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BAL

Pour faire les expériences hydroſtatiques, il n’eſt pas néceſſaire d’avoir des balances dans le genre de celles qu’en vient de repréſenter ; il ſuffit d’avoir un fléau de balance exact, ſupporté par un pied ordinaire, avec deux baſſins propres à recevoir des petits poids pour rappeler l’équilibre ; deux ſimples gobelets qu’on remplira ſucceſſivement de différentes liqueurs ſuffiront. Une balance ſimple, mais exact, eſt le ſeul appareil néceſſaire.

L’appareil repréſenté dans la figure 168 eſt de ce genre, & n’a pas beſoin d’une deſcription fort ample. [On peſe d’abord dans l’air le poids E qui n’eſt autre choſe qu’un plateau garni ou couvert de différens poids, & le poids qu’on veut meſurer, lequel eſt ſuſpendu à l’extrémité du bras F ; enſuite on met ce dernier poids dans un fluide, & on voit par la quantité de poids qu’il faut ôter de deſſus le plateau E, combien le poids dont il s’agit a perdu, & par conſéquent combien pèſe un volume de fluide égale à celui du corps.

Pour peſer un corps dans l’eau, on le met quelquefois dans le petit ſeau de verre I K, & alors on ne doit pas oublier de couler le plateau R ſur le petit plateau quarré H, afin que le poids de ce plateau, qui eſt égal à celui du volume d’eau, dont le ſeau occupe la place, puiſſe rétablir l’équilibre.

À l’égard des gravités ſpécifiques des fluides, on ſe ſert pour cela d’une petite boule de verre G, de la manière ſuivante.

Pour trouver la peſanteur ſpécifique d’un fluide, ſuſpendez à l’extrémité d’un des bras F un petit baſſin, & mettez dedans la boule G ; rempliſſez enſuite les deux tiers d’un vaiſſeau cylindrique O P, avec de l’eau commune ; lorſque vous aurez mis la boule dedans, il faudra mettre ſur le plateau E de petits poids, juſqu’à ce que les bras E F demeurent dans une poſition horiſontale.

Ainſi l’excès du poids de la boule ſur celui d’un égal volume, ſe trouvera contrebalancé par les poids ajoutés au plateau E, ce qui la fera demeurer en équilibre au milieu de l’eau. Or concevons à préſent cette boule ainſi en équilibre, comme ſi elle étoit réellement une quantité d’eau congelée dans la même forme : ſi à la place de l’eau qui environne cette partie congelée, nous ſubſtituons quelque autre liqueur de différente peſanteur, l’équilibre ne doit plus ſubſister, il faudra donc, pour le rétablir, mettre des poids ſur celui des plateaux B F de la balance qui ſera le plus foible.

Ces poids, qu’il aura fallu ajouter dans la balance, ſeront la différence en gravité de deux quantités, l’une d’eau, l’autre de la liqueur qu’on a voulu examiner, & dont le volume eſt égal à celui de la boule de verre. Suppoſons donc que le poids du volume d’eau, dont la boule occupe la place, ſoit de 803 grains ; ſi nous ajoutons à ce nombre celui des grains qu’il aura fallu ajouter sor le plateau auquel la boule eſt attachée, ou ſi nous ôtons de 803 grains le nombre de ceux qu’il auroit fallu mettre ſur le plateau oppoſé, le reſte ſera le poids du volume du fluide égal à celui de la boule, & la gravité ſpécifique de l’eau ſera à celle de ce fluide comme 803 eſt à ce reſte ; enfin ſi on diviſe ce même reſte par 803, le quotient exprimera la gravité ſpécifique du fluide, l’unité exprimant celle de l’eau.

Pour rendre ceci plus ſenſible par un exemple, ſuppoſons qu’on veuille ſavoir la gravité du lait : plongeant dans cette liqueur la boule telle qu’elle eſt attachée à la balance, on trouve qu’il faut mettre 28 grains ſur le plateau auquel elle eſt ſuſpendue, pour rétablir l’équilibre : ajoutant donc 28 grains à 803, la ſomme ſera 831 ; & ainſi la gravité ſpécifique du lait ſera à celle de l’eau, comme 803 à 831. On peut donc, par le moyen de la balance hydroſtatique, 1o. connoître la peſanteur ſpécifique d’une liqueur : 2o. comparer les peſanteurs ſpécifiques de deux liqueurs : 3o. comparer les gravités ſpécifiques de deux corps solides ; car ſi deux corps ſolides pèſent autant l’un que l’autre dans l’air, celui qui a le plus de peſanteur ſpécifique peſera davantage dans l’eau : 4o. comparer la gravité ſpécifique d’un corps ſolide avec celle d’une liqueur ; car la gravité ſpécifique du corps eſt à celle de la liqueur comme le poids du corps dans l’air eſt à ce qu’il perd de ſon poids dans la liqueur. Voyez auſſi Aréomètre.

Le docteur Hook a imaginé une balance hydroſtatique qui peut être d’une grande utilité pour examiner la pureté de l’eau, &c. Elle conſiſte en un ballon de verre d’environ trois pouces de diamètre, lequel a un col étroit d’une demi-ligne de diamètre : on charge ce ballon de minium, afin de le rendre tant ſoit peu plus peſant qu’un pareil volume d’eau ; on le trempe enſuite dans l’eau après l’avoir attaché au bras d’une exacte balance, qui a un contrepoids à l’autre bras. Cela fait, on ne ſauroit ajouter à l’eau la plus petite quantité de ſel, que le col du ballon ne s’élève au-deſſus de l’eau d’un demi pouce plus qu’il n’étoit d’abord. En effet l’eau devenant plus peſante par l’addition du ſel, le ballon qui y étoit auparavant en équilibre, doit s’élever. Tranſact. philoſ, n°. 197.

Pluſieurs ſavans ſe ſont donné la peine de rédiger en table les peſanteurs d’un grand nombre de matières tant ſolides que fluides ; on doit aſſu-