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dans le retournement, & on plonge enſuite cette extrémité inférieure du tube dans le mercure contenu dans la cuvette, & alors on retire le ruban.

10o. On a ſoin, après avoir retourné le tube, & l’avoir plongé dans le mercure de la cuvette, de le placer perpendiculairement, & de verſer dans la cuvette autant de mercure qu’il en faut, pour que le mercure ſtagnant s’élève juſte à la ligne de niveau qu’on a marquée ſur la planche où doit être fixé cet appareil. Il faut que cette ligne coïncide avec la ſuperficie du mercure. S’il y en a trop ou trop peu, on en ôte avec un petit chalumeau aſpiratoire, ou on en met ſucceſſivement avec un petit entonnoir.

11o. C’eſt de la ligne de niveau dont on vient de parler qu’on doit commencer la graduation qu’on meſure avec un pied de roi. Le zéro ſe marque ou se compte depuis la ligne de niveau, mais ordinairement on ſe contente de marquer depuis le vingt-ſixième pouce juſqu’au vingt neuvième les lignes, en diſtinguant alors les pouces, les demi-pouces & les quarts de pouces par des lignes plus ou moins longues, pour compter plus facilement ; & cette eſpèce d’échelle ſe place des deux côtés, de la partie ſupérieure de la planchette ou boîte ſur laquelle on fixe le baromètre. Le ſapin eſt très-propre aux montures des baromètres, parce que étant compoſé comme le fil de pite, de fibres ligneuſes fort droites, la chaleur ni l’humidité ne l’affectent point ſenſiblement dans le ſens de ſa longueur.

12o. On aura attention de choiſir une cuvette dont le plus grand diamètre ſoit au moins d’un pouce & demi, ou plus généralement, ſoit d’une telle capacité, que lorſque la colonne de mercure s’élevera ou s’abaiſſera par un effet de la plus ou moins grande preſſion de l’atmoſphère, le niveau de la ſurface du mercure, coïncide toujours avec la ligne de niveau tirée ſur la planchette qui porte le baromètre ; car le niveau du mercure doit être invariablement le même dans tous les cas ; il ne doit point s’élever quand la colonne de mercure deſcend, ni baiſſer quand elle devient plus haute. Or, pour cet effet, il faut que la ſurface du mercure de la cuvette ſoit très-grande relativement à celle du tube : alors une petite quantité de mercure ajoutée ou ſouſtraite, comme celle qui forme les variations du baromètre, ne change pas ſenſiblement le niveau.

13o. On couvre enſuite d’une peau l’ouverture de la cuvette, afin que la pouſſière n’y tombe pas ; on fixe même cette peau en l’attachant avec un fil ſoit contre le tube, ſoit contre le haut de la cuvette.

Nous placerons ici quelques remarques plus détaillées ſur pluſieurs des conditions précédentes.

Il arrive que l’on redreſſe le baromètre lentement & ſans ſecouſſes, le mercure (qui a bouilli) ſe tient totalement ſuſpendu, & ne deſcend à ſon niveau relatif au poids de l’atmoſphère qu’en ſecouant le baromètre. Il arrive auſſi, quand l’air n’eſt pas également chaſſé de toute la partie ſupérieure du tube, qu’il ſe fait une ſéparation dans la colonne du mercure ; de manière qu’il en reſte pluſieurs pouces ſuſpendus au ſommet du tube, & que le vide ſe fait au-deſſous. Dans ce dernier cas il faut faire bouillir de nouveau le mercure, & dans le premier, il ſuffit de ſecouer le tube.

On a dit ci-deſſus (ſeconde condition) qu’il ne falloit pas laver les tubes de baromètre, parce que le mercure s’y tient plus bas que dans un autre tube non lavé. MM. Homberg & Maraldi, chargés autrefois par l’Académie de vérifier & d’expliquer ce fait, celui des baromètres lavés avec de l’eſprit-de-vin qui ſe tenoit environ dix-huit lignes plus bas, penſèrent que cet effet dépendoit de la vaporiſation d’une petite portion de l’eſprit-de-vin qui avoit reſté dans le tube, malgré les précautions qu’on avoit prises pour l’eſſuyer, & qui, enſuite par ſon expanſion, s’oppoſoit à l’aſcenſion du mercure. Or, il eſt maintenant prouvé qu’en ſupprimant la preſſion de l’atmoſphère l’eſprit-de-vin ſe vaporiſe, ſe change en gaz qui remplit le haut du tube, & preſſe de haut en bas la colonne de mercure que la peſanteur de l’air comprime de bas en haut. Ce qui prouve la vérité de ce ſentiment, c’eſt que l’eſprit-de-vin fait plus baiſſer le mercure que toute autre liqueur moins ſpiritueuſe & moins volatile, & que l’éther le fait plus deſcendre que l’eſprit-de-vin, parce qu’il eſt plus prompt à ſe vaporiſer.

Cette explication eſt bien plus probable & bien plus conforme aux vrais principes de la Phyſique que celle de M. Amontons, qui s’imagina que l’eſprit-de-vin, en nettoyant le verre, enlevoit pluſieurs petits corpuſcules étrangers qui fermoient auparavant le paſſage à l’air extérieur ; qu’un air très-ſubtil s’inſinuoit dans un tube lavé avec de l’eſprit-de-vin, & par ſa compreſſion de haut en bas faiſoit deſcendre le mercure plus bas qu’il ne devoit être. L’eau-de-vie & l’eau, ſelon cet académicien, ayant moins d’activité, ouvroient moins l’accès à cet air ſubtil. Cette manière d’expliquer le phénomène en queſtion eſt très-précaire ; elle eſt fondée ſur une foule d’hypothèſe que l’expérience ne confirme point. Comment concevoir que, même dans un tube neuf aſſez épais, l’eſprit-de-vin puiſſe ouvrir de part en part un accès à l’air ſubtil qu’on suppoſe gratuitement traverſer le verre ? que l’eau puiſſe produire cet effet en partie ? car ſi l’eau nettoye les corpuſcules étrangers au verre du côté de la