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étoit froid & fort, ſans être impétueux. Après le lever du ſoleil, il n’y avoit de nuages qu’autour de l’horiſon ; à neuf heures & demie, le baromètre étoit à 27 pouces 5  lignes  ; le thermomètre à 5 degrés au-deſſus de la glace ; à onze heures trois quarts, baromètre 27 pouces 5 lignes , thermomètre 6  ; à deux heures & à trois, baromètre de même ; thermomètre 6 ; vent plus fort ; il s’appaiſa aux approches de la nuit, & ce calme dura juſqu’au lendemain.

Le 6, des nuages parſemés, & le ſoleil ne brillant que par intervalles ; à neuf heures & demie, baromètre, 27 pouces 6 lignes  ; thermomètre, 6 lignes  ; à neuf heures, vent du nord-oueſt ; à dix heures, nord avec agitation ; à trois heures & demie, baromètre, 27 pouces 7 lignes  ; thermomètre, 3 degrés, vent du nord froid, ciel clair & ſans nuages, excepté autour de l’horiſon. Le 7, baromètre 27 pouces, 10 lignes ; thermomètre au-deſſus de 0, nord, temps clair ; ſoleil, à 8 heures du matin, &c.

J’avois obſervé pluſieurs aurores boréales reſplendiſſantes pendant les années précédentes, & je n’en ai vu aucune d’auſſi belle que celle dont je viens de donner la deſcription, en y comprenant même celle du 18 janvier 1770, dont l’illustre M. de Mairan, dans une lettre à M. Bouillet, ſecrétaire de l’académie de Béziers ; datée de Clichy, le 27 octobre de la même année, diſoit : l’aurore boréale obſervée par M. de Bertholon, de notre académie, eſt curieuſe & mérite d’être notée ſur mes regiſtres ; & ſur laquelle il me demanda enſuite des éclairciſſemens auxquels j’eus l’avantage de ſatisfaire : Ce ſont ces grandes aurores qui frappent tous les regards, & peuvent former des époques brillantes dans l’hiſtoire des ſciences.

La figure 138 repréſente, ainſi que nous l’avons dit, cette aurore boréale, du 3 décembre 1777, a, a, a, a, eſt le ſegment obſcur ; b, b, b, a, a, a, l’arc lumineux ; c, c, c, c, ſont des rayons de lumière ; d, d, d, d, des jets, des faiſceaux lumineux, des colonnes de lumière ; e, e, e, des crénaux ; f, f, f, f, des nuages noirs.

Cette deſcription étant aſſez détaillée, & d’ailleurs contenant les principaux phénomènes des aurores boréales, je me contenterai de rapporter ici une notice très-courte des principales aurores boréales que j’ai obſervées, ſoit avant, ſoit après l’époque de celle dont je viens de parler.

J’obſervai à Béziers, le 18 janvier 1770, à ſix heures du soir, environ, une belle aurore boréale. L’apparence qui me frappa davantage, fut celle d’une grande portion d’un anneau circulaire de lumière coupé par l’horiſon : la largeur de cette anneau étoit très-conſidérable. Cette aurore s’étendoit à-peu-près depuis le cheval pégaſe par caſſiopée, par l’étoile polaire, au-deſſous de la grande-ourſe & defcendoit vers l’orient. La couleur du fond étoit d’un beau rouge éclatant. On apperçut quelques bandes d’une lumière brillante & argentine qui tranchoient parfaitement ſur la couleur du fond. Du côté de l’oueſt, & principalement du côté de l’eſt, quelques-uns de ces jets de lumière parurent animés de mouvemens divers. Au-deſſus de l’arc ſupérieur, on remarqua des jets parſemés de diſtance à diſtance. Cette aurore ne fut que peu de temps dans tout ſon éclat ; car des nuages ſurvenus & diſpersés ſur ſa ſurface n’en laiſſèrent enſuite voir que quelques parties ; à dix heures elle étoit beaucoup diminuée ; on en vit encore quelques reſtes à minuit & demi ; on la vit plus belle ſur quelques-unes des montagnes du diocèe de Béziers, du côté de Ceilles, ainſi qu’on me l’aſſura enſuite.

Dans le mois d’octobre de l’année précédente, j’avois vu deux aurores boréales, une à cinq heures du matin, & l’autre le ſoir du même jour ; mais elles n’étoient pas auſſi brillantes que celle du 18 janvier 1770.

Le 31 août 1770, à trois heures & demi du matin, je vis une aurore boréale qui, ſans doute, avoit paru auparavant : j’apperçus diſtinctement ſept bandes de lumières aſſez larges, éloignées les unes des autres, & placées entre le nord & le nord-eſt. La première raſoit l’étoile E de la grande-ourſe, & tomboit perpendiculairement ; la dernière bande deſcendoit de caſſiopée perpendiculairement à l’horiſon. Ces bandes lumineuſes paroiſſoient être les portions de différens anneaux de cercles dont la convexité étoit peu ſenſible & dont les parties oppoſées n’étoient pas viſibles. Il y a tout lieu de croire que cette aurore tendait à ſa fin, puiſque ſa lumière s’affoiblit enſuite ſucceſſivement.

Le 17 mars 1778, à neuf heures & quart du ſoir, je vis à Béziers une aurore boréale bien marquée, qui parut du côté du nord-oueſt. Ses limites étoient renfermées dans l’eſpace compris entre les perpendiculaires tirées à l’horiſon, d’un côté par les pleïades, & de l’autre par la troiſième étoile de la queue de la petite-ourſe. Le point principal, celui où les apparitions furent les plus fréquentes, & où les couleurs étoient les plus vives paroiſſoit au-deſſous de caſſiopée. On voyoit des bandes blanches & lumineuſes, des rayons & des jets brillans ſur des taches d’un rouge pâle ; les unes & les autres étoient perpendiculaires, à l’horiſon. Les plus élevées étoient au-deſſous de la brillante de perſée & au-deſſous de la queue de la petite-ourſe, celles qui occupoient l’eſpace intermédiaire étoient plus baſſes. La plus grande hauteur des premières bandes étoit plus de la moitié, & moins des deux tiers de la hauteur du pôle, entre 21 degrés & 28 degrés environ. Il y a apparence que cette aurore boréale avoit commencé de paroître depuis quelque temps,