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ne ſe réuniſſent pas toujours lorſqu’elles ſont en contact, & que lorſqu’elles ſe réuniſſent en un ſeul globule, il faut qu’elles ſoient abſolument en contact. Mém. de l’Acad. des Sciences, année 1787, pag. 506.

L’acide vitriolique concentré, (acide ſulfurique concentré de la nouvelle nomenclature), donne une preuve manifeſte de l’attraction dans les petites diſtances, car il attire l’eau qui eſt répandue dans l’air avec beaucoup de force ; & ſi on expoſe à l’air libre cet acide dans un vaſe non bouché qui ait une certaine ouverture, il attirera une quantité d’eau de l’atmoſphère ſi conſidérable, que ſon poids en peu de jours en ſera ſenſiblement augmenté. Il en eſt de même de tous les acides minéraux, du ſel de tartre, du ſel marin, & de quelques autres ſels alkalis qui attirent puissamment l’humidité de l’air & augmentent beaucoup de poids. L’exemple de la chaux vive qu’on laiſſe éteindre à l’air en eſt encore une preuve.

L’eſprit de nitre fumant (acide nitrique fumant), attire les vapeurs qu’exhale l’eſprit de ſel ammoniac. Un grand nombre d’autres phénomènes de ce genre, qu’il ſeroit trop long de rapporter dans cet article, & dont les principaux ſe trouvent dans le cours de cet ouvrage, préſentent des ſignes d’attraction qu’on ne ſauroit révoquer en doute.

Trempez un morceau de bois de ſapin d’un pouce quarré dans l’eau, pour l’en imbiber ; mettez-le enſuite en équilibre à l’aide d’une petite balance, à un bras de laquelle vous le ſuſpendrez horiſontalement par un fil, en plaçant dans le baſſin oppoſé un contrepoids qui lui ſoit égal ; enſuite approchez un vaſe plein d’eau, ſous le morceau de ſapin, preſque juſqu’au point de contact ; auſſitôt vous verrez un effet de l’attraction réciproque de l’eau & du ſapin, l’eau attirée s’élèvera vers ce dernier, & ſon adhéſion ſera telle, que pour l’en ſéparer & rétablir l’équilibre, il faudra ajouter 50 grains dans le baſſin oppoſé de la balance. Cet effet vient uniquement de l’attraction de cohéſion, de celle qui s’exerce dans les petites diſtances ; car, 1o. il ne dépend pas de l’air, puiſque l’expérience réuſſit également dans le vuide ; 2o. s’il provenoit de la preſſion d’un fluide ſur l’eau & qui la portât vers le ſapin où il auroit une action moins libre, l’eau ne pourroit augmenter le poids du ſapin, mais elle dirninueroit plutôt ſa peſanteur, non-ſeulement par les règles de l’hydroſtatique qui exigent qu’un corps perde de ſon poids quand on le plonge dans un fluide, mais encore par cette force de fluide environnant qu’on ſuppoſe ſoulever l’eau, la pouſſer contre le ſapin & l’y ſoutenir. Si on élève le ſapin, l’eau s’élevera de même avec lui juſqu’à une hauteur aſſez conſidérable. Le premier qui a fait cette expérience eſt M. Taylor, & tout le monde l’a répétée depuis avec le même ſuccès.

Si l’on met en équilibre à une balance un morceau de glace de deux pouces & demi de diamètre ; en le ſuſpendant comme le morceau de ſapin par le moyen d’un fil attaché par en bas à un crochet maſtiqué ſur la ſurface ſupérieure de la plaque ronde, de verre ou glace bien polie ; & qu’enſuite on approche par deſſous un petit vaſe plein de mercure juſqu’au contact, il faudra 666 grains dans le baſſin oppoſé, pour détacher la glace du mercure, & vaincre l’adhéſion réciproque du mercure & du verre. L’expérience eſt abſolument la même dans le vuide ; conſéquemment cet effet ne vient point de la preſſion de l’atmoſphère.

Si on approche de ce petit quarré de glace un vaſe plein d’eau, à la place de celui de mercure, la force attractive eſt ſeulement de 258 grains.

En employant des plaques de différens métaux, d’un pouce de diamètre, on obſervera que les adhérences au mercure ſeront plus ou moins grandes, & que ces forces ſuivront l’ordre des affinités chimiques, ou de la plus ou moins grande diſſolubilité par le mercure ; affinités chimiques qui ſont produites par l’attraction, laquelle varie à cauſe de la figure des parties, qui rend plus ou moins grande la ſurface du contact ; élémens de chimie de l’Académie de Dijon. La table ſuivante indique l’ordre des affinités des différens métaux, & celui de leurs forces relatives.

L’or 
446 grains
L’argent 
429
L’étain 
418
Le plomb 
397
Le biſmuth 
372
Le zinc 
204
Le cuivre 
142
L’antimoine 
126
Le fer 
115
Le cobolt 
228

L’attraction dans les petites diſtances eſt encore prouvée par plusieurs phénomènes qu’on obſerve dans la lumière. Si, dans une chambre obſcure, on préſente un angle quelconque formé par les ſurfaces d’un corps, d’une lame d’acier, par exemple, d’une lame de verre, &c., à un rayon de lumière qui paſſe par le trou d’un volet, on verra une partie du rayon, celle qui eſt la plus proche du rayon ſe détourner de la ligne droite qu’elle ſuivoit avant l’approximation du tranchant ou angle du corps, s’en approcher en s’infléchiſſant vers le corps, en ſe brisant comme s’ils éprouvoient une réfraction ; mais comme la réfraction ſuppoſe un changement de milieu, & que dans l’expérience préſente, le rayon ſe meut toujours dans le même milieu, ce phénomène eſt déſigné par le nom D’Inflexion ou de Diffraction. Or, cette inflexion eſt un effet direct & immédiat de l’attraction du tranchant, par exemple, du tranchant d’un couteau qu’on préſente au rayon