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AUR

février 1771, il y a eu aurore boréale, & point de variation dans l’aiguille aimantée ; de même que le 13 mars, &c, &c.

Il faut cependant remarquer que durant l’apparition de la même aurore boréale, on n’appercevra point de variation magnétique dans un endroit, tandis qu’on l’obſervera dans un autre, tant les circonſtances locales peuvent avoir d’influence.

De la hauteur de l’aurore boréale. L’aurore boréale a toujours été regardée, par les phyſiciens, comme ayant ſon ſiège dans l’atmoſphère terreſtre ; parce que, ne ſuivant pas le mouvement général & apparent du ciel, d’orient en occident, mais ſuivant, au contraire, le mouvement diurne & réel de la terre d’occident en orient, & conſéquemment le mouvement diurne de l’atmoſphère, elle doit avoir ſon ſiège dans cette même atmoſphère. M. Maraldi fit cette remarque dès la première fois qu’il vit ce phénomène. (Mémoire de l’académie des ſc., 1716, pag. 96.) L’aurore boréale diffère en cela de la lumière zodiacale qui participe au mouvement du premier mobile & au mouvement propre du ſoleil. Cet habile aſtronome, en parlant de l’aurore boréale du 29 novembre 1721, aſſure, « qu’elle continua de paroître fort claire juſqu’à onze heures & demie du ſoir, toujours attachée aux mêmes parties de l’horiſon, pendant que les étoiles de la grande ourſe qui, du commencement, étoient vers le nord, & dans la partie inférieure de leurs cercles, au-deſſus de la lumière, avoient paſſé vers la partie orientale de l’horiſon ; ce qui prouve que la lumière ne participoit point du mouvement univerſel, & qu’elle étoit dans l’atmoſphère. M. de Mairan a dit également qu’on ne ſauroit douter que l’aurore boréale ne ſoit dans l’atmoſphère terreſtre, puiſqu’elle ſuit viſiblement ſon mouvement diurne, & que l’on n’apperçoit dans aucune de ſes parties, le mouvement extérieur du premier mobile où cette révolution apparente que les aſtres font régulièrement tous les jours autour de la terre, d’orient en occident. C’eſt à quoi j’ai été attentif dans le cours de pluſieurs de mes obſervations, dit ce ſavant, où j’ai trouvé que la maſſe totale du phénomène demeuroit immobile, ou affectoit, au contraire, de ſe porter d’occident en orient, en se rangeant plus exactement autour du pôle de la terre, après avoir commencé par décliner beaucoup vers l’occident.

Afin de pouvoir déterminer l’élévation ordinaire des aurores boréales, il eſt donc à propos de connoître la hauteur de l’atmoſphère : pour la connoître, on a employé communément deux moyens : le premier & le plus ancien eſt pris de la durée des crépuſcules, & fixe la hauteur de l’atmoſphère aux dernières couches d’air qui nous refléchiſſent les rayons du ſoleil, ſoit qu’on obſerve l’élévation apparente de ſes couches ſur l’horiſon en degrés & en minutes, pendant que le crépuſcule ſubſiste, ſoit qu’on la déduiſe de la fin du crépuſcule ou du commencement de l’aurore, lorſque le ſoleil eſt environ 18 degrés au-deſſous de l’horiſon. (Voyez un Mémoire de M. de la Hire, dans les actes de l’académie de ſciences, année 1713, page 54.) Le ſeeond moyen, qui eſt le plus moderne & le plus ſuivi, eſt fondé ſur les différentes hauteurs du mercure dans le baromètre, en tant qu’elles répondent à des hauteurs terreſtres acceſſibles & actuellement meſurées au-deſſus du niveau de la mer ou de la ſurface de la terre, d’où l’on déduit, par le calcul, & en conſéquence de quelques dilatations connues de l’air, la hauteur où l’air doit arriver pour n’avoir plus de denſité ſenſible & pour terminer ce qu’on appelle communément l’atmoſphère ; mais ces deux moyens ne peuvent ſervir à déterminer exactement l’atmoſphère, priſe non pour l’amas d’air groſſier qui eſt autour de la terre, mais pour le fluide quelconque qui enveloppe à une plus grande diſtance le globe de la terre & qui participe à ſes mouvemens. On peut conſulter, ſur ce ſujet le Traité de l’aurore boréale de M. de Mairan, ſection II, chapitre premier & ſecond.

Cet académicien oſa avancer, en 1726, à l’occaſion de l’aurore boréale du 19 octobre, qu’il falloit que la matière de ce phénomène eût été à plus de ſoixante-dix lieues au-deſſus de la ſurface de la terre ; & que s’il en jugeoit par quelques obſervations particulières, ſa hauteur ſeroit plus grande. Cette propoſition étonna alors, parce qu’on étoit alors dans le préjugé que l’atmoſphère avoit peu de hauteur.

Tout objet vu au-deſſus de la terre, qui a une parallaxe ſenſible, ou qui, étant apperçu de différens lieux, paroît être à différentes hauteurs, devient bientôt d’une élévation connue ; mais cette parallaxe ne peut réſulter que des obſervations correſpondantes qui ne peuvent la donner avec quelque juſteſſe, qu’autant qu’elles ſont faites en des lieux conſidérablement éloignés l’un de l’autre ; or, ces obſervations ont démontré que l’aurore boréale eſt dans une région de l’atmoſphère bien ſupérieure à celle des météores ordinaires, & à celle des derniers rayons du crépuſcule.

L’aurore boréale du 12 ſeptembre 1621, obſervée par Gaſſendi, à Peynier en Provence, entre Aix & Saint-Maximin, fut vue en même temps dans toute la France, en Syrie, à Alep, c’eſt-à-dire, à près de 700 lieues vers l’orient de la France, & à environ 12 degrés de plus vers le midi que Paris. L’aurore boréale du 17 mars 1716, obſervée dans la plupart des parties ſeptentrionales de l’Europe, le fut en même temps par des Anglais qui faiſoient route vers l’Amérique, & dont le vaiſſeau ſe trouvoit alors proche des côtes d’Eſpagne, à 46 degrés 36 minutes de hauteur. Quant à ce phénomène du 19