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AIM
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5o. Depuis 1736 & 1737, juſqu’en 1769, la variation s’eſt accrue depuis 15 degrés juſqu’à près de 20 degrés, c’eſt-à-dire de près de 5 degrés dans le tiers d’un ſiècle ; on n’auroit donc plus que 9 minutes par an, ce qui annonceroit que ſon mouvement s’eſt rallenti, puiſqu’on a trouvé, au commencement de ce ſiècle, juſqu’à 15 à 16 min. par an.

6o. Enfin, depuis 1758 juſqu’en 1769, l’aiguille n’a pas varié tout-à-fait de 2 degrés, à raiſon de 10 min. et demie par an ; mais comme il peut y avoir un peu d’erreur qu’il n’eſt pas facile de répartir pendant une auſſi petite durée que onze années, on ne peut par cela ſeul prononcer ſi le mouvement s’eſt rallenti. La variation n’ayant été, à l’obſervatoire de Paris, le 6 août 1771, que de 19 d. 45. min. à raiſon de 8 min. par an depuis 1758, on a préſumé avec probabilité que le mouvement approchoit du point où il ſeroit ſtationnaire, & que l’extrémité de l’aiguille ſemble tendre vers un point qui s’écarte un peu du nord à l’oueſt, comme un pendule tend au centre de la terre, & faire autour de ſon centre, en vertu de cette tendance, de lentes oſcillations, dont chacune dure environ deux ſiècles, & qui, pour le temps & la grandeur, ſont diviſées en deux parties à-peu-près égales. Mémoires de l’acad. des sc. 1770.

M. le Monnier donna l’année ſuivante (hiſt. de l’acad. 1771, p. 93 & 95) un nouveau réſultat de ſes recherches. D’une obſervation faite en 1541, & du peu de mouvement qu’on remarqua avec un bon inſtrument, entre 1541 & 1610, il a conclu qu’elle étoit alors à-peu-près ſtationnaire ; depuis elle eſt revenue vers le nord, y a paſſé en 1666, s’eſt enſuite avancée juſqu’à environ 20 degrés vers l’oueſt, où elle paroît ſtationnaire. Ainſi on connoit d’une manière aſſez approchée les limites de ſes variations. Quelques-uns ont cru que le temps de la plus grande vîteſſe dans la variation, ne répondoit point à la direction de l’aiguille vers le nord, mais à-peu-près à celle de ſix degrés vers l’oueſt, c’eſt-à-dire, au point du milieu, entre ſa plus grande variation occidentale & ſa plus grande variation orientale. Il leur a paru auſſi que ſon mouvement ſe rallentit à meſure qu’elle approche de ces points extrêmes, & que les deux parties de cette longue oſcillation ne ſont pas ſemblables, le mouvement paroiſſant plus rapide dans la partie occidentale.

Des obſervations poſtérieures nous déterminent à conclure que depuis 1769, le mouvement de l’aiguille aimantée s’eſt encore ſingulièrement rallenti ; car ſa déclinaiſon n’a été en 1789 que de 21 degrés 30 min. Ainſi il ſe pourroit bien qu’elle approchât de ſon maximum au nord-oueſt. Peut-être rétrogradera-t-elle au nord pour repaſſer à l’eſt. C’eſt ce que ſauront nos neveux.

Quoi qu’il en ſoit de cette queſtion, il eſt certain qu’on ne ſauroit mieux faire que d’amaſſer des matériaux pour la poſtérité ; en multipliant les obſervations ; mais, pour cet effet, il faut employer de bons inſtrumens, d’excellentes bouſſoles de déclinaiſon.

Bouſſole de M. le Monnier, l’aſtronome. Ce ſavant a donné en 1778, dans les mémoires de l’académie, la deſcription d’une bouſſole de déclinaiſon. Elle eſt formée par un châſſis, ſur lequel on place une lunette qui fait avec l’axe de l’aiguille (lorſque ſes deux extrémités répondent au point zéro de chacun des limbes de la bouſſole), un angle à-peu-près égal à celui qu’a la direction de l’aiguille aimantée, qu’on ſuppoſe à-peu-près connue, fait avec celle d’une mire éloignée, dont on a déterminé la poſition : on obſerve cette mire avec la lunette, dont le centre eſt marqué par l’interſection de deux fils. Par ce moyen le nombre de degrés dont l’aiguille s’éloigne de ce point zéro, eſt la quantité qu’il faut ajouter ou retrancher de l’angle que forme la lunette avec la ligne qui paſſe par les deux points zéro, pour avoir la vraie détermination. On n’a employé dans la conſtruction de tout l’appareil, que du bois, du cuivre pur ou de l’argent. L’aiguille a 15 pouces de long & pèſe 1 446 grains.

Par ce moyen on peut s’aſſurer, avec une très-grande exactitude, de la direction de la lunette ; & par conſéquent, regardant comme nulle l’erreur pour la détermination du vrai nord, on connoîtra la déclinaiſon de l’aiguille avec toute l’exactitude qu’on peut attendre d’un inſtrument de 7 pouces & demi de rayon, dont on obſerve les diviſions avec une loupe.

Cette bouſſole eſt repréſentée dans la fig. 382. ABCD, déſigne la boîte de bois de l’ancienne bouſſole, avec ſon limbe intérieur ſous AB, & un autre limbe qui lui eſt oppoſé, & qui a même centre O, en dedans du rebord CD, de la même boîte de bois. On y a adapté, avec quatre vis à tête perdue, le châſſis de cuivre rouge DFGE, garni de ſes deux traverſes IH, n p, enſorte que les vis m, n o, p, le fixent en deſſous à la boîte, & à angles droits avec les côtés latéraux de la même boîte : c’eſt en O, centre de la boîte, qu’on met l’aiguille.

Comme on eſt fort éloigné des pôles terreſtres de l’aimant, on n’a pas héſité à percer l’aiguille d’un trou ſuffiſant dans ſon milieu, pour y introduire une chape d’agate, & il eſt aiſé d’apprécier l’affoibliſſement de l’aiguille par cette opération, puiſqu’il s’y conſerve encore aſſez de force magnétique pour la ramener, lorſqu’elle oſcille à ſa véritable direction ; elle achève ſes vibrations en dix ſecondes & demie de temps, ou du moins, telle eſt la quantité moyenne qu’on en a conclue ſur un grand nombre de vibrations, ce qui ſuffiroit pour en déduire la force horiſontale magnétique, le frottement étant connu.