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élévations dont le noyau ſera hériſſé ; ces premiers oſſemens du globe acquerrons de la conſiſtance, les ſubſtances ſalines & métalliques diſſoutes, s’inſinueront dans les fentes que le deſſéchement y aura produites ; les crystalliſations se formeront, ſe dépoſeront ſuivant les rapports des affinités & des peſanteurs ; les eaux condenſées vers les pôles se changeront en des maſſes ſolides, qui s’accroîtront chaque jour ; diminuées en volume, elles couleront dans les intervalles des montagnes ; ſorties de leur ſein, & circonſcrites dans de vaſtes contours, elles répondront par leurs balancemens à la force de la gravitation univerſelle ; les corps les plus mobiles ſurnageront alors, en même temps que les plus lourds ſeront précipités, des courans électriques circuleront, tantôt en silence, tantôt avec fracas ; à la ſurface de la terre se dégageront diverſes atmoſphères, brilleront des feux, naîtront des météores, & l’on verra tous ces mouvemens animés par les ſeules lois que la Phyſique a reconnues dans l’univers. Conſidéré comme un traité de Coſmographie, ce beau travail contient un enchaînement ingénieux de connoiſſances de tous les genres, & a été traduit dans toutes les langues de l’Europe, excepté dans la nôtre.

M. Bergman fut recteur de l’univerſité d’Upsal, académie célèbre, fondée par la même main qui ſecoua le joug du Danemarck, & dont une des plus belles prérogatives eſt d’avoir toujours pour chancelier l’héritier préſomptif de la couronne.

La continuité des travaux de M. Bergman avoit altéré ſa santé ; on lui conſeilla de les ſuſpendre s’il vouloit prolonger ſa vie ; mais il ne voyoit de bonheur que dans l’étude, & il ne voulut pas perdre des titres de gloire pour quelques années de plus, perdues dans l’inaction & l’ennui. Ses forces s’épuiſoient, & il mourut au mois de juillet 1786 aux eaux de Medwige. L’univerſité d’Upſal a rendu à ſa mémoire les honneurs les plus diſtingués, & l’académie de Stockholm lui a conſacré une médaille qui perpétuera les regrets partagés par les ſavans de toute l’Europe.

On ajoutera en finissant que, lors du couronnement du roi, en 1772, il fut un des vingt-huit chevaliers de l’ordre de Vaſa, créés par ſa majeſté. On voulut l’appeler à Berlin en 1776 ; mais le roi de Suède, pour le conſerver, améliora ſa ſituation, & l’académie lui fit une penſion annuelle de 150 écus d’empire, pour le dédommager des frais qu’exigeoient les expériences dont elle déſiroit qu’il lui rendît compte. Cette notice eſt tirée de l’éloge de M. Bergman, prononcé à l’académie des Sciences de Stockholm, par M. Hielm, & de celui qu’en a fait M. Vicq-d’Azir.

BERNOULLI (Daniel). Ce célèbre géomètre naquit à Groningue le 9 février 1700. Son père fut le fameux Jean Bernoulli, frère de Jacques Bernoulli, que la voix de leurs contemporains avoit placés à côté de Newton & de Léibnitz. On deſtina d’abord le jeune Daniel Bernoulli au commerce ; mais ſes yeux étoient accoutumés dès l’enfance à l’éclat de la gloire, dit M. de Condorcet, & on ne put le réſoudre à les abaiſſer ſur ceux de la fortune.

Après quelques voyages en Italie, & un ſéjour de quelques années en Ruſſie, où la cour chercha à le fixer dans l’académie, il revint occuper dans l’univerſité de ſa patrie une chaire de Médecine, & enſuite une Chaire de Phyſique.

Le nombre de ſes mémoires de Mathématiques, imprimé dans les recueils des académies dont il étoit membre, est très-considérable. M. Bernoulli donna un mémoire ſur les principes fondamentaux de la Mécanique ; on y trouve une démonſtration ſimple & ingénieuſe de la fameuſe loi du parallélogramme des forces, démonſtration qui conſiſte principalement à prouver l’abſurdité de toute autre ſuppoſition. On retrouve la même élégance dans un autre mémoire ſur la relation des centres de gravité, d’oſcillation & du centre des forces. Il rechercha enſuite quel devoit être le mouvement oſcillatoire de deux corps attachés à un fil flexible, & faiſant des oſcillations autour d’un point fixe, &c, &c.

M. Daniel Bernoulli n’a publié ſéparément qu’un ſeul grand ouvrage, son célèbre traité d’Hydrodinamique. L’analyſe des probabilités eſt une des parties des Mathématiques vers leſquelles M. Bernoulli ſe ſentit entraîné avec un attrait plus vif. En 1760 il appliqua le calcul des probabilités à l’inoculation : il vit cette queſtion en homme public. Dix fois il a remporté ou partagé dans l’académie des ſciences des prix diſputés par ce que l’Europe a de plus illustres géomètres. L’un étoit ſur la conſtruction d’un clepſidre qui pût meſurer le temps à la mer avec exactitude ; un autre ſur la cauſe phyſique de l’inclinaiſon plus ou moins grande des orbites des planètes ſur l’équateur ſolaire ; un troisième ſur le flux & le reflux de la mer ; un quatrième ſur les bouſſoles d’inclinaiſon ; un cinquième ſur la manière de connoître l’heure à la mer, lorſqu’on n’apperçoit pas l’horiſon ; un ſixième ſur les courans ; c’eſt dans cet ouvrage qu’on trouve la première obſervation de la propriété qu’ont les fluides de ſe vaporiser dans le vuide, pendant que ces mêmes fluides (tant qu’ils ſont contenus par le poids de l’atmoſphère) reſtent fixés à un égal degré de chaleur. En 1753 il remporta le prix ſur la manière de ſuppléer à l’action du vent dans les grands vaiſſeaux. Un autre prix fut ſur les moyens de diminuer les roulis & le tangage des vaiſſeaux ſans nuire à leurs autres qualités. L’hiſtoire de ſa vie n’a guère été que celle de ſes travaux ; ſa vie