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repos, malgré le mouvement rapide des aîles autour de leur axe, les impulſions égales & oppoſées des aîles ſe détruiſant.

Le retournement des aîles ayant donc lieu, la machine doit tourner autour du pivot en décrivant une circonférence proportionnelle au rayon, & avec une vîteſſe accélérée : on la voit d’abord s’ébranler, tourner lentement enſuite de plus en plus vite, juſqu’à ce qu’elle ait acquis ſon maximum.

Si les aîles d’en bas ſont de champ, comme dans la figure 245, l’aéroſtat tournera conſtamment à droite ; par exemple, ſi les aîles inférieures ſont diſpoſées comme dans la figure 247, la machine tournera à gauche, de manière qu’on est maître de donner au ballon aéroſtatique la direction qu’on voudra, à droite ou à gauche, puiſqu’il ſuffit pour cela de diſpoſer les aîles comme dans la figure 245 ou 247. Ma machine eſt tellement conſtruite, que, ſans rien démonter, & même tandis qu’elle eſt en mouvement, on peut changer la direction du plan des aîles. Si, lorſque l’aéroſtat circuloit à droite, par exemple, on a ainſi retourné les aîles, il circule enſuite à gauche.

Je ne répéterai point ce que j’ai dit, il n’y a qu’un inſtant, que l’aéroſtat demeure ſtationnaire, quoique les aîles tournent autour de leur axe, ſi on les a diſpoſés comme dans la figure 248, effet qu’on rend plus ſaillant, lorſqu’on le préſente, tandis que la machine eſt en mouvement.

On ne ſauroit, ſelon moi, révoquer en doute, que cette machine eſt propre à la direction des aéroſtats, puiſque, par la conſtruction, cet aéroſtat n’ayant que deux mouvemens poſſibles, celui qui a une direction à droite, & celui qui en a une à la gauche, on eſt maître de le faire mouvoir à volonté d’un côté ou d’un autre, ſelon qu’on diſpoſe les aîles, figure 245 ou 247.

Cet aéroſtat eſt ainſi dirigé dans un temps calme ; il peut l’être auſſi, dans un temps où règne un vent inférieur à la force motrice ou reſſort renfermé dans le barillet de la machine. Pour prouver cette vérité, lorſque l’aéroſtat eſt en mouvement, j’excite un petit vent avec un ſoufflet contre ſa partie antérieure, ou je lui donne un petit choc avec un corps quelconque, alors la machine continue à ſe mouvoir, mais avec une moindre vîteſſe qu’auparavant : ce qui montre que, par le moyen mis en œuvre, on réuſſit à diriger l’aéroſtat, ſoit dans un temps de calme, ſoit contre un vent foible, ce qui eſt certainement avoir donné une ſolution du problême ; car on ne peut raiſonnablement demander qu’on le dirige contre un vent violent & impétueux ; ce ſeroit certainement trop exiger d’une navigation qui ne fait que de naître, tandis qu’on eſt bien éloigner de le demander de la navigation ordinaire plus ancienne d’une longue ſuite de ſiècles. Si le vent qu’on excite avec le ſoufflet, eſt très-fort, on voit auſſi-tôt l’aéroſtat rétrograder avec la différence des forces : ainſi ou le vent qui ſouffle contre notre aéroſtat, eſt plus foible que la force motrice de la machine, ou il lui eſt égal, ou bien il lui eſt ſupérieur. Si le vent eſt plus foible, l’aéroſtat continue à ſe mouvoir dans la direction que la machine lui imprime, mais avec la différence des forces. S’il eſt égal, l’aéroſtat reſte ſtationnaire ; s’il eſt ſupérieur à la force motrice du reſſort, le ballon rétrograde, mais avec la différence des deux forces. Ces trois cas ſont repréſentés par notre machine, car tandis qu’elle ſe meut dans la direction qu’on lui a d’abord donnée, ſi on lui fait éprouver en ſens contraire un choc ſupérieur à l’impreſſion qui la détermine, on la voit auſſi-tôt prendre une direction rétrograde & entièrement oppoſée à la première. Cette impulſion du choc s’affoibliſſant enſuite par degrés, l’aéroſtat ſe meut de plus en plus lentement dans le même ſens rétrograde, juſqu’à ce qu’enfin cette même impulſion devenant égale à celle de la force motrice, l’aéroſtat reſte ſtationnaire pendant quelque temps. Mais enſuite la première force reprenant le deſſus la machine qui avoit rétrogradé, ſuit la première direction qu’on lui avoit primitivement donnée. La machine rétrogradant dénote la circonſtance d’un vent impétueux ; lorſqu’elle eſt ſtationnaire, elle déſigne celle d’un vent égal à la force du reſſort ; & quand elle a repris ſa direction première, elle indique la marche d’un aéroſtat qui lutte contre un vent qui devient de plus en plus foible. L’impulſion du choc étant enſuite entièrement éteinte, c’eſt le cas d’un aéroſtat qui navigue en plein calme. On obſervera que ces diverſes expériences ont lieu avec la machine une fois montée, ſans qu’on y touche en aucune manière, excepté pour lui imprimer le choc dont j’ai parlé.

On a propoſé un grand nombre de projets de direction, l’examen qu’on a fait de pluſieurs a montré que ce n’étoient que de vaines ſpéculations démenties par la pratique. Mais, ici, l’expérience parle hautement en faveur de cette nouvelle machine, puiſqu’elle exécute réellement ce qu’on a promis. Qu’on ne diſe pas ce que pluſieurs répètent quelquefois pour des machines d’un autre genre, que ce qui réuſſit en petit n’a pas toujours du ſuccès en grand ; car, 1o. ſi un modèle quelconque produit ſon effet, la machine en grand produira également le ſien, pourvu qu’on obſerve bien les proportions, & qu’on ait égard aux frottemens qui réſultent des ſurfaces & des preſſions, &c. ; 2o. il s’agit ici d’équilibre. Or, dans ce cas, ce qui réuſſit en petit, a également du ſuccès en grand. Si une livre dans un baſſin de balance, eſt en équilibre avec une livre dans l’autre baſſin, un petit poids mis d’un côté fera trébucher la balance & mouvoir le contrepoids ; il en ſera de même s’il