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le nom de bocal électrique ; c’eſt alors une véritable bouteille de Leyde (Voyez Bouteille de Leyde). Pluſieurs de ces vaiſſeaux réunis forment une batterie électrique. (Voyez Batterie.) Plus la ſurface d’un bocal étamée eſt grande, plus le coup foudroyant eſt conſidérable ; il eſt terrible lorſque pluſieurs bocaux réunis ſont chargés & déchargés enſemble. Les bocaux électriques ne diffèrent des jarres électriques que par la grandeur ; les jarres ayant une ſurface étamée beaucoup plus conſidérables. La figure 169 préſente un bocal électrique, la tige A B, terminé en B par une boule, ſert à tranſmettre le fluide électrique dans l’intérieur du bocal, lorſqu’on approche la boule B du conducteur de la machine électrique. Ce bocal n’eſt pas couvert d’un grand bouchon, mais la tige A B eſt fixée dans une rondelle de liége ou de bois, ou à un cercle de cuivre placé au fond du bocal. Aux deux tiers du bocal eſt une ceinture métallique, portant en D un crochet auquel on met une chaîne de métal. On décharge un bocal chargé de fluide électrique en employant l’excitateur. (Voyez Excitateur.)

Dans les expériences des gaz, on ſe ſert encore de bocaux à peu près ſemblables à celui de la figure 169, & plus ou moins grands : ils ne ſont point étamés. Étant remplis, par exemple, de gaz fixe, on y met un oiſeau, une ſouris, ou tout autre animal, une plante même, &c., qu’on veut éprouver. Les formes de ces bocaux ont pluſieurs diverſités accidentelles ; on en parlera à l’article Gaz.

On donne encore le nom de bocal à une ſphère de verre blanc creuſe & remplie d’eau que les bijoutiers, les graveurs, & autres ouvriers mettent devant la lumière d’un flambeau, afin d’éclairer fortement leur ouvrage. Ce bocal ſphérique d’un verre mince eſt sur un pied, & ſa partie ſupérieure porte un petit goulot, par lequel on verſe de l’eau dans laquelle on a mêlé un peu d’acide nitreux pour empêcher qu’en hiver l’eau ne ſe gèle, & que le bocal ne ſe briſe.

La forme ſphérique de ce bocal le rend propre à raſſembler en un foyer les rayons de lumière qui le pénètrent, & qui en ſortent aprés avoir éprouvé des réfractions convenables, ainſi qu’on le verra aux articles Dioptrique, Loupe. Voyez ces mots. Or la lumière étant plus vive à ce foyer, permet aux ouvriers qui ſe ſervent de ces bocaux, de voir diſtinctement les plus petites parties des objets.

BOCCA D’INFERNO. C’eſt une eſpèce de météore plus connu ſous le nom de feux follets (Voyez Météores ignés, Feux follets) ; il y en a de céleſtes & de terreſtres, c’eſt-à-dire, qui brillent dans l’atmoſphère ou ſur la terre. Ces derniers paroiſſent en divers endroits : on en voit ſur-tout à Bologne en Italie, & c’est là qu’on leur a donné le nom de bocca d’inferno, parce que ces feux, chaſſés devant les voyageurs qui marchent par le mouvement qu’ils font, & les éblouiſſant par leur vive lumière au ſein des ténèbres, contribuent aſſez ſouvent à égarer les voyageurs, & à les faire tomber dans les précipices.

Depuis les découvertes des modernes, & en particulier depuis celles de M. Volta, on a penſé à expliquer ce phénomène, & ceux du même genre qu’on connoît ſous le nom de feux follets par le gaz inflammable qui ſe dégage des terreins marécageux, & qui peut être allumé par diverſes cauſes, par différens météores ignées, qui ſont des effets du feu électrique de l’atmoſphère ; par le gaz phoſphorique qui s’allume par le contact de l’air atmoſphérique, & même par le ſecours des aigrettes électriques qui peuvent s’échapper de la terre, quelquefois ſurabondamment électrisée, ainſi que je l’ai prouvé dans mon électricité des météores, Tome II.

BOE

BOERHAAVE. C’eſt un de ces ſavans que pluſieurs ſciences revendiquent avec raiſon. Quoique Boerhaave ait été grand médecin & habile chymiſte, il excelloit auſſi en phyſique : c’étoit ſa ſcience favorite, car, en liſant ſes ouvrages, on s’aperçoit bientôt qu’il y ramène tout, autant que cela étoit poſſible.

Il naquit en 1668, à Voorhout, près de Leyde : son père, paſteur de cette ville, fut ſon premier maître. À l’age de onze ans, il ſavoit de la géométrie, étoit inſtruit en littérature, & avoit une connoiſſance du latin & du grec ; à 14 ans, il parut avec éclat dans les écoles publique de Leyde. Deſtiné au miniſtère, il fit les études relatives à cet objet, ſans cependant négliger celle de la médecine. Il fut enſuite docteur & profeſſeur dans l’univerſité, & enſeigna la médecine, la chymie & la botanique. Les étrangers venoient en foule prendre ſes leçons, toute l’Europe lui envoya des diſciples ; les académies des ſciences de Paris & de Londres ſe l’aſſocièrent. Dans tous ſes ouvrages, & ſur-tout dans ſes aphoriſmes, il réunit la théorie à la pratique ; il a réduit cette ſcience à des principes clairs & lumineux. Sa mort arriva en 1738 ; il laiſſa 4 millions, lui qui avoit été long-temps obligé de donner des leçons de mathématiques pour ſubſiſter.

Ses élémens de chymie, donnés en latin, en 1732, eurent une grande réputation ; ils contiennent une analyſe du règne végétal, & des traités ſavans ſur l’air, l’eau, la terre & le feu. Ce dernier traité eſt un chef-d’œuvre étonnant, ſelon Macquer, bon juge en cette matière. Il fit pluſieurs expériences