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ci-deſſus en préſentant la pointe de l’ajutage à une lumière, & en preſſant ſucceſſivement la veſſie. (Voyez Chandelle philosophique).

Lorſqu’on veut remplir une veſſie de gaz inflammable, il faut l’adapter à un récipient tubûlé portant un robinet avec une vis, à laquelle s’adapte le robinet de la veſſie, ainſi qu’on l’expliquera à l’article Gaz.

On obſervera que les veſſies ſont très-ſujettes à recevoir & à transmettre inſenſiblement les fluides aériformes par leurs pores, principalement le gaz inflammable ; de ſorte qu’il pourroit y avoir du danger ſi on tardoit à exprimer une veſſie ainſi chargée ; ce danger ſeroit celui de la détonnation à cauſe du mélange de l’air atmoſphérique avec le gaz inflammable ; ſi on tarde encore davantage, tout le gaz inflammable ſe ſeroit diſſipé, & il n’y auroit aucune inflammation, à moins qu’on ne mouillât les veſſies avec l’eau, ou qu’on ne les couvrît d’une couche d’huile ou d’un vernis convenable.

Bougies phosphoriques. On donne ce nom à de petites bougies de cire, garnies à une de leurs extrémités de phoſphore, & renfermées enſuite dans un petit tube de verre qu’on ferme hermétiquement par les deux bouts. Lorſqu’on briſe ce tube par une de ſes extrémités, & qu’on en retire la bougie, elle s’allume d’elle-même, ce qui eſt très-utile pour le beſoin.

M. Louis Peyla, de Turin, prétend qu’en 1779 il trouva cette application du phoſphore, ainſi qu’il le dit dans un mémoire imprimé vers le mois d’octobre 1781. On prend des tubes de verre de cinq pouces de longueur environ, de deux lignes de largeur & d’un quart de ligne d’épaiſſeur. On en ſcelle une extrémité avec un chalumeau ou à la lampe de l’émailleur ; l’on aura de petites bougies de cire pure, & un peu plus longues que les tuyaux de verre dont on voudra ſe ſervir. Leur groſſeur ſera proportionnée à la longueur du tube, qu’on puiſſe les introduire & les y faire tourner aiſément. Elles ſeront faites avec trois fils doubles de coton-filé un peu finement. Le bout de la mèche ſera d’un demi-pouce de longueur, & ne doit point être recouvert de cire.

On mettra dans une ſoucoupe, qu’on remplira d’eau, une lame de plomb ſur laquelle on coupera, avec un couteau bien affilé, le phoſphore qu’on réduira en petits morceaux, de la groſſeur d’un grain de millet. Chaque grain de phoſphore ſera pris avec des pincettes, & mis ſur du papier brouillard plié en quatre, avec lequel on l’eſſuiera bien. Après avoir eſſuyé les pincettes on prendra, ſans perdre de temps, le phoſphore, & on l’introduira dans le tube de verre, & ſi par haſard il reſtoit attaché au milieu, on le fera aller au fond avec un fil d’archal ; enſuite on mettra environ la quatorzième partie d’un grain de ſoufre bien ſec & bien pulvériſé, c’eſt-à-dire, la moitié du pois du grain de phoſphore. Une très-petite quantité ſuffit ; s’il y en avoit un peu trop, il ne ſe mêleroit pas entièrement avec le phoſphore, & feroit un mauvais effet. Il eſt très-néceſſaire, car il lui donne de la promptitude à s’allumer, & étant en auſſi petite quantité, il ne fait point ſentir de mauvaiſe odeur.

On prendra une bougie, & on trempera l’extrémité de la mèche dans de l’huile de cire bien claire & parfaite, laquelle, par ſa grande fluidité, montera dans un inſtant ſur toute la longueur de la mèche (qui n’eſt point recouverte de cire) ; celle-ci en abſorbera plus de ce qu’il en faudra ; mais on l’eſſuiera un peu avec un linge fin, car s’il y en avoit trop, elle noyeroit le feu du phoſphore. Après cette opération on introduira la mèche dans le tube, en tournant la bougie toujours entre les doigts, afin qu’elle puiſſe arriver plus aiſément au fond.

Il faut enſuite avoir dans une taſſe de l’eau preſque bouillante, dans laquelle on fera entrer le fond du tube, ayant attention qu’il y plonge à la profondeur de trois lignes ſeulement, pendant trois ou quatre ſecondes. Cette chaleur ſervira pour faire liquefier le phoſphore & le ſoufre. Il ne faut pas l’y laiſſer davantage, parce que trois ſecondes de plus ſuffisent pour faire preſque calciner le phoſphore, & lui ôter par conſéquent beaucoup de ſa propriété à s’enflammer à l’air libre.

La bougie étant au fond du tube, on la tournera & retournera en tout ſens, afin que la mêche puiſſe bien s’imbiber du phoſphore & du ſoufre ; on la retirera enſuite à la hauteur d’un pouce ; on la coupera avec des ciſeaux, & on la repouſſera au fond avec un fil d’archal.

On préparera de cette façon une douzaine de ces tubes, & on les ſcellera enſuite hermétiquement avec le chalumeau, les uns après les autres, de la même manière que l’on ſcelle les thermomètres. Si on préparoit à la fois plus d’une douzaine de ces tubes, le phoſphore communiquant trop long-temps, avec l’air atmoſphérique, perdroit beaucoup de ſa propriété de s’enflammer promptement, lorſqu’on tireroit la bougie du tube. Les tuyaux ayant été ſcellés hermétiquement, on les limera légèrement & circulairement au milieu avec une pierre à fuſil ou mieux encore avec une petite lime ronde bien dure.