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miſe en jeu, & on a ſoin de faire communiquer ſa ſurface extérieure avec le réservoir commun, c’eſt-à-dire, avec la terre. (On peut encore la charger d’une manière inverſe.) On la décharge en touchant par une boule de l’excitateur la ſurface extérieure, tandis qu’on amène l’autre près du crochet ou de la boule B, figure 169.

Les bocaux électriques & les jarres électriques ne diffèrent des bouteilles de Leyde que par la grandeur des ſurfaces. On les arme, on les charge & décharge de la même manière. On pourroit faire une batterie de bouteilles de Leyde, mais la petiteſſe du volume des bouteilles rendroit moins efficace la commotion. Car pluſieurs petits vaiſſeaux, toutes choſes égales, ne produiſent point, il s’en-faut de beaucoup, le même effet qu’un grand vaſe d’une ſurface égale. Voyez les articles Bocal, Batterie, Jarre, Électricité, Carreau électrique, Tableau magique, Commotion électrique.

BOUVIER ou Bootes. C’eſt le nom d’une des conſtellations de l’hémiſphère ſeptentrional, dont les étoiles ſont au nombre de 22 dans le catalogue de Ptolomée, & de 55 ſuivant Flamſteed. Le Bouvier vient après la grande Ourſe, nommée par le peuple le grand Charriot, on le repréſente tenant un fouet à la main. Cette conſtellation eſt remarquable par une étoile de la première grandeur, appelée Arcturus, qui eſt dans la robe du Bouvier, preſque entre ſes deux genoux.

BOUZIN. C’eſt le nom que les gens de rivière donnent à des maſſes de glace ſpongieuſe, contenant plus ou moins des fragmens de feuilles & de racines, de terre, de ſable, de petits graviers, & d’autres ſaletés. Lorſqu’une rivière eſt priſe par la gelée, ſi l’on en coupe un glaçon à quelque diſtance du bord, & qu’on l’enlève, on voit, un inſtant après paroître à l’embouchure de ce trou une maſſe de Bouzin. Cette glace imparfaite & ſpongieuſe, remplie de corps étrangers, vient-elle du fond, ainſi qu’il le paroît ?

M. Hales eſt le premier phyſicien qui ait parlé des glaçons que les rivières charrient & des circonſtances de leur formation. Il cite d’abord M. Plot, qui dans ſon Hiſtoire de la province d’Oxford remarque, d’après le rapport des bateliers, que les rivières de cette province commençoient à geler par le fond. M. Hales joint à ce témoignage celui des bateliers de la Tamiſe, qui aſſuroient avoir retiré pluſieurs fois du fond de cette rivière de gros glaçons à l’aide de leurs pics. Mais ces aſſertions ayant paru trop vagues à ce phyſicien, il a cru devoir y ajouter ſes propres aſſertions ; il faut cependant convenir qu’elles ne ſont pas concluantes au point qu’il le penſoit. Auſſi M. l’abbé Nollet trouva-t-il tant de confuſion dans les détails de ces obſervations, & ſi peu de préciſion dans leurs réſultats, qu’il crut devoir entreprendre en 1743 une ſuite d’expériences & de recherches dans la vue de confirmer le fait avancé par M. Hales ou de le détruire, ou enfin d’éclaircir ce qu’il y avoit d’équivoque. Ce phyſicien, en rendant compte de ſon travail, combat victorieuſement la théorie de M. Hales ; & au défaut d’obſervations bien propres à décider la queſtion, il fait valoir avec beaucoup d’art des préſomptions très-fortes. M. de Mairan, en adoptant les raiſonnemens de M. l’abbé Nollet, ſoit dans l’Hiſtoire de l’Académie, ſoit dans ſon traité de la glace, ne le fait cependant pas ſans quelque réſerve. Il avoue que le fait avancé par M. Hales termineroit toute diſcuſſion, s’il étoit bien conſtaté & bien vu, ce qui doit faire ſoupçonner que M. de Mairan n’enviſageoit pas la formation de la glace ſur le fond des rivières, comme abſolument contraire à la théorie.

M. Deſmareſt ayant ſuivi de nouveau cette queſtion, s’eſt d’abord convaincu, à meſure qu’il eut recueilli des faits, que la formation des glaçons ne pouvoit avoir lieu que dans des circonſtances totalement différentes de celles qu’avoit annoncées M. Hales. On peut voir les deux mémoires qu’il a donnés à l’Académie des Sciences ſur cet objet. Des faits qu’il a eu occaſion d’obſerver principalement dans la petite rivière de Deome, ſur laquelle eſt bâtie la papeterie d’Annonay de MM. Montgolfier. Il détacha avec un pic, du fond de la rivière, des glaçons d’une ſtructure ſingulière ; des maſſes de bouzin dans leſquels les ſables étoient réunis par des cloiſons de glace qui formoient autant de cellules qu’il y avoit de grains de ſable ; ils étoient à-peu-près ſemblables à ceux qu’on voit ſortir de l’eau, & flotter à la ſuperficie de l’eau des rivières de la Marne, de la Seine, &c. Quelques-uns de ces glaçons de bouzin, où les ſables ſe trouvent en moindre quantité, vus à travers deux pieds d’eau, reſſembloient aſſez à des éponges. Ces glaçons lui parurent augmenter avec le froid au fond de l’eau, diminuer lorſque la température de l’air s’adoucit, ſe traîne enſuite pendant quelque temps ſur le fond de la rivière, & une partie, après avoir perdu beaucoup de ſables & de vaſe, remonter, & venir flotter à la ſurface du courant.

M. l’abbé Nollet penſe bien différemment, ainſi que nous l’avons déjà dit. Selon lui le bouzin ne peut s’elever du fond, parce que le froid qui fait glacer vient de l’atmoſphère, & que cette cauſe ne peut avoir ſon effet au fond de l’eau, ſans avoir fait geler auparavant toute celle qui eſt au-deſſus. Il aſſure qu’en ſondant le fond, on ne trouve jamais de glace, & que la terre y eſt le plus ſou-