; de manière que ſi un obſervateur exact & attentif, avoit continuellement examiné & écrit les variations ſucceſſives du baromètre, à chaque minute, pendant 24 heures & même pendant huit ou quinze jours, on trouveroit abſolument conforme les deux registres, celui de l’observateur & celui de l’anémométrographe. On penſe bien que la porte principale de cet inſtrument eſt une pendule & un crayon qui marque des points ſur une longue bande de papier, diviſée en heures, en minutes, & qui ſe déroule ſucceſſivement ; &c.

M. d’Ons-en-Brai a propoſé un anémométrographe dans les mémoires de l’académie des ſciences, année 1734, pag. 124 : il l’appelle anémomètre à pendule. Cet inſtrument eſt tellement conſtruit qu’il marque ſur un papier, avec la plus grande préciſion, tous les changemens ſurvenus dans la direction, & dans la viteſſe, l’heure & l’instant de ces changemens, conſéquemment leur durée.

Il y a encore un inſtrument de ce genre qu’on doit à Leipold. On en voit un autre dans les obſervations ſur la phyſique, l’hiſtoire naturelle & les arts, année 1780 ; il eſt de M. Changeux à qui on doit auſſi un barométrographe. Voyez les mots Barométrographe ; Météorographe ; Météorographiques.

ANÉMOSCOPE. Ce mot a pluſieurs acceptions, ſelon différens auteurs ; la plus usitée eſt de ſignifier un inſtrument qui indique ſans meſure préciſe les directions & les forces des vents, tandis que l’anémomètre montre avec exactitude les degrés & parties de degrés qui ont rapport à ces objets. Pour comparer entr’elles les directions & les forces des vents des différens pays & des diverſes ſaiſons dans la même contrée, il faut avoir des anémomètres ; des anémoscopes ſuffisent pour en être inſtruit à-peu-près. Une girouette n’eſt qu’un anémoſcope ; un corps léger, lancé en l’air, afin de connoître la vîteſſe du vent & en conclure ſa force, n’eſt qu’un anémoſcope, ainſi que tout inſtrument de ce genre, qui déſignera la choſe ſans préciſion & ſans meſure. On ſait que Mariotte jetoit une plume contre l’effort du vent, & meſuroit enſuite l’eſpace qui avoit été parcouru dans un temps déterminé, par exemple, quelques ſecondes, une minute &c. Mais ce moyen eſt bien imparfait, ainſi que les conſéquences qu’il en tiroit : on ne pouvoit avoir que des à-peu-près, en opérant de cette manière.

Il y en a qui ont cru que par le mot d’anémoſcope, on devoit entendre tout ce qui ſert à prédire les variations de vents, ou les changemens de temps. D’après ce que dit Vitruve, il paraît que les anciens avoient quelques eſpèces d’inſtrumens de ce genre ; mais on ſent qu’ils devoient être bien imparfaits & bien capables d’induire en erreur.

D’autres, comme Stone, ont appelé anémoſcope, un inſtrument propre à indiquer les différens degrés d’humidité & de ſéchereſſe ; mais c’eſt très-mal à propos qu’il a donné cette acception ; car c’eſt le propre de l’hygromètre de marquer le plus ou moins d’humidité de l’air. Rien n’eſt même plus ridicule que de prétendre, comme quelques-uns, que les boyaux d’un chat qui peuvent être des hygroſcopes, peuvent être auſſi des anémoſcopes, & annoncer d’avance les variations du vent.

L’anémoſcope d’Otto de Guericke n’en eſt pas un ; il indiquoit ſeulement d’avance les variations de la peſanteur de l’air ; & M. Lomiers dit avec raiſon qu’il n’étoit qu’une application du baromètre ordinaire. (Act. Erud. 1684, pag. 26.) En effet, il conſiſtoit dans une petite figure d’homme en bois, qui s’élevoit ou deſcendoit dans un tube de verre, en partie plein de liquide, ſelon que l’air devenoit plus ou moins peſant, & indiquoit avec le doigt, ſur une échelle diviſée, les différens degrés d’élévation ou d’abaiſſement.

Il y en a qui donnent le nom d’anémoſcope aux anémomètres, alors ce ſont deux ſynonymes : Ozanam a employé ainſi cette dénomination. Ce mot eſt composé d’ανεμος, vent, & de σκεπτομας, je conſidère.