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que la matière dont elle eſt formée ; par exemple, 100 livres de plomb donnent 110 livres de chaux. Si on revivifie cette chaux, l’augmentation de poids diſparoît. Voyez Calcination. Peu de temps après il remporta le prix de l’académie de Bordeaux ſur cet objet, & ce premier triomphe fut le prélude de pluſieurs autres. Deux ans après, il obtint une nouvelle couronne dans le même licée : il s’agiſſoit d’une queſtion neuve ; ſavoir, s’il y avoit quelque rapport entre le magnétiſme & l’électricité. Le père Beraud fut pour l’affirmative, & aſſigna une même matière pour cauſe de l’un & de l’autre. Selon lui, il n’exiſte aucun corps perméable à la matière magnétique, qui n’offre auſſi un libre paſſage aux émanations électriques ; cette matière qui les pénètre doit exiſter par-tout, être infiniment ſubtile & douée d’une élaſticité parfaite ; c’eſt en un mot l’éther. La matière éthérée, plus raréfiée dans un corps que dans l’air ambiant, produit les effets du magnétiſme ; plus condenſée dans ce même corps que dans le fluide qui l’environne, elle opère les effets de l’électricité, C’eſt peut-être tout ce qu’on pouvoit dire de mieux, avant les découvertes des modernes. En 1760, il remporta un troiſième prix à Bordeaux, par une diſſertation ſur les influences de la lune ; en 1750, l’électricité lui fournit encore matière à de nouveaux lauriers. L’académie d’Angers propoſa de donner la raiſon pour laquelle les corps électriques par eux-mêmes, ne reçoivent pas l’électricité par communication ; le mémoire du père Beraud fut couronné. Une diſſertation latine ſur la théorie de l’électricité qu’il envoya à l’académie de Peterſbourg arriva trop tard pour le prix, mais on en fit des éditions en Ruſſie & en Italie. D’autres mémoires de ce ſavant ſont imprimés dans les mémoires des ſavans étrangers.

On trouve encore dans la collection des mémoires de l’académie de Lyon, des diſſertations ſur la végétation, ſur l’évaporation des liquides, & l’aſcension des vapeurs, des recherches ſavantes ſur la lumière, une théorie phyſique de la rotation de la terre & de l’inclinaiſon de ſon axe, des expériences nouvelles & utiles.

Nous ne parlerons point ici de ſes travaux comme antiquaire, ni de ce qui opéra la deſtruction de l’ordre des jéſuites, ce qui le força de quitter Lyon où il ne revint que quelques années après ; mais toujours les ſciences furent pour lui une occupation habituelle. Il mourut le 26 juin 1777, univerſellement regretté, principalement de ceux qui, ayant été ſes élèves, avoient eu plus d’occaſion de le connoître. On compte parmi les diſciples de cet excellent maître, des ſavans célèbres, M. de la Lande, M. l’abbé Boſſut, M. de Montucla, M. de Fleurieu, &c., &c. : cette notice eſt extraite d’un éloge, lu à l’académie de Lyon, par le père Lefevre de l’oratoire.

BÉRÉNICE (chevelure de) ; c’eſt une conſtellation de l’hémiſphère ſeptentrional (Voyez Chevelure de Bérénice).

BERGMAN, profeſſeur de chymie à Upſal, & membre des plus célèbres académies, naquit à Neufmar, en 1735, à Catharineberg en Weſtrogothie. Son père, receveur des finances du domaine, le deſtinoit à remplir ſa place, néanmoins la nature l’avoit deſtiné aux ſciences. Pendant ſon enfance, il étoit d’une vivacité extraordinaire, mais les précepteurs domeſtiques & les régens du Gymnaſe de Skara parvinrent à le modérer. Âgé de 17 ans, il ſe rendit à l’univerſité, où il ſuivit principalement ſon inclination pour l’étude des mathématiques, de la phyſique & de la philoſophie. Une application outrée l’obligea de ſe retirer à la campagne, où il fit un ſéjour de quinze mois, & étudia les ouvrages de Linné. Quoique Bergman ſoit plus connu comme chymiſte que comme phyſicien, une notice de ce ſavant ne ſera pas déplacée dans un ouvrage conſacré à la phyſique, puiſqu’il y ſera ſouvent queſtion des gaz, partie intéreſſante de cette ſcience, dans laquelle Bergman a fait des découvertes précieuſes.

Lorſque Bergman retourna à Upſal, Linnée rempliſſoit alors cette capitale de ſa renommée. Enflammée par ſon exemple, toute la jeuneſſe ſe preſſoit ſur ſes pas ; des colonies ſavantes, ſorties de ſon école, portoient au-delà des mers ſon nom & ſa méthode, & toute la terre étoit peuplée de ſes diſciples. M. Bergman fut vivement flatté par l’éclat de toute cette gloire, il la joignit au cortége du grand homme qui réuniſſoit tous les hommages, & par lequel il fut bientôt remarqué.

Il s’occupa d’abord à étudier les inſectes ſur leſquels il fit des recherches curieuſes, entr’autres ſur les mouches à ſcie, ſi ſouvent & ſi cruellement dévorées par les larves des ichneumons qui ſe nourriſſent de leurs entrailles, & ſe ſervent de leur enveloppe pour ſe couvrir. C’eſt M. Bergman qui a découvert que les ſang-ſues ſont ovipares, & que le cocus aquaticus eſt un œuf de cette eſpèce de ver d’où ſortent dix à douze pieds ; il étoit encore très-jeune lorſqu’il eſſaya de claſſer les inſectes d’après les chryſalides. Sa diſſertation pour la diſpute de maître-ès-arts roula fur les interpolations aſtronomiques, & celle pour obtenir le privilège de faire des cours de phyſique particuliers ſur la force attractive générale. Depuis 1754 il eut la facilité d’exercer à l’obſervatoire d’Upſal ſes talens pour l’aſtronomie, & il obſerva en 1761 le paſſage de Vénus ſur le diſque du Soleil. Ses travaux électriques ſur le crystal d’Iſlande, les cordons de ſoie de diverſes couleurs, des glaces frottées l’une contre l’autre ſont connus, ainsi que ſon diſcours, publié en 1764, ſur les moyens de détourner les effets des orages : ces objets annoncent qu’il cultiva avec ſuccès la phyſique.