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ACC

des retours réglés ; ainſi la poſition du ſoleil, par rapport au globe de la terre, étant la cauſe de la chaleur de l’été & du froid en hiver, les vents, les pluies, &c. ſont des cauſes accidentelles qui altèrent ſouvent l’effet immédiat de la première cauſe. Il y a un vent conſtant qui ſouffle de l’eſt à l’oueſt, ſur-tout entre les tropiques ; les vents particuliers ſur mer & ſur terre, ainſi que d’autres cauſes, le détournent quelquefois de ſa direction principale & lui en donnent une qui eſt accidentelle.

ACCORD. Ce mot ſignifie en acouſtique & en muſique, la ſimultanéïté de deux ou pluſieurs ſons qui forment enſemble une harmonie régulière. L’harmonie naturelle, produite par la réſonnance d’un corps ſonore, eſt compoſée de trois ſons différens, ſans compter leurs octaves, leſquels forment entr’eux l’accord le plus agréable & le plus parfait que l’on puiſſe entendre, d’où on l’appelle par excellence accord parfait. Les principaux accords ſont l’octave, la quinte ; la quarte & la tierce. On dit que deux corps ſonores, deux cordes d’inſtrumens, par exemple, deux flûtes, deux cloches, &c. ſont, 1o. à l’octave l’une de l’autre, lorſque l’un fait deux vibrations dans le temps que l’autre n’en fait qu’une ; 2o. à la quinte, quand l’un produit trois vibrations dans le même intervalle de temps que l’autre en fait deux ; 3o. ces inſtrumens ſont à la quarte quand les vibrations de l’un ſont à celles de l’autre comme quatre eſt à trois ; 4o. ils ſont à la tierce majeure, lorſque les vibrations de ces deux corps ſonores ſont entr’elles dans le rapport de quatre à cinq ; & à la tierce mineure, ſi elles ſont dans la raiſon de cinq à ſix.

On accorde les inſtrumens, lorſqu’on tend ou lâche les cordes, lorſqu’on alonge ou raccourcit les tuyaux, juſqu’à ce que toutes les parties de l’inſtrument ſoient au ton qu’elles doivent avoir. Pour cet effet, on détermine d’abord un ton de comparaiſon, c’eſt l’ut pour l’orgue & le clavecin, & le la pour le violon & la baſſe. Ce ton étant déterminé, on y rapporte tous les autres ſons de l’inſtrument, qui doivent être fixés par l’accord, ſelon les intervalles qui leur ſont aſſignés.

ACCOURCISSEMENT du pendule. La force de la peſanteur qui maîtriſe tous les corps, n’eſt pas la même à différentes diſtances du centre de la terre, conſéquemment le nombre & la durée des vibrations d’un pendule doivent être différentes en divers lieux de la terre. C’eſt à M. Richer, qu’on doit l’obſervation de cette vérité ; cet académicien ayant été envoyé en 1672 à l’île de Cayenne, éloignée de l’équateur d’environ cinq degrés, obſerva que de bonnes pendules à ſecondes, faites à Paris, meſuroient des temps plus longs à la Cayenne ; & il fut obligé de les accourcir d’une ligne & quart pour leur faire battre des ſecondes. C’eſt de cette expérience, confirmée enſuite par tous les aſtronomes qui ont été ſoit au cercle pôlaire, ſoit à l’équateur, &c. qu’on a conclu que la terre étoit applatie par ſes pôles, & c’eſt, comme l’a dit un homme célèbre, une ligne & quart qui a fait changer la figure de la terre. voyez l’article Pesanteur, Pendule.

ACCROISSEMENT ; par ce terme on entend l’augmentation naturelle qu’acquièrent ſucceſſivement les ſubſtances des trois règnes de la nature, des règnes minéral, végétal & animal. Les corps non organiques, tels que les minéraux, prennent leur accroiſſement, ſeulement par juxta-poſition, c’eſt-à-dire, par l’effet d’une cauſe qui leur applique, par ſucceſſion de temps, de nouvelles portions de matière, ſemblables à celles dont ils étoient d’abord compoſés. Suppoſons un morceau de pierre déjà formé, & concevons-le comme un noyau placé au milieu d’une eau chargée d’une matière terreuſe de la même nature que la pierre dont nous venons de parler. Au bout de quelque tems, on verra que l’évaporation, par exemple, ayant diminué le volume de l’eau, la matière terreuſe, ayant augmenté de denſité, par le rapprochement des parties, s’eſt précipitée, ou eſt tombée ſur le noyau pierreux, a formé une couche additionnelle ; une ſeconde couche, ſurvenue après ; une troiſième de même, & ainſi de ſuite, augmenteront ſucceſſivement la première maſſe par de nouvelles maſſes placées près & autour des anciennes, c’eſt-à-dire, par une juxta-poſition de parties. L’inſpection ſeule des couches de minéraux de différentes claſſes, conſidérées en grand ou en petit, eſt ſuffiſante pour convaincre de cette vérité. Si nous jetons un coup-d’œil général ſur le globe de la terre, nous verrons par-tout (à moins que des cauſes particulières n’aient altéré & modifié les effets) des couches de terres ſemblables ou de différentes terres placées les unes au-deſſus des autres, les pierres en grand formées par des lits ſuperpoſés les uns ſur les autres ; les filons de minéraux qui ſont formés par des couches de diverſes denſités & de différente compoſition. Si nous examinons des objets particuliers, nous obſerverons que les ſtalachtes & les ſtalagmites, ſi communes dans les grottes & les cavités de la terre, ſont formées par une ſérie de couches additionnelles, de ſpath calcaire ou d’albâtre gypſeux, &c. ; nous verrons des géodes ferrugineuſes ou de différentes ſortes, être compoſées de couches concentriques de nature ſemblable ; divers corps feuilletés de différentes manières, &c. ; par-tout nous retrouverons des preuves de l’accroiſſement des minéraux par juxta-poſition.

C’eſt en vain qu’un ſavant (Tournefort) a prétendu que les minéraux, & ſur-tout les pierres, croiſſoient par intus-ſuſception, cette idée à laquelle l’imagination a pu d’abord ſourire, n’a aucun fondement ; elle eſt victorieuſement réfutée, par la ſimple inſpection des minéraux ; jamais on n’a aperçu dans