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ARG

L’argent eſt purifié de l’alliage des autres métaux deſtructibles, en le traitant avec le nitre ou avec le plomb, cette purification de l’argent s’appelle affinage ou coupellation, parce qu’elle ſe fait dans une coupelle. Ces opérations ſont fondées en général ſur la deſtructibilité des métaux imparfaits, & l’indeſtructibilité de l’argent qui eſt un métal parfait. Mais ſi l’or eſt mêlé avec l’argent, il faut avoir recours, pour ſéparer ces deux métaux, à l’opération du depart, dans laquelle on emploie un diſſolvant qui n’a pas d’action ſur l’or.

L’argent qui eſt plus peſant que l’étain, le fer & le cuivre, pèſe moins que l’or & le plomb fondu & bien pur ; ſa peſanteur ſpécifique, ſelon M. Briſſon, eſt à celle de l’eau diſtillée comme 104 743 eſt à 10 000. Un pouce cube de cet argent pèſe 6 onces 6 gros 22 grains ; & un pied cube pèſe 733 livres 3 onces 1 gros 52 grains. Cet argent fortement écroui a plus de peſanteur ſpécifique, puiſqu’elle eſt alors 105 107 ; ce qui fait une augmentation d’. Un pouce cube de cet argent pèſe 6 onces 0 gros 36 grains ; & un pied cube pèſe 735 livres 11 onces 7 gros 43 grains.

L’argent parfaitement fin eſt à douze deniers, chaque denier ſe diviſant en 24 grains. « Celui que l’on emploie dans l’orfévrerie de Paris a un vingt-quatrième d’alliage ; c’eſt-à-dire, qu’il eſt à 11 deniers de fin : encore permet-on de denier ou 2 grains d’alliage de plus : de ſorte qu’il eſt ordinairement à 11 deniers 10 grains de fin, & 14 grains d’alliage. Cet argent n’étant que ſimplement fondu, a une peſanteur ſpécifique, qui eſt à celle de l’eau de pluie ou de l’eau diſtillée, comme 10 175 eſt à 10 000. Ainſi, le pouce cube de cet argent pèſe 6 onces 4 gros 55 grains, & le pied cube pèſe 712 livres 4 onces 1 gros 57 grains. Mais lorſque cet argent a été fortement écroui, ſa peſanteur ſpécifique eſt à celle de l’eau de pluie, dit M. Briſſon, comme 103 765 eſt à 10 000.  Sa denſité a donc été augmentée par l’écroui d’environ . Un pouce cube de cet argent pèſe 6 onces 5 gros 57 grains ; & un pied cube pèſe 726 livres 5 onces 5 gros 32 grains.

L’argent employé pour la monnoie de France, doit être à 11 deniers de fin & un denier d’alliage ; mais on permet de denier ou 3 grains d’alliage de plus ; c’eſt-à-dire, qu’il eſt ordinairement à 10 deniers 21 grains de fin, & un denier 3 grains d’alliage. Cet argent n’étant que ſimplement fondu, a une peſanteur ſpécifique qui eſt à celle de l’eau de pluie, comme 100 476 eſt à 10 000. Le pouce cube de cet argent pèſe donc 6 onces 4 gros 7 grains, & le pied cube pèſe 703 livres 5 onces 2 gros 36 grains. Mais lorſque cet argent a été fortement comprimé ſous le balancier dont on fait uſage pour donner l’empreinte à la monnoie, ſa peſanteur ſpécifique eſt conſiderablement augmentée : elle est à celle de l’eau de pluie comme 104 077 à 10 000. Sa denſité eſt donc augmentée par cette forte compreſſion d’environ . Un pouce cube de cet argent ainſi comprimé, péſeroit 6 onces 5 gros 70 grains ; & un pied cube péſeroit 728 livres 8 onces 4 gros 71 grains.

Connoiſſant la peſanteur ſpécifique du cuivre rouge qu’on emploie pour allier l’argent, (voyez CUIVRE) il eſt aiſé de voir que les deux eſpèces d’argent allié dont on fait uſage, ſavoir, celui de l’orfévrerie & celui de la monnoie, n’ont pas une denſité auſſi grande que l’exigent les denſités particulières des deux métaux qui compoſent le mélange. Cela vient de ce que, non ſeulement, il n’y a point de pénétration mutuelle de ces deux métaux dans les pores l’un de l’autre, comme il y en a une dans le mélange de l’or & du cuivre, mais encore de ce que leurs parties ne ſont pas autant rapprochées qu’elles pourroient l’être. C’eſt la raſson pour laquelle la denſité de ces métaux alliés augmente ſi conſidérablement par l’écroui, qui tend à en rapprocher les parties. » (Voyez les mém. de l’acad. des ſciences. 1772. 2 Partie, pag. 13 & ſuiv.

Nous terminerons cet article, en faiſant connoítre la fulmination de l’argent. M. Bertholet qui avoit donné une nouvelle théorie de la fulmination de l’or, fut conduit par elle à la fulmination de l’argent ; il eſt parvenu à obtenir de l’argent un produit plus fulminant encore, un produit intactile, qui fulmine á l’instant qu’on le met en contact avec un corps quelconque. En voici le procédé.

Prenez de l’argent de coupelle, diſſolvez-le dans l’acide nitrique : précipitez l’argent de cette diſſolution par l’eau de chaux ; décantez & exposez l’oxide (le précipité) pendant trois jours à l’air. M. Bertholet imagine que la préſence de la lumière peut influer ſur le ſuccès de l’expérience.

Étendez cet oxide deſséché dans de l’ammoniac, (alkali volatil cauſtique) il prendra la forme d’une poudre noire ; décantez & laissez ſéchez à l’air cette poudre ; c’eſt elle qui forme l’argent fulminant.

La poudre à canon, l’or fulminant même ne peuvent pas être comparés à ce produit nouveau. Il faut le contact du feu pour faire détonner la poudre ; il faut faire prendre à l’or fulminant un degré de ehaleur ſenſible pour qu’il fulmine, tandis que le contact d’un corps froid suffit pour faire détonner l’argent fulminant ; enfin, ce produit une fois obtenu, on ne peut plus le toucher ; on ne doit pas prétendre l’enfermer dans un flacon, il faut qu’il reſte dans la capſule, où par l’évaporation, il a acquis cette terrible propriété.

Les effets ſuivans ſont certains. Le poids d’un grain d’argent fulminant qui étoit dans une petite

capſule