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ARS-ART
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diverſes ſubſtances, de ſon analyſe, ni de ſes uſages. Ces ſortes de connoiſſances ſont du reſſort de la chimie, & doivent être cherchées dans le dictionnaire de cette ſcience. Il ſuffit de dire ici, 1o. que la peſanteur ſpécifique du régule d’arſenic eſt 57 633 ; mais que ſelon Bergman, la peſanteur ſpécifique de l’arſenic varie beaucoup depuis ſon état métallique juſqu’à ſon état acide : arſenic en régule, 8, 508 ; oxide d’arſenic vitreux, 5, 000 ; oxide d’arſenic blanc, 3, 706 ; acide arſénique, 3, 391, ſelon Briſſon.

2o. Que la chaux ou oxide d’arſenic, eſt un poiſon très-violent, & d’autant plus dangereux, qu’elle ſe diſſout très-facilement dans l’eau & dans tous les fluides aqueux. « On connoît, dit M. de Fourcroi dans ſa chimie, tome ſecond, qu’une perſonne a été empoiſonnée par cette ſubſtance, aux symptômes ſuivans. La bouche eſt ſèche, les dents agacées, le goſier ſerré : on éprouve un crachottement involontaire, une douleur vive à l’eſtomac, une grande ſoif, des nausées, des vomiſſemens de matières glaireuſes, ſanguinolentes ; des coliques très-vives, accompagnées de ſueurs froides ; des convulſions. Ces ſymptômes ſont bientôt ſuivis de la mort ; on s’aſſure que l’oxide d’arſenic en eſt la cauſe, en examinant les alimens ſuſpects. La préſence de ce poiſon s’y manifeſte, lorſqu’en jetant ſur des charbons une portion de ces alimens deſſéchés, il s’en élève une fumée blanche d’une forte odeur d’ail. On avoit coutume de donner aux personnes empoivonnées par l’oxide d’arſenic, des boiſſons mucilagineuſes ou du lait, ou des huiles douces en grande doſe, dans le deſſein de relâcher les viſcères agacés, de diſſoudre & d’emporter la plus grande partie du poiſon arſenical. M. Navier, médecin de Chalons, qui s’eſt occupé de la recherche des contre-poiſons de l’oxide d’arſenic, a trouvé une matière qui ſe combine avec cette ſubſtance par la voie humide, la ſature & détruit la plus grande partie de ſa cauſticité. Cette ſubſtance eſt le ſulfure calcaire ou alkalin, (foie de ſoufre calcaire alkalin) & mieux encore le même ſulfure qui tient en diſſolution un peu de fer. La diſſolution d’oxide d’arſenic décompoſe les ſulfures ſans exhaler aucune odeur ; cet oxide ſe combine au ſoufre avee lequel il fait de l’orpiment, & il s’unit en même temps au fer ſi le ſulfure en contient. Navier preſcrit un gros de foie de ſoufre dans une pinte d’eau, qu’il fait prendre par verrées : on peut également donner cinq à ſix grains de ſulfure de potaſſe ſec en pillules, & par-deſſus chaque pillule, un verre d’eau chaude. Lorſque les premiers ſymptômes ſont diſſipés, il conseille l’uſage des eaux minérales ſulfureuſes. L’expérience lui a fait connoître qu’elles ſont très-propres à détruire les tremblemens & les paralyſies qui ſuivent ordinairement l’effet de l’oxide d’arſenic, & qui mènent à la phthyſie & à la mort. Navier approuve auſſi l’uſage du lait, parce que cette ſubſtance diſſout l’oxide d’arſenic auſſi bien que le fait l’eau ; mais il condamne les huiles qui ne peuvent le diſſoudre. » L’art de la teinture emploie l’arſenic ; celui de la verrerie s’en ſert comme fondant, ainſi que l’art docimaſtique.

ART

Art alabastrique ; c’eſt l’art de former des albâtres artificielles. Aux bains de Saint-Philippe en Toſcane, on a établi une manufacture de bas-reliefs en albâtres, factices qui eſt unique en ſon genre, mais qui peut donner l’idée & montrer la facilité qu’il y a d’en établir de ſemblables en d’autres endroits. On en eſt redevable au docteur de Vegni, Toſcan, qui, le premier, a vu le parti qu’on pouvoit tirer en grand d’une ſource d’eau bouillante charriant une terre très-fine & très-blanche. Cette eau eſt reçue dans des moules en plâtre des meilleurs bas-reliefs de Rome & des autres endroits de l’Italie ; elle y dépoſe une portion de la terre compoſée (tartare) qu’elle contient. Plus le moule approche de la ſituation horiſontale, moins la matière eſt dure ; le plus grand degré poſſible de dureté ſe trouve dans la poſition verticale, parce que, dans ce dernier cas, l’eau tombant plus rapidement, entraîne avec elle les parties les plus groſſières de la terre qu’elle tient en diſſolution, & ne laiſſe après elles ſur le moule, que ce qu’il y a de plus fin. Le temps qu’exige la fabrication de ces bas-reliefs, varie ſelon leur épaiſſeur. Les plus minces ne ſont guères terminés qu’au bout d’un mois, & les plus épais de ceux qui ont été faits, exigent de trois à quatre mois au moins. Ceux qui ſeront curieux de connoître quelques détails ſur cet objet, pourront lire la deſcription qu’a donnée de cet art alabaſtrique M. Latapie, de l’académie de Bordeaux, dans les obſervations ſur la phyſique, l’hiſtoire naturelle & les arts, 1776, T. 1er. pag. 453.

ART DES EXPÉRIENCES. L’art des expériences conſiſte principalement dans la connoiſſance de la conſtruction des meilleurs appareils & inſtrumens, & dans leur uſage ou application à la pratique des expériences. Un phyſicien doit connoître toutes les parties qui compoſent un inſtrument & la manière de les aſſembler, il doit être en état de monter & de démonter toutes les machines qui ſont dans un cabinet de phyſique : ſans cela il ne peut connoître parfaitement le jeu des inſtrumens, ni en tirer tout le parti poſſible. L’art de conſtruire des machines, celui de diriger les artiſtes qui les fabriquent, ne ſont pas auſſi cultivés qu’ils le méritent. Ceux qui commencent à s’appliquer à la phyſique, éprouvent ordinairement une eſpèce de dégoût dans l’expoſition des détails de conſtruction ; mais à meſure qu’ils font des progrès, dans cette ſcience, ils reſſentent une ſatisfaction qui va en augmentant. Elle devient très-grande lorſque dans la ſuite ils ſont en état de ſimplifier des inſtrumens, & d’en diriger la conſtruction. Nous ne