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ou y avoir poſé un petit robinet qu’on laiſſera ouvert pour en laiſſer échapper l’air, on lie fortement les deux ballons au robinet, par lequel on introduira le gaz dans le ballon intérieur & flexible ; de cette manière, le gaz, en rempliſſant & en gonflant ce ſecond ballon, obligera tout l’air contenu dans l’autre à s’échapper par l’ouverture qu’on y aura faite à ce deſſein ; le ballon intérieur étant d’un volume égal à celui du premier ballon, celui-ci ſe trouvera entièrement rempli de gaz, & tout à fait privé d’air atmoſphérique ; & bouchant enſuite le petit trou, ou fermant le petit robinet, on aura un ballon ſolide, exactement rempli de gaz, & privé de l’air commun qu’il contenoit.

Un autre moyen de remplir de gaz inflammable un globe inflexible, dont il ne ſeroit pas poſſible d’exprimer l’air commun par les procédés ordinaires, conſiſte à revêtir le globe d’une charpente ſolide, de le remplir d’eau par une ouverture pratiquée à la partie ſupérieure, que l’on fermeroit enſuite, & d’introduire les ſyphons par une ouverture inférieure plongée dans une grande cuve. Mais on doit obſerver qu’il faudroit une très-grande force de charpente néceſſaire pour rendre un globe pareil capable de porter 4 480 000 pieds d’eau, qu’il contiendroit à 40 pieds de diamètre : ce qui en rendroit l’exécution auſſi difficile que diſpendieuſe.

On pourroit encore prolonger juſqu’au ſommet de l’aéroſtat, le tube qui conduit le gaz inflammable dans la capacité du globe aéroſtatique ; alors le gaz inflammable, qui eſt plus léger, monteroit au haut de ce globe, à meſure que l’efferveſcence le dégageroit ; ils s’y maintiendroit conſtamment, & refouleroit en bas proportionnellement l’air ordinaire contenu dans le globe ; & cet air ordinaire ſortiroit conſéquemment par une ouverture pratiquée à la partie inférieure de l’aéroſtat, & d’un égal diamètre que celui du tube ; en préſentant à l’ouverture inférieure une bougie allumée, on ſaiſiroit l’inſtant où il commenceroit à ſortir du gaz inflammable, afin de boucher à temps ; mais il faudroit prendre garde que par quelque défaut de manipulation, l’air atmoſphérique ne rentrât pas : car le mélange prendroit feu à la bougie, & les vaiſſeaux ſeroient briſés avec exploſion, ce qui arriva une fois, dans une expérience en petit, à M. de Morveau, l’air atmoſphérique étant rentré dans un globe de verre. En ſuivant cette méthode, on a éprouvé que le gaz inflammable eſt environ ſix fois plus léger que l’air commun : on ſuppoſe ce gaz retiré du zinc.

Mais la première méthode de dom Gauthey eſt bien préférable à la ſeconde, & peut-être à la troiſième, à cauſe des dangers qui, dans cette dernière, peuvent quelquefois arriver accidentellement, & à cauſe du peu de préciſion dans l’eſtimation de la peſanteur ſpécifique du gaz contenu dans l’aéroſtat, préciſion qu’il peut être néceſſaire de connoître dans pluſieurs occaſions.

M. Meunier a propoſé un moyen ſimple pour ſe ſoutenir à telle hauteur qu’on déſirera, en comprimant plus ou moins le gaz renfermé dans l’aéroſtat. Pour cet effet, il forme l’aéroſtat d’une double enveloppe ; le gaz inflammable remplit l’enveloppe intérieure ; lorſqu’on veut comprimer cette maſſe de gaz, on fait paſſer, par le moyen d’un ſoufflet à ſoupape, de l’air atmoſphérique entre les deux enveloppes, ce qui rend la machine plus peſante, & la force à deſcendre dans une couche inférieure de l’atmoſphère. Si on ſe propose de remonter, on laiſſe ſortir cet air atmoſphérique ; le gaz inflammable reprend alors ſon premier volume, & perd l’excés de denſité qu’on lui avoit fait acquérir par la compreſſion.

Cette matière étant très-intéreſſante, entrons dans quelque détail. Cet académicien lut à l’académie des Sciences, le 3 décembre 1783, un mémoire ſur l’équilibre des machines aéroſtatiques, ſur les différens moyens de les faire monter & deſcendre, & ſpécialement ſur celui d’exécuter ces manœuvres, ſans jeter de leſt & ſans perdre de gaz inflammable, en ménageant dans le ballon une capacité particulière, deſtinée à renfermer de l’air atmoſphérique. Dans ce mémoire, cet habile phyſicien expoſe les principes ſur leſquels eſt établi l’équilibre des aéroſtats à gaz inflammable dans l’atmoſphère, & fait voir que les moyens employés juſqu’alors pour les faire monter & deſcendre, ne peuvent leur procurer la faculté de reſter d’une manière fixe dans les couches de l’atmoſphère, où on ſe propoſeroit de les faire demeurer ; il expoſe enſuite d’autres moyens, que nous allons indiquer, par le secours deſquels, après avoir une fois déterminé la plus grande hauteur où l’on veut s’élever, on peut reſter exactement dans telle couche qu’on voudra, deſcendre dans une autre, &, ſi l’on veut, y reſter de même, remonter encore, &c.

Le moyen principal qu’on peut employer pour cet effet, & varier de différentes manières, conſiſte à comprimer dans le ballon de l’air atmoſphérique ; ſon poids augmentera alors ſans que ſon volume change, & il ſera par conſéquent déterminé à deſcendre. En chaſſant cet air atmoſphérique de la capacité du ballon, l’effet contraire aura lieu, & le ballon remontera. Dans ces cas la machine ne manœuvrera pas aux dépens de ſa propre ſubſtance, & le milieu qui l’environne ſera la cauſe unique de tous ſes mouvemens, comme il étoit celle de ſon équilibre. Mais afin que cet air atmoſphérique introduit dans l’aéroſtat, en reſſorte ſans avoir contracté aucun mélange avec le gaz inflammable, il doit être contenu par cette raiſon dans une capacité particulière. Ce moyen eſt donc