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ANT

Les lieux ſitués à l’un & à l’autre pôle, ou ſur l’équateur, en ſont exceptés, parce que dans le premier cas, c’eſt un des axes de l’ellipſe qui joint les deux points ; & que dans le ſecond il s’agit toujours d’un cercle dont l’autre axe de l’ellipſe eſt le diamètre ; le ſphéroïde quelconque, applati ou alongé, étant toujours imaginé résulter de la révolution du méridien elliptique autour de l’axe du monde. Voyez Hiſt. Acad. 1741.]

On penſe aſſez communément que Platon eſt le premier qui ait ſoupçonné la poſſibilité des antipodes ; mais cette opinion ne fit pas fortune, ou du moins, elle se perdit dans la ſuite des ſiècles ; car Lucrèce & Pline, Lactance & St. Auguſtin l’ont réfutée ; & dans le 8e ſiècle, le Pape Zacharie condamna comme hérétique le prêtre Virgile, pour avoir ſoutenu qu’il y avoit des antipodes. Mais actuellement, il eſt de la dernière certitude que les antipodes exiſtent ; car tous les voyageurs qui ont fait le tour du monde, ont été à nos antipodes, & à ceux des principaux endroits de notre hémiſphère ſupérieur. MM. Bougainville, Biron, Carteret, Wallis, Cook dans ſes trois voyages, M. de la Peyrouſe, &c. ont démontré cette vérité de la manière la plus évidente.

La plupart de ceux qui ne ſont pas familiariſés avec les objets de phyſique, ont de la peine à s’imaginer comment nos antipodes ne tombent pas ; comment leurs pieds ſont attachés à la terre. Cette difficulté disparaîtra bientôt, ſi en jettant les yeux ſur la figure 49, on fait le raiſonnement ſuivant. Les peuples en Α ou en C ſont les antipodes de ceux qui habitent en B ou en D ; puisqu’ils ſont dans les circonſtances que nous avons expliquées dans la définition de ce terme. Pour plus de facilité, ne conſidérons que les antipodes qui ſont ſous l’équateur Α B, en Α & en B. Un homme ſuppoſé en Α, (il en eſt de même de tous les autres corps) eſt pouſſé ou attiré continuellement vers le centre G de la terre ; ſi on l’élève vers H, & qu’on l’abandonne enſuite, il tombera sur la ſurface de la terre, & tendra vers le centre G, qui eſt le centre de tous les corps graves, & qui les attire tous continuellement. En tombant ainſi de H en Α, il deſcend, parce que deſcendre c’eſt s’approcher du centre de la terre, & que monter, c’eſt s’en éloigner. Ainſi, avant que de tomber de H en Α, il avoit monté d’Α en H. Suppoſons maintenant que cet homme ait été ſucceſſivement d’Α en C, de C en E, & de E en B, après avoir parcouru un demi-méridien ou 180 degrés ; ſes pieds ſeront en B adhérens à la terre, comme ils l’ont été dans les points ſucceſſifs de la demi-circonférence Α E B qu’il a parcourue. Parvenu en B, cet homme montera donc ; s’il s’élève en H, il deſcendra donc ; s’il s’approche de B, & conſéquemment du centre G, la force de la peſanteur, de la gravité, de l’attraction le portera donc conſtamment vers G, de la même manière qu’elle l’a fait tendre vers ce centre dans tous les points de la demi-circonférence qu’il a décrits en cheminant d’Α en B par E. Par conſéquent, cet homme arrivé en B, ne peut point être porté vers H par une force naturelle, telle que la peſanteur ; il ne peut que tendre vers G ; & il y tomberait effectivement, ſi l’on faiſoit une ouverture de B en H ; mais jamais, abandonné à lui-même, il ne pourra être porté vers H, parce que la peſanteur fait tendre tous les corps à ſe rapprocher du centre de la terre, & non à s’en éloigner.

ANTI-THERMOPSICRE. C’eſt le nom que M. de Lamanon a donné à une eſpèce de double thermomètre ou thermomètre à deux boules adaptées à deux tubes unis à un troisième tube, comme on le voit dans la figure 154. Ce phyſicien, désirant connoître l’effet que produiroient ſur le mercure l’action de la chaleur de l’eau bouillante, & celle du froid de la glace qui fond ; appliquées dans le même inſtant au thermomètre, a imaginé l’anti-termopſicre, inſtrument dont le nom dérivé du grec déſigne une eſpèce de combat entre la chaleur & le froid, qui doit réſulter de l’expérience.

Les deux boules Α & B ſont remplies de mercure, ainſi que les deux tubes diſpoſés angulairement qui correſpondent à ces deux boules. Ces deux tubes ſont ſoudés à un tuyau commun E E, o o. Les deux thermomètres Α & B ſont réglés à l’ordinaire, en prenant deux points fixes, celui de la glace fondante, marqué o o ; & celui de l’eau bouillante noté E E. Monsieur de Lamanon penſoit que ſi l’anti-termopſicre étoit bien fait, le mercure s’arrêterait à 40 degrés, ou à la moitié de l’intervalle compris entre ces deux points extrêmes, lorſqu’on plongerait en même temps une boule dans la glace fondante, & l’autre dans l’eau bouillante. Mais quelque ſoin qu’on ait apporté juſqu’à préſent pour faire cet inſtrument, on n’a pu réuſſir à lui donner la perfection imaginée ; une boule eſt toujours réellement plus groſſe que l’autre, quoiqu’on les croie égales, à en juger par l’inſpection. Les verres ont plus ou moins d’épaiſſeur, & les diamètres intérieurs plus ou moins grands ; auſſi le mercure ne s’arrête-t-il jamais au point du milieu 40.

ANTISCIENS. Parmi les diviſions qu’on a faites des habitans de la terre, il y en a une qui eſt établie d’après les ombres à l’heure de midi. On a donc nommé Antiſciens, de deux mots grecs, qui ſignifie contre & ombre, les peuples qui habitent de différens côtés de l’équateur, & dont les ombres ont à midi des directions oppoſées. Les peuples du nord ſont donc antiſciens à ceux du midi ; les uns ayant leurs ombres dirigées à midi vers le pôle arctique, & les autres les ayant tournées vers le pôle antarctique. On ne doit pas confondre les Antiſciens avec les Antéciens. Voyez ANTÉCIENS.