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ARÉ

aréomètre, convenablement leſté, dans de l’eau ; & ſur le point précis de l’immerſion, je marque (O), (fig. 274) pour mon premier terme ; 2o. je le plonge dans un mélange de quatre onces d’acide & douze onces d’eau, & à l’endroit de l’immerſion, je marque également le terme 4 ; 3o. je le plonge dans un mélange de huit onces d’acide & huit onces d’eau, je marque le terme 8 ; 4o. dans un mélange de douze onces d’acide & quatre onces d’eau, & je marque le terme 12 ; 5o. enfin, je plonge l’aréomètre dans de l’acide concentré, & au point d’immerſion je marque 16 ; ainſi O & 16 ſont les deux termes extrêmes de mon échelle.

Je tire cinq lignes parallèles a, b, c, d, e, perpendiculaires à ma verticale f, paſſant chacune ſur les termes 0. 4, 8, 12, 16. Ces parallèles ne ſont pas & ne doivent pas être à égale diſtance, par la raiſon qu’en mêlant des acides avec de l’eau qu’on y ajoute en progreſſion arithmétique, la denſité de ces acides diminue en progreſſion géométrique ; & faute de cette obſervation, l’on s’eſt toujours trompé dans la conſtruction des anciens aréomètres.

Il ne s’agit plus que de trouver nos autres degrés, & voici comme je m’y prends : j’ouvre un compas ſur les deux termes 12 & 4 ; je porte une des pointes ſur le point du terme 16, l’autre ſur la parallèle 12 d, à droite & à gauche, & de ce dernier point, je porte le compas ſur les parallèles 8 c, 4 b, 0 a ; de chacun de ces points, je décris les cercles 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, & des points d’interjection g h ; des deux premiers cercles décrits, je tire avec une règle des lignes qui ſe rendent à un centre commun I, d’où je tire la première partie de mes courbes d’un côté d’a en e ; j’en fais autant de l’autre : des points d’interjection I m, je tire également des lignes qui ſe rencontrent à un point plus éloigné O, duquel, comme centre, je décris l’autre portion de la courbe de c en 16, & ainſi de l’autre côté : enfin je diviſe en ſeize parties égales la partie de cette courbe, compriſe de part & d’autre, entre les deux dernières parallèles 16, 0 ; ſur ceux des points de diviſions, je tire des parallèles dont les unes tombent ſur celles déjà tracées. J’opère de la même manière pour mon aréomètre à eſprit-de-vin, avec cette différence que les 16 termes ou degrés qui, pour les acides, marquent des onces, indiquent des meſures de demi-poiſſons, dont les 16 font la pinte de Paris. Ces premiers pèſe-liqueurs m’ont ſervi d’étalons. J’en ai vérifié la grande exactitude, en faiſant tous les mélanges proportionnels d’acide & d’eau, & d’eſprit-de-vin & d’eau, correſpondans parfaitement aux degrés indiqués.

Entre chaque degré, il y a un point qui ſert de demi-degré, & peut faire connoître juſqu’à un trente-deuxième la richeſſe de la liqueur.

Je donne ici une autre manière mécanique pour tracer mes échelles, & qui ſera beaucoup plus facile que la précédente.

J’ai conſtruit, ſuivant la figure 274, deux aréomètres pour chaque acide, un grand & un petit : j’ai porté les degrés du grand ſur une perpendiculaire Α, (même figure) ; j’ai également porté les degrés du petit ſur une autre ligne perpendiculaire, à une grande diſtance de la première, repréſentant auſſi un pèſe-liqueur B ; j’ai tiré des lignes ſur chacun des degrés correſpondans de l’un à l’autre, ce qui forme un plan incliné ; avec ce plan, je trace tous les pèſe-liqueurs qui n’ont pas une marche plus grande que celui marqué Α, & j’en peux tracer avec le même plan qui ont la marche bien plus petite que le pèſe-liqueur marqué B ; tout cela ſe fait promptement ſans compaſſer. Je prends un aréomètre ſans échelle, je le plonge dans l’eau, & je marque le terme 0 ; je le plonge enſuite dans l’acide le plus concentré (qui marque 16 degrés à mon étalon) ; à l’endroit de l’immerſion, je fais une marque à la tige pour le terme 16 : j’ouvre un compas ſur ces deux termes, je le préſente ſur mon plan, & je marque la perpendiculaire qui eſt égale de longueur à l’ouverture du compas, que je ſuppoſe être celle marquée c ; je mets une règle d en longueur ſur cette perpendiculaire ; j’ajoute entre cette règle une équerre F, que je poſe juſte ſur la première ligne E du plan ; j’ai une bande de papier g tracée de la largeur qui convient à la groſſeur du tube de l’aréomètre ; je la place ſous l’équerre ; je trace le premier degré 0 ; je deſcends l’équerre ſur la ſeconde ligne, & je trace le ſecond, ainſi de ſuite juſqu’à la dernière ligne, & l’échelle eſt finie.

On conçoit aiſément que par ce moyen l’on peut tracer des échelles d’aréomètre bien plus juſtes & avec plus de vîteſſe qu’en les diviſant avec le compas.

J’ai également fait des plans pour tracer les échelles des pèſe-liqueurs à eſprit-de-vin.

L’on voit que j’ai rendu cette opération très-facile, de très-difficile qu’elle étoit, suivant la première de ces deux figures ; mais il m’a fallu celle-ci pour former la ſeconde.

J’ai mis les échelles des trois acides dans un ſeul aréomètre ; elles ſont diviſées en 16 degrés chacune ; les 16 degrés correſpondent avec les 16 onces de la livre, les longueurs que prennent ces trois échelles, diſtinguent bien les denſités différentes de ces trois acides : le dernier degré de l’échelle de l’acide marin, qui eſt 16, ſe trouve vis-à-vis de 5 degrés de celle de l’acide nitreux, & le ſeizième degré de celle-ci eſt vis-à-vis 10 degrés de l’acide vitriolique. Par cette raison, le pèſe-liqueur ancien, tel qu’il eſt diviſé en degrés egaux, ne faiſant que des centièmes, ne pouvoit ſervir à connoître l’état des liqueurs acidules ou ſalines que très-imparfaitement ; mais dans ce même pèſe-liqueur, la troiſième.