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de décrire, la poſition de la machine, dans le ſens vertical, ne pouvoit manquer d’être au choix de ceux qui la gouvernoient.

Ce ballon fut élevé à Saint-Cloud, mais n’eut pas le ſuccès qu’on s’en promettoit à cauſe de quelques accidens étrangers à ſa conſtruction. Les aéronautes qui le mouvoient ſe virent contraint, après être parvenu dans la region des nuages, de faire une large déchirure à l’enveloppe de cette machine, pour redeſcendre auſſi-tôt ſur la terre.

Pour faire des ballons en baudruche, on prend des bandes de cette peau qu’on nomme baudruche, qu’on coupera en loſanges ou mieux en fuſeau ; on en trouve de 30 pouces de long ſur dix de large dans le milieu ; on les colle enſuite par leurs bords avec de la colle de poiſſon. Pour réuſſir plus facilement dans cette opération, on commence d’abord à aſſujettir avec de la colle le centre & les extrémités de deux fuſeaux ou loſanges, & on colle après les intervalles ; lorſqu’on les a collés ainſi de deux en deux & laiſſé ſécher, on les réunit ſucceſſivement ; on a ſoin de réſerver à un des pôles de ce globe, une ouverture de quelques lignes de diamètre, en y adaptant une eſpèce de tuyau de baudruche de quelques pouces de long, pour aider à y introduire le gaz inflammable. (Voyez Baudruche).

Cela fait, il eſt à propos de le remplir d’abord d’air atmoſphérique avec un ſoufflet pour éprouver s’il ne perd pas ; s’il y a une déperdition, on y remédie par le moyen de la colle ; s’il n’y en a pas, on le remplit de gaz inflammable, qu’on fait paſſer par l’eau, afin qu’il ſoit plus pur.

Il eſt néceſſaire de ne le pas trop remplir ; car la dilatation que le gaz inflammable pourroit enſuite éprouver, feroit immanquablement déchirer la baudruche.

Sur la fin de l’année 1785 & en 1786, M. Enſten, mécanicien de Straſbourg, fit, avec le plus grand ſuccès, l’eſſai de figures aéroſtatiques d’une conſtruction particulière. Il lança du faubourg Montmartre à Paris, une eſpèce de mannequin de femme, ou figure de nymphe de huit pieds & du poids de dix onces : elle étoit coëffée d’un ballon, & portoit une robe tranſparente couleur de feu. Il fit encore élever une figure de Pégaſe, monté par un Bellerophon, c’eſt-à-dire, un cheval aîlé, monté par un guerrier richement armé. Ces figures étoient deſſinées avec une perfection étonnante, les formes les plus agréables & les mieux prononcées, produiſoient une illuſion complette. Je n’ai rien vu de plus beau en ce genre : auſſi paſſerai-je ici ſous ſilence d’autres petites inventions de cette eſpèce.

Pour remplir les petits ballons en peau de baudruche, s’ils n’ont que dix à douze pouces de diamètre, il faut avoir du gaz inflammable nouveau dans des veſſies de cochon, garnies de leurs robinets ; un petit tube cylindrique de cuivre viſſé ſur le robinet, donne la plus grande facilité de remplir ces veſſies ; on les vide d’air atmoſphérique en les preſſant ; on ferme le robinet, & l’on enfonce l’allonge dans un bouchon de liège, qui bouche un des goulots de la bouteille ; l’on jette de la limaille & de l’acide dans la bouteille ; on la bouche après avoir ouvert le robinet, & le gaz inflammable remplit auſſi-tôt la veſſie ; avec deux de ces veſſies l’on a la proviſion de gaz néceſſaire pour faire enlever un ballon d’un pied de diamètre.

Si on n’a pas à ſa diſpoſition des veſſies à robinet, on peut y ſuppléer de la manière ſuivante moins parfaite que la précédente. Ayez un petit tube de verre de quatre lignes de diamètre environ, ſur trois pieds de longueur ; ajuſtez à une des extrémités un bouchon de liége percé, dans lequel le tube entrera juſqu’au bord, où il ſera ſcellé avec du mastic ou de la cire ; ce bouchon, armé du tube, doit s’adapter dans l’ouverture d’une bouteille noire ordinaire, ou plus grande encore ſi la capacité du ballon l’exige ; un ſecond petit bouchon percé ſervira à fermer l’autre extrémité du tube ; & c’eſt ſur ce bouchon qu’on fera entrer le bout de plume adhérent au ballon en peau de baudruche.

Après on jettera deux ou trois onces de limaille de fer dans la bouteille ; on y verſera de l’acide vitriolique affoibli par quatre parties d’eau ; on bouchera avec le bouchon qui tient au tube, en plaçant le bout de plume adhérent au ballon, dans le petit trou du bouchon ſupérieur, & le gaz inflammable qui ſe dégagera de la bouteille, remplira très-promptement le ballon ; on liera avec un peu de ſoie le ballon au-deſſus de la plume, ou même on laiſſera la plume dont on bouchera l’ouverture avec un très-petit bouchon qu’on aura préparé, & le petit aéroſtat partira dès qu’il ſera abandonné à lui-même.

Si le ballon a 20 à 25 pouces de diamètre, au lieu de bouteille on ſe ſervira d’une petite barrique de bois, dont le diſque ſupérieur ſeroit percé de deux ouvertures, l’une pour recevoir le bouchon & le tube qui auroit un plus grand diamètre, & l’autre pour recevoir la limaille & l’acide.

Pour empêcher que les aéroſtats quelconques à gaz inflammable n’éprouvent des ruptures, lorſqu’ils ſont à une certaine hauteur, on doit avoir ſoin de ne pas les remplir entièrement, ainſi qu’on l’a dit. Mais ſi on vouloit au contraire les remplir exactement, il faudroit dans ce cas y ajuſter une ſoupape à reſſort, par laquelle s’échapperoit néceſſairement le gaz qu’ils renfermeroient, quand il viendroit à ſe dilater au point de vaincre la résistance du reſ-