Page:Encyclopédie méthodique - Théologie, Paris, T01, A-B.djvu/14

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AVERTISSEMENT.

Depuis près de dix-huit cens ans que la Théologie chrétienne est formée, il ne s'est pas écoulé un seul siècle dans lequel elle n'ait été combattue par quelque secte de mécréans ; cette science est donc devenue très-contentieuse. Comme elle consiste à savoir non-seulement ce que Dieu a révélé, mais comment cette doctrine a été attaquée, & comment elle a été défendue, il n'est presque pas un seul article qui ne soit un sujet de dispute ; un Théologien écrit donc depuis toujours au milieu d'une foule d'ennemis, & jamais ils ne furent en plus grand nombre que dans notre siècle. On ne doit donc pas être étonné de nous voir continuellement aux prises avec les Sociniens, avec les Protestans, qui ont renouvellé presque toutes les anciennes erreurs, avec les Déistes & les autres incrédules qui les ont copiés tous. Nos maîtres en Théologie sont les Pères de l'Eglise ; nous nous croyons obligés de suivre leur exemple. Or, ces Auteurs respectable ont écrit, chacun dans leur tems, contre les erreurs qui faisoient du bruit pour lors, & non contre celles dont le souvenir étoit à-peu-près effacé ; il est de notre devoir de les imiter.

Nous ne sommes pas assez injustes pour accuser les Protestans d'avoir voulu, de propos délibéré, favoriser les ennemies du Christianisme ; mais il n'est pas moins vrai que, sans le vouloir, ils leur ont fourni presque toutes leurs armes ; c'est un événement que nous n'avons pas pu nous dispenser de faire remarquer une infinité de fois, parce que la chose est évidente. Si les Protestans se fâchent de se trouver continuellement dans notre ouvrage associés aux incrédules, ce n'est pas à nous qu'ils doivent s'en prendre, mais à leurs Docteurs. Chez les Luthériens, Mosheim & Brucker ; chez les Calvinistes, Beausobre, Basnage, le Clerc, Barbeyrac ; chez les Anglicans, Chillingworth & Bingham, sont ceux dont nous avons principalement consulté les livres, parce que ce sont les derniers qui ont écrit, & qui paroissent avoir le plus de réputation. Ils ont cherché à donner une nouvelle tournure aux anciennes objections ; ils ont eu l'art de défigurer la plupart des faits de l'Histoire Ecclésiastique ; il n'est presque pas un seul des Pères de l'Eglise contre lequel ils n'aient formé des accusations ; ils ont donc imposé une nouvelle tâche aux Théologiens Catholiques, à laquelle nos meilleurs Controversistes n'ont pas pu satisfaire : nous avons donc été obligés de nous en charger ; & si nous n'avons pas répondu à tout, nous croyons du moins avoir fait