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la bouche du malade, en fermant celle de ces cavités qui ſera reſtée ouverte, & d’introduire, par ce moyen, une très-petite quantité d’air qu’on augmentera enſuite peu-à-peu. La glotte qui reſte ouverte lui donne un libre paſſage. L’inſtrument conſeillé par M. Pia, a cet avantage, qu’en le pinçant, on intercepte l’air qui peut revenir du malade vers la bouche de celui qui ſouffle dans le tuyau. Il eſt très-important de remarquer que ſi le malade commence à reſpirer, ou s’il reſpire encore un peu, il faut s’abſtenir de ce procédé qui ne pourroit que le ſuffoquer davantage. L’usage d’un ſoufflet ſeroit préférable, parce que, par ce moyen, on introduiroit un air plus frais, plus pur & moins dénaturé que celui qui a déjà été reſpiré.

Lorſque le mouvement de la poitrine commencera à ſe ranimer, on agitera l’air auprès du malade, ſoit avec un chapeau, ſoit avec un éventail, de manière à le diriger vers ſa bouche : on placera encore, dans ce moment, les vapeurs ſtimulantes ſous le nez, avec la précaution de les empêcher de pénétrer dans la bouche. Si l’on peut parvenir à le faire éternuer, on lui procurera beaucoup de ſoulagement, & ſa guériſon ſera très-avancée. Auſſitôt que la déglutition pourra s’exécuter, même foiblement, on introduira dans la bouche quelques cuillerées d’eau fraîche, à laquelle on aura ajouté du vinaigre ou du ſuc de citron.

Alors les mouvemens vitaux commençant à ſe rétablir, on doit principalement inſiſter ſur les frictions qui ſeront faites par pluſieurs perſonnes en même-temps, ſur le tronc & les extrémités.

Auſſitôt que le malade aura éprouvé un tremblement, & un ſaiſiſſement qui ſont une ſuite néceſſaire du procédé indiqué ci-deſſus, on l’enveloppera dans un drap ſec & médiocrement chaud, & on le tranſportera dans ſon lit ; mais on ne diſcontinuera pas les frictions.

L’émétique ne doit jamais être employé dans ce cas : les vaiſſeaux du cerveau ſont trop diſpoſés à l’engorgement, pour qu’on riſque de les ſurcharger de nouveau. On pourroit tout au plus, donner l’émétique en lavage, ſi le malade avoit beaucoup mangé avant ſon accident.

On ſe bornera aux potions acidules & aigrelettes, les cordiaux, proprement dits étant très-dangereux. Mais ſi le malade eſt très-ſanguin, ſi en tombant il s’eſt bleſſé, ou ſi les ſymptômes, qui annoncent l’engorgement, ſont très-opiniâtres ; dans ce cas, la circulation rétablie, on fera une ſaignée au bras, mais on tirera peu de ſang. Ajoutons que les lavemens, un peu irritans, ſont néceſſaires ; ceux que l’on prépare avec le ſavon & le ſel de cuiſine, conviennent beaucoup dans ce cas ; ils ſtimulent ſuffisamment & font ſortir les matières accumulées.

Cette méthode peut être également employée pour les perſonnes ſuffoquées par le tonnerre, par les vapeurs des caves en fermentation, par celles du charbon, ainſi que par les émanations des puits, cloaques & foſſes d’aiſance.

Dans un mémoire de M. Gorcy, médecin de l’hôpital militaire de Neuf-Briſack, ſur les différens moyens de rappeler à la vie les aſphixiques, on trouve la deſcription d’un inſtrument, au moyen duquel on peut rétablir la reſpiration. On le nomme ſoufflet apodopnique, c’eſt-à-dire, ſoufflet propre à rétablir la reſpiration. Voyez Apodopnique. (Soufflet.) Si par l’inſufflation, on tente de faire renaître la circulation dans un aſphixié, on introduit dans ſes poumons un air méphytique, peu propre à entretenir la flamme & à ſervir à la reſpiration. Il eſt donc à propos de chercher un autre moyen que celui de ſouffler dans la bouche d’une perſonne tombée en aſphixie. On avoit penſé à l’uſage d’un ſoufflet ordinaire ; mais les poumons d’un aſphixié étant déjà remplis d’un air méphytique & délétère, on ne peut y introduire un nouvel air, à moins que d’avoir auparavant pompé le premier.

Pour cet effet, il faut ſe ſervir d’un double ſoufflet, dont l’un aſpirera d’abord l’air méphytique, & l’autre injectera un nouvel air : il est inutile d’obſerver que les deux ſoufflets ſimples, quoiqu’ils aient un panneau commun, celui qui eſt intermédiaire, n’ont entre eux aucune communication.

Le panneau extérieur de chaque ſoufflet eſt garni d’un trou à ſoupape. Il y a également, aux bouts des tuyaux des ſoufflets, des ſoupapes qui ſont dans une petite boîte commune, & elles ſont diſposées convenablement pour aſpirer & injecter de l’air.

MM. Van-Marum & Van-Trooſtwyk ont conſeillé de ſouffler de l’air déphlogiſtiqué dans les poumons des aſphixiés, & ont propoſé également, à cette occaſion, l’uſage d’une veſſie, munie d’un tube de leur invention. « Au moyen de ce procédé, ils ont rendu la vie à pluſieurs oiſeaux & lapins aſphixiés par le ſéjour dans l’air vicié, ſoit par la reſpiration, ſoit par la vapeur du charbon allumé. Ce traitement a encore eu tout le ſuccès déſiré ſur les animaux étouffés en apparence par l’air fixe dégagé par la fermentation des liqueurs préparées avec de la drèche ; mais il a échoué en le tentant ſur des ſujets ſuffoqués par l’air fixe que l’eſprit de vitriol délayé a chaſſé de la craie. » Mais le ſoufflet de M. Gorcy eſt préférable, parce qu’il aſpire d’abord l’air méphytique, & qu’il injecte enſuite de l’air atmoſphérique ou de l’air vital.

M. Heus-Courtois a propoſé, depuis le ſoufflet de M. Gorcy, une pompe Apodopnique, qui ſert