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attribuoient à l’horreur du vuide, ſont uniquement dus à la preſſion de l’atmoſphère. C’eſt auſſi cette preſſion qui eſt cauſe en partie de l’adhérence des corps. Voyez Horreur du vide, Pompe, Pression, &c. ]

L’atmoſphère terreſtre a une figure aplatie vers les pôles ; car, tournant avec la terre ſur son axe, la force centrifuge qui eſt plus grande à l’équateur & entre les tropiques, que vers les pôles, affoiblit néceſſairement la gravitation de cette partie de l’atmoſphère, & lui donne plus d’élévation dans les colonnes qui ſont compriſes entre ces deux cercles, qu’aux colonnes qui ſont voiſines des pôles ; d’où réſulte néceſſairement la figure d’un ſphéroïde aplati par les pôles qui lui eſt propre, comme au globe même de la terre. Voyez Force centrifuge, &c. De plus, la chaleur qui eſt plus grande entre les tropiques que dans les zones tempérées & glaciales, doit y raréfier davantage les colonnes de l’atmoſphère qui y ſont compriſes, & conſéquemment leur donner plus d’étendue en hauteur.

L’atmoſphère éprouve des alternatives de chaud & de froid, dans les différentes ſaiſons & dans les divers temps de la journée ; elle eſt tantôt plus, tantôt moins humide, ſelon les circonſtances ; ſa denſité eſt donc plus ou moins grande dans divers inſtans, de même que ſon reſſort & ſes autres propriétés ; mais comme ces propriétés appartiennent directement à l’air ; c’eſt dans cet article & les autres qui y ont rapport, qu’on les conſidérera. Il en eſt de même du mouvement qui peut être imprimé à la maſſe de l’atmoſphère. L’atmoſphère a, comme la terre, un mouvement diurne & un mouvement annuel ; elle éprouve dans ſes différentes parties un mouvement de vibration & de frémiſſement, lorſqu’un corps ſonore les agite ; dans pluſieurs circonſtances un grand volume d’air eſt déplacé avec plus ou moins de force & de vîteſſe dans une direction déterminée. Ces objets ſeront traités aux articles Terre, Son & Vent.

C’eſt dans l’atmoſphère que ſe forment la plupart des météores ignées, aqueux, aériens & lumineux : ces objets ſont une des parties les plus curieuſes & les plus intéreſſantes de la phyſique, ils ſeront traités avec toute l’étendue néceſſaire à l’article Météores auquel nous renvoyons.

Atmosphère des corps terrestres. Il y a des phyſiciens qui ont prétendu que tous les corps terreſtres, de quelque nature qu’ils fuſſent, étoient entourés d’une atmoſphère particulière. Les corps les plus durs, ſelon eux, ont une eſpèce d’enveloppe ſphérique, formée par les petits corpuſcules qui s’en échappent ; Boyle eſt de ce ſentiment, & prétend que les diamans & tous les corps les plus ſolides ont leur atmoſphère. Cette aſſertion peut être entendue de deux manières : 1o. en ce ſens, que tous les corps ſont enveloppés d’une atmoſphère quelconque, d’une matière qui peut être commune à tous ; 2o. de ſorte que cette atmoſphère particulière soit formée d’une matière propre à chaque eſpèce de corps.

Il paroît probable que tous les corps ſont entourés d’une couche d’air plus ou moins épaiſſe ; car l’air adhère à la ſurface de tous les corps, ainſi que nous l’avons prouvé à l’article Adhérence. Si cette couche eſt appelée une atmoſphère, nous conviendrons, puiſqu’il ne faut pas diſputer des noms, que tous les corps ont une atmoſphère d’air, air qui les environne de tous côtés, air qui eſt tranſporté avec eux, à cauſe de ſon adhérence aux ſurfaces qui l’attirent, et dont il ne ſe ſépare que difficilement, après que le contact réciproque a eu lieu. On ſe rappelle que l’on a prouvé par expérience cette adhérence de l’air aux ſurfaces. Une aiguille d’acier, couchée horizontalement ſur l’eau, y ſurnage, quoiqu’elle ſoit beaucoup plus peſante ſpécifiquement qu’un égal volume qui lui répond : or, cet effet vient de la couche d’air adhèrent qui l’enveloppe, & forme autour d’elle une eſpèce de petite gondolle d’air ; de ſorte que la totalité de ces deux corps eſt plus légère qu’un égal volume du liquide. Mais ſi on mouille cette aiguille pour en détacher l’air, elle ne ſurnage plus. Cette expérience eſt la même avec des aiguilles des autres métaux ; & avec des fétus d’autres ſubſtances plus peſantes que l’eau, &c. Voyez Adhérence. Or, en appliquant aux grands corps ce qu’on vient de dire des petits, il en réſultera que l’air adhère à toutes les ſurfaces des corps terreſtres, quelle que ſoit leur grandeur.

Il eſt probable que la matière électrique, la matière du feu, & celle de pluſieurs autres fluides, adhèrent auſſi aux corps terreſtres qui ſont plongés dans ces fluides, & forment ainſi une eſpèce d’atmoſphère improprement dite.

Mais, quoique pluſieurs corps aient une atmoſphère particulière, compoſée d’une matière propre & analogue à la nature du corps qui en eſt doué, il n’eſt pas prouvé par l’expérience que tous les corps de quelque règne qu’ils ſoient, en aient une de cette eſpece. Rien ne montre, par exemple, qu’un morceau d’or ou d’argent, par exemple, qui eſt bien pur, ait une atmoſphère particulière ; on doit en dire autant de la plupart des pierres, du granit, par exemple, du quartz, du ſpath, &c. Quelques phyſiciens ont cru prouver l’exiſtence d’une atmoſphère pour tous les corps terreſtres, en diſant qu’il n’y en a aucun qui ne produiſe une diffraction ou inflexion de la lumière, lorſqu’on préſentera un de ſes angles à un rayon ſolaire dans une chambre obſcure. Mais cet effet peut venir de la ſimple attraction de la maſſe du corps terreſtre, quel qu’il soit, ſans aucune atmoſphère ; d’ailleurs ſi on vouloit abſolument une atmoſphère pour expliquer cet effet par réfraction,