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ACI
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Aciduler les eaux. L’art d’aciduler les eaux eſt un art tout nouveau, & qui ne date que de la découverte des gaz. M. Venel a mis ſur la voie ; Prieſtley a ouvert la route, a même parcouru la carrière ; & d’autres ayant ſuivi la route indiquée par cet illuſtre Anglois, ont ſimplifié & perfectionné la méthode d’aciduler l’eau, c’eſt-à-dire de l’imprégner de gaz fixe (gaz acide carbonique), de telle ſorte qu’il eſt facile dans quelques minutes, & à peu de frais, de faire des eaux minérales acidulées, ſemblables à celles de Pyrmont, Spa, Seltz, &c. Pour éviter les répétitions, nous renvoyons à l’article Gaz acide carbonique, dans lequel les principes ſeront établis, & à celui de Machine de Nooth.

ACIER. Ce mot déſigne un fer préparé par la nature ou par l’art ; c’eſt le plus dur & le plus  caſſant des métaux, ſur-tout lorſqu’il eſt trempé ; & c’eſt cette grande dureté qui le rend ſi propre à faire des tranchans de toute eſpèce ; il n’eſt peut-être aucun art qui puiſſe ſe paſſer de ce métal. Nos meilleurs aciers ſe tirent d’Allemagne & d’Angleterre : ce dernier eſt plus eſtimé par la fineſſe & la netteté de ſon grain, & on lui trouve rarement des veines & des pailles.

En général, il y a deux manières de faire l’acier : l’une par la fonte, & l’autre par la cémentation. La première méthode eſt employée pour changer en acier le fer pris dans la mine même ; mais on a ſoin de choiſir le minerai qui eſt de la meilleure qualité. La ſeconde méthode conſiſte à choiſir le meilleur fer tout forgé, celui qui eſt le plus malléable, & à l’imprégner d’une plus grande quantité de principe inflammable, par la ſeule cémentation, & ſans fuſion.

M. Cramer a propoſé deux bonnes recettes pour l’acier : 1o. de mêler exactement une partie de poudre de charbon de bois, & une demi-partie de cendre de bois ; 2o. de mélanger deux parties de poudre de charbon de bois, une partie d’os, de cornes, de poils ou de peaux d’animaux, brûlés dans un vaiſſeau clos juſqu’à noirceur, & réduits en poudre, & une demi-partie de cendre de bois.

Pour transformer en acier des barres de fer, on les met verticalement dans un creuſet au fond duquel on a placé une couche d’environ 6 lignes, d’un des cémens dont on vient de donner la compoſition, de ſorte que ces barres ſoient éloignées entr’elles & des parois du creuſet, à peu près d’un pouce, & que tous les intervalles ſoient remplis de cette matière, ainſi que le deſſus du creuſet, fermé d’un couvercle exactement luté. On place enſuite le creuſet dans un fourneau, à un feu égal, & on l’entretient rouge pendant environ dix heures, au bout deſquelles le fer eſt transformé en bon acier, propre à recevoir une excellente trempe. Voyez le mot Trempe.

On peut faire revenir l’acier à l’état de fer, & produire une opération inverſe de la précédente ; pour cet effet, on le met dans un cément compoſé, non avec des matières charbonneuſes, mais avec des ſubſtances très-maigres, abſolument exemptes de principe inflammable, & plutôt capable de l’abſorber, comme ſont les terres calcaires. Au bout de dix heures de cémentation dans ces matières, l’acier eſt redevenu du ſimple fer.

M. de Réaumur eſt un de ceux qui a fait le plus d’expériences ſur le ſujet préſent : on peut les voir dans un ouvrage, imprimé en 1722, ſous ce titre : L’art de convertir le fer forgé en Acier, & l’art d’adoucir le fer fondu ou de faire des ouvrages de fer fondu auſſi finis que le fer forgé. Cet ouvrage eſt une collection des différens mémoires que M. de Réaumur avoit lus à l’académie des ſciences, pendant le cours de trois ans.

Ce célèbre phyſicien preſcrit de faire un cément avec deux parties de ſuie, une partie de charbon pilé, une partie de cendre, & trois quarts de partie de ſel marin pilé ; de placer les barres de fer dans un creuſet convenable, rempli de ce cément, en obſervant que les barres ne ſe touchent point, non plus que le creuſet, qui doit être bien luté avec ſon couvercle, & expoſé à un feu très-vif juſqu’à une parfaite transformation du fer en acier, ce qu’un œil exercé connoîtra au grain fin & délié.

Comme il n’y a pas de règle fixe ſur cet objet, & que le fer peut avoir été pénétré, dans l’opération précédente, d’une trop grande quantité de matières inflammables, on pourra le faire, pour ainſi dire, rétrograder, & le rendre bon en le faiſant chauffer de nouveau, après l’avoir entouré de matières alkalines propres à ſe ſaiſir de l’excès des matières inflammables, telles que la craie & la chaux faite avec les os ; cette opération s’appelle recuit. On l’emploie pour rendre le fer fondu auſſi doux que le fer forgé, car le premier eſt trop dur & trop caſſant, trop rébelle au ciſeau, à la lime & au marteau. En s’y prenant ainſi, il eſt poſſible de ramener l’acier à être ſimplement fer & à l’arrêter même à tel degré intermédiaire qu’on déſireroit. L’art de Réaumur, dit très-ingénieuſement Fontenelle, ſemble ſe jouer de ce métal. Quant à l’art d’adoucir le fer fondu, ou de faire des ouvrages de fer fondu, auſſi finis que ceux de fer forgé, on peut conſulter les articles Fer & Fonte.

Les principales propriétés de l’acier ſont d’avoir le grain beaucoup plus fin que celui du fer, & d’autant plus fin, que l’acier eſt de meilleure qualité ; d’être plus dur & plus denſe que le fer, auſſi s’uſe-t-il moins, auſſi eſt-il plus propre à percer & à ſéparer les matières les plus dures ; il eſt plus élaſtique que le fer, c’eſt-à-dire, qu’étant comprimé, fléchi, plié, il reprend mieux & plutôt, ſa première figure, dès que la compreſſion ceſſe ; tandis que le fer étant comparativement plus mol, ne reprend qu’imparfaitement