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fermées dans le mercure, & qui s’élevant dans la partie ſupérieure du tuyau, force le mercure à deſcendre, les colonnes en étant raccourcies par la ſortie de ces particules, & par leur poſition dans la partie ſupérieure du tuyau : c’eſt pourquoi, ajoute-t-il, le mercure s’élève dans le temps très-froid à la même hauteur que dans le temps très-chaud, entre les deux tropiques, parce qu’il eſt dans ſon état naturel ; & il baiſſe dans les degrés intermédiaires de chaud & de froid, parce qu’il eſt reſſerré, & que ſes parties ſont comme refoulées & comprimées enſemble. Mais ce ſentiment ne rend pas de raiſon fort vraiſemblable des phénomènes.

6o. Les variations de l’atmoſphère doivent être regardées comme la cauſe de celles du baromètre : mais il n’eſt pas aiſé de déterminer d’où viennent ces variations dans l’atmoſphère, puiſqu’il eſt difficile de trouver un seul principe dans la nature auquel on puiſſe rapporter des variations ſi grandes & ſi irrégulières. Il eſt probable que les vents qui ſoufflent de tel ou tel endroit les occaſionnent, de même que les vapeurs & les exhalaiſons de la terre : les changemens d’air dans les régions voiſines, & même le flux & reflux que la lune occſsionne dans l’air, peuvent y contribuer également.

7o. Cette dernière cauſe doit certainement entrer parmi celles qui produiſent les variations du baromètre : mais ſon effet ne doit pas être fort conſidérable à cet égard, quoique l’action de la lune élève à une hauteur très-grande les eaux de l’Océan. Voici la raiſon de cette différence : ſuppoſons que l’eau s’élève en pleine mer à la hauteur de 60 pieds par l’action de la lune : qu’on mette à la place de l’Océan l’atmoſphère ou tel autre fluide qu’on voudra, il eſt certain qu’il devra s’élever à-peu-près à la même hauteur ; car l’atmoſphère ayant moins de parties que l’Océan, il y aura, à la vérité, une moindre maſſe à mouvoir, mais auſſi la force qui agite cette maſſe, en attirant chacune de ces parties, ſera auſſi plus petite en même raiſon. L’air s’élévera donc à la hauteur de 60 pieds en montant, & deſcendra au-deſſous de ſa hauteur naturelle de l’espace de 60 pieds, c’eſt à-dire, qu’il variera en hauteur de 120 pieds en tout. Or, le mercure étant 11 000 fois plus peſant que l’air, une variation de 120 pieds dans une colonne d’air, ne doit faire varier le mercure que d’environ deux lignes. C’eſt à-peu-près la quantité dont on trouve qu’il doit hauſſer ſous l’équateur, dans la ſuppoſition que le vent d’eſt y faſſe 8 pieds par ſeconde. Or comme il y a une infinité d’autres cauſes qui font varier le baromètre, il n’eſt pas ſurprenant que l’on n’ait pas diſtingué la petite variation que l’action du soleil & de la lune y peuvent produire en élevant ou en abaiſſant les colonnes de l’atmoſphère. Cependant il ſeroit à ſouhaiter que les obſervateurs s’y rendiſſent attentifs dans la ſuite. Rech. ſur les vents. Paris, 1746.

8o. Le ſavant Halley croit que les vents & les exhalaiſons ſuffiſent pour produire les variations du baromètre ; & d’après cette opinion, il en a donné une explication probable : nous allons donner la ſubſtance de ſon diſcours ſur ce ſujet. 1o. Ce ſont, dit-il, les vents qui altérent le poids de l’air dans un pays particulier, & cela, ſoit en apportant enſemble & en accumulant une grande quantité d’air, & en chargeant ainſi l’atmoſphère dans un endroit plus que dans l’autre, ce qui arrive lorſque deux vents ſoufflent en même-temps de deux points oppoſés ; ſoit en enlevant une partie de l’air, & en déchargeant par-là l’atmoſphère d’une partie de ſon poids, & lui donnant le moyen de s’étendre davantage ; ſoit enfin en diminuant & ſoutenant, pour ainsi dire, une partie de la preſſion perpendiculaire de l’atmoſphère, ce qui arrive toutes les fois qu’un ſeul vent ſouffle avec violence vers un seul côté, puiſqu’on a expérimenté qu’un ſouffle de vent violent, même artificiel, rend l’atmoſphère plus légère, & conſéquemment fait baiſſer le mercure dans le tube qui ſe trouve proche de l’endroit où ſe fait ce ſouffle, & même dans un tube qui en eſt à une certaine diſtance. Voyez transacſions philoſophiques, n°. 292.

2o. Les parties nitreuſes & froides, & même l’air condenſé dans les pays du nord, & chaſſé dans un autre endroit, chargent l’atmoſphère & augmentent ſa preſſion.

3o. Les exhalaiſons ſèches & peſantes de la terre augmentent le poids de l’atmoſphère & ſa force élaſtique, de même que nous voyons la peſanteur ſpécifique des menſtrues être augmentée par la diſſolution des ſels & des métaux.

4o. L’air étant rendu plus peſant & plus fort par les cauſes que nous venons de rapporter, devient plus capable de ſupporter des vapeurs, qui étant mêlées intimement avec lui & y ſurnageant, rendent le temps beau & ſerein ; au contraire l’air étant rendu plus léger par les cauſes oppoſées à celles que nous venons de dire, devient hors d’état de ſoutenir les vapeurs dont il eſt chargé, leſquelles venant à ſe précipiter en bas, ſe ramaſſent en nuages, qui par la ſuite ſe réuniſſent en gouttes de pluie. Cela étant ainſi, il paroît aſſez évident que les mêmes cauſes qui augmentent le poids de l’air, & le rendent plus propre à ſoutenir le mercure dans le baromètre, occaſionnent pareillement le beau temps & le chaud ; & que la même choſe qui rend l’air plus léger & moins capable de ſoutenir le mercure, produit les nuages & la pluie : ainſi, 1o. quand l’air eſt très-léger & que le mercure du baromètre eſt le plus bas, les nuées ſont baſſes & vont fort vîte ; & quand après la pluie