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AIM

de la méridienne). Ainſi le voyageur ſera ſûr, que tant qu’il marchera ſur une ligne diſtante de 54 degrés de la méridienne, il ne s’écartera point du tout de ſon chemin ; 5o. s’il y a dans le cours de la route pluſieurs chemins, avec la bouſſole il verra celui qui répond le mieux à la ligne de route ; 6o. s’il rencontre dans ſon chemin, des montagnes, des précipices, des lacs, des rivières, des forêts qui le tirent hors de ſa ligne de route, il faut qu’il obſerve avec ſa bouſſole de combien de degrés il ſe détourne, afin d’y retourner lorſqu’il en aura la faculté l’obſervation qu’on pourra faire de certains points fixes, tels que grands arbres, châteaux, rochers, &c., ſervira beaucoup à cela.

Cette manière de voyager par terre, en employant le ſecours de l’aiguille aimantée, eſt la même que celle que ſuivent les pilotes ſur mer. Le P. Schott, célèbre phyſicien, s’en eſt ſervi dans un grand voyage, ſans jamais prendre de guide ni s’égarer.

Avant la découverte précieuſe de la direction de l’aimant, la navigation lente & timide étoit circonſcrite dans des limites fort étroites ; on n’oſoit pas perdre de vue les côtes. Mais depuis que ce phénomène a été connu, on a entrepris les voyages de long cours, on a découvert l’Amérique, on a fait le tour du monde ; & la géographie, le commerce, l’hiſtoire naturelle, les ſciences & les arts en ont retiré des avantages inappréciables. Voyez Direction de l’aimant & Aiguille de direction.

Il y en a qui ont prétendu que l’inégalité de force dans les deux pôles de l’aiguille, (dont le pôle boréal étoit ſuppoſé attirer plus fort le fer que le pôle ſud) ; que cette inégalité dans les courans qui ſortoient des deux pôles magnétiques de la terre, influoient ſur la force directrice. Mais les faits ont démenti bien clairement ces inégalités prétendues dans les forces de la direction de l’aiguille, quelles que fuſſent celles des forces communiquées à chaque moitié par le pôle boréal & par le pôle auſtral de l’aimant. M. Œpinus, en particulier, a prouvé par raiſonnemens fondés ſur diverſes expériences déciſives, que quelle que pût être l’inégalité dans la force & dans les émanations des fluides magnétiques qui partent de chaque pôle, la force directrice n’en pouvoit ſouffrir d’altération bien ſenſible ; & qu’en un mot, l’aiguille avoit dans tous les cas, un effort égal pour ſe diriger tant vers le pôle auſtral, que vers le pôle boréal magnétique.

« À Quito au Pérou, M. Bouguer n’étoit pas, à la vérité, ſitué à diſtance égale des deux pôles magnétiques de la terre, lorſqu’il cherchoit à s’aſſurer de l’égalité de ſes forces, avec ſon aiguille aimantée placée ſur un pivot, à l’extrémité d’une autre aiguille de cuivre plus grande, librement ſuſpendue ſur ſon pivot à la manière ordinaire ; mais ce que lui & tant d’autres avoient tenté en ce genre, vers 1730, comme on le peut voir dans les mémoires de l’académie des ſciences de cette année là, ſuffiſoit à ce qu’il me ſemble, pour ne pas confondre les forces attractives avec les forces directrices de l’aimant. D’ailleurs les fils à plomb indiquent aſſez que la force attractive ne peut agir ſur l’aiguille ſuſpendue, d’une manière qui ſoit avérée ; & en dernier lieu à Pétersbourg, il a été prouvé par les faits, que deux différens aimans peuvent avoir une même force directrice, pourvu qu’on ait égard à la relation des diſtances, un des aimans étant très-foible, & l’autre très-vigoureux ; en un mot, la force attractive de l’un étant incomparablement plus foible que la force attractive de l’autre, cela s’étend, même ayant toujours égard aux diſtances, juſqu’aux effets de la communication.

L’opinion des diſciples de Deſcartes, ſur la prétendue force, en Europe, du pôle boréal ſur nos aiguilles ordinaires de bouſſole, laquelle force on prétendoit devoir l’emporter ſur celle du pôle auſtral, ſe trouve donc par-là preſque anéantie : elle n’a eu de vogue que parce que la queſtion étoit d’abord mal entendue, car il eſt certain que cette opinion n’a eu lieu, & ne ſe trouve confirmée pleinement que par les aiguilles d’inclinaiſons ; mais dans la décompoſition des forces, lorſqu’il s’agit de l’aiguille horizontale, c’eſt-à-dire de nos bouſſoles ordinaires, il n’eſt pas prouvé qu’un pôle agiſſe tout autrement que l’autre ſur ces dernières, ni qu’il y ait plus d’une cauſe prépondérante qui trouble en cela leur vraie direction. » Lois du magnétiſme.

Quatrième propriété. Déclinaiſon. Si l’aiguille aimantée ſe dirigeoit toujours du nord au ſud, elle auroit une direction conſtante ſans déclinaiſon ; mais elle s’écarte tantôt plus, tantôt moins, ſoit vers l’orient, ſoit vers l’occident, du vrai point du nord, & cette déviation ou écart eſt la déclinaiſon de l’aimant. Un phyſicien doit donc d’abord conſtater cette déclinaiſon dans les lieux & dans les temps où il ſe trouve, & enſuite en évaluer la quantité. Pour cet effet, on tracera une méridienne dans un endroit quelconque, on placera dans un point de cette ligne un pivot perpendiculaire à l’horiſon, & on y mettra une bonne aiguille bien aimantée, & munie d’une chape faite avec ſoin, ainſi que nous l’avons dit au mot Aiguille aimantée. Si la direction de cette aiguille coïncide avec la méridienne, & qu’elle lui ſoit entièrement parallèle, il n’y aura point de déclinaiſon ; mais ſi la ligne de direction de cette aiguille forme, avec la méridienne du lieu, un angle quelconque, alors l’aiguille déclinera du vrai nord, & la grandeur de cet angle indiquera la quantité de cette déclinaiſon. Suppoſons que le pivot ſoit élevé verticalement au centre d’un cercle O N E S, fig. 365, que l’aiguille BA ſoit miſe ſur ce pivot,