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Tout ce qui a précédé cette obſervation n’eſt qu’un commencement groſſier de connoiſſance aſtronomique, qui ſe réduit à l’obſervation du zodiaque, des temps du lever & du coucher héliaque, des conſtellations, & autour des phaſes de la lune.

Parmi les Chaldéens, Jupiter Bélus paſſoit pour avoir été le principal inventeur de l’aſtronomie, en même-temps qu’il avoit été le fondateur de Babylone. L’époque de Bélus eſt placée à l’an 1320 avant J. C. Le temple de Jupiter Bélus, que Sémiramis avoit fait bâtir à Babylone, renfermoit une tour immenſe qui, ſuivant Hérodote, avoit une ſtade de hauteur (environ 100 toiſes), & autant de largeur, bâtie avec des briques & de l’aſphalte, au-deſſus de laquelle il y avoit encore ſept grandes tours les unes ſur les autres ; elles ſubſiſtoient même du temps d’Hérodote, 440 ans avant J. C. Il eſt donc vrai que plus de 800 ans avant l’ère chrétienne, les Babyloniens examinoient attentivement les mouvemens céleſtes. Mais leur aſtronomie ſe réduiſoit alors preſqu’à l’invention du zodiaque, & à la diviſion du ciel en conſtellations. Selon Sextus Empiricus, auteur du ſecond ſiècle, les premiers Chaldéens ſe ſervirent de la méthode ſuivante, pour diviſer le zodiaque. Ayant remarqué une des plus brillantes étoiles du zodiaque, ils remplirent d’eau un grand vaſe percé d’une petite ouverture ; du moment où l’étoile ſe levoit, ils laiſſèrent couler l’eau dans un autre vaſe juſqu’au lendemain au lever de la même étoile. Partageant enſuite cette eau en douze portions égales, ils remarquèrent le temps qu’il falloit à chacune pour s’écouler, & obſervèrent les étoiles qui ſe levoient à chaque douzième.

Les Chaldéens, ſelon quelques auteurs, étoient parvenus à connoître à-peu-près la grandeur de la terre ; ils avoient une idée du mouvement des comètes, qu’ils regardoient comme des planètes, dont la révolution ſe faiſoit dans des orbites très-excentriques ; &, ſuivant Appollonius le Mindien, ils en prédiſoient les retours. Hérodote dit expreſſément que les Grecs avoient appris des Babyloniens l’uſage du pôle, du gnomon & de la diviſion du jour en douze parties. Phérécide, vers l’an 540, fit un cadran ſolaire dans l’île de Scyros, l’une des Cyclades ; mais Anaximandre, mort 547 ans avant J. C., en avoit fait un à Lacédémone, & l’horloge d’Achaz paroît devoir faire remonter cette découverte juſqu’à l’an 727 au moins ; & il ne ſeroit pas étonnant qu’elle eût paſſé des Babyloniens aux Syriens, & de Damas à la Judée.

Aſtronomie des Égyptiens. Les Égyptiens s’attribuoient hautement l’invention de l’aſtronomie ; ils ſont cités conjointement avec les Chaldéens par le plus grand nombre des auteurs Grecs ; mais on peut leur conteſter cette gloire à cauſe des obſervations anciennes que Ptolomée & Hipparque trouvèrent à Babylone, & qu’ils ne trouvèrent point en Égypte. Selon Lucien, c’eſt des Éthiopiens que les Égyptiens leurs voiſins, reçurent les premières connoiſſances en aſtronomie. Les Égyptiens ſe vantoient d’avoir envoyé des colonies par toute la terre ; ſelon eux, Bélus en avoit conduit une dans la Babylonie ; il y avoit inſtitué les prêtres nommés Chaldéens, qui s’adonnèrent à l’étude des aſtres. Suivant Hérodote, les Égyptiens faiſoient remonter leurs annales à 11 340 ans ; mais on ne ſait pas quelles eſpèces d’années.

Diogène-Laërce attribue beaucoup de connoiſſances aux Égyptiens ; mais il paroît que ce n’eſt environ qu’à l’an 400 avant J. C. qu’il faut rapporter ce qu’il en dit ſur les éclipſes & ſur l’inégalité du mouvement des planètes. On a cru que les Égyptiens prédiſoient les éclipses, & que d’après eux, Thalès prédit celle qui termina la guerre des Lydiens & des Mèdes. On rapporte encore aux Égyptiens les premières idées du mouvement de la terre ou du ſystème de Copernic, dont Philolaüs & Ariſtarque parlèrent enſuite dans la Grèce. Ils eurent la première idée de la pluralité des mondes ; Orphée la répandit parmi les Grecs. Orphée & Pythagore avoient été en Égypte. Le lever & le coucher des étoiles en divers temps de l’année, fut un des premiers objets de l’attention des Égyptiens, qui en dreſsèrent des tables. C’eſt encore une choſe remarquable & digne de l’exactitude aſtronomique des Égyptiens, que la ſituation des pyramides d’Égypte. M. de Chazelles a remarqué que les pyramides qui ſubſiſtoient encore, étoient orientées de manière que leurs quatre côtés regardoient préciſément les quatre parties du monde ; mais au temps d’Auguſte & de Strabon, qui voyagea en Égypte, on ne trouvoit preſque plus de vestiges de l’aſtronomie parmi les prêtres de cette contrée.

De l’aſtronomie des Phéniciens. Homère, Pline & pluſieurs autres anciens parlent des Phéniciens, comme ayant été très-ſavans dans l’aſtronomie & la navigation ; ces peuples étoient une colonie des Édomites, & ils ont probablement appris des Babyloniens & des Égyptiens, tout ce qu’ils ſavoient d’aſtronomie. On ne peut guère leur attribuer autre choſe que l’uſage de l’obſervation des étoiles boréales pour le progrès de la navigation, ſur-tout de celle de la grande & de la petite ourſe, & de l’étoile polaire.

L’uſage de naviguer, par le moyen des étoiles, a eu auſſi lieu parmi les Grecs, vers le temps du siége de Troie ; Homère, en parlant de la navigation d’Ulyſſe, le repréſente comme obſervant les pleïades, le bouvier, orion, l’ourſe. C’eſt la connoiſſance des étoiles circonpolaires qui rendit les navigations des Grecs plus hardies & plus heureuſes. Avant que Thalès de Milet, inſtruit à l’école des Phéniciens, eût communiqué aux Grecs, environ 600 ans avant J. C., l’uſage des étoiles boréales, ceux-ci n’avoient qu’un commerce borné, & une navigation timide & ſans s’écarter des côtes. Com-