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SABAÏSME, culte des astres ; c’est la première idolâtrie qui a régné dans le monde ; voyez ASTRES ; mais ce n’est point la première Religion, comme l’ont prétendu plusieurs écrivains mal instruits ; Dieu avoit enseigné une Religion plus pure à Adam, à ses enfans & aux anciens Patriarches. Voyez RELIGION NATURELLE.

Le sabaïsme, aussi appelé sabéisme, sabiisme & sabisme, est encore la Religion d’un des peuples Orientaux que l’on a nommés Sabiens, Zabiens, Mandaites, Chrétiens de S. Jean, dont on prétend qu’il y a des restes dans la Perse, à Bassora & ailleurs. Ik ne faut pas les confondre avec les Sabéens, ou les habitans du Royaume de Saba en Arabie. Nous en avons déja parlé, au mot Mandaites ; mais il est à propos de voir plus en détail l’incertitude de ce qu’en ont dit les savans modernes, & de répondre à quelques objections que les Protestans ont faites contre le culte des Catholiques, en le comparant à celui des Sabiens.

Maimonides, qui a souvent parlé du sabisme dans son More Nevochim, en fait remonter l’origine jusqu’à Seth, fils d’Adam ; il dit que cette idolâtrie, étoit généralement répandue du temps de Moïse, qu’Abraham même l’avoit professée avant de sortir de la Chaldée. Il dit que les Sabiens croyoient que Dieu est l’ame du monde, qu’ils regardoient les astres comme des Dieux inférieurs ou médiateurs, qu’ils avoient du respect pour les bêtes à corne, qu’ils adoroient le Démon sous la figure d’un bouc, qu’ils mangeoient le sang des animaux, parce qu’ils pensoient que les Démons eux-mêmes s’en nourrissoient. Conséquemment il prétend que la plupart des lois cérémonielles de Moïse étoient relatives aux usages de ces Idolâtres, & avoient pour but d’en préserver les Juifs. Spencer a suivi cette idée & s’est attaché à la prouver dans un grand détail ; de Legib. hebrœor. ritual. l. 2.

Mais d’autres ont observé que les faits supposés par Maimonides ne sont rien moins que prouvés ; il n’a consulté que des livres Arabes qui sont très-récens & dont l’autorité est fort suspecte, & plusieurs de ces faits paraissent contraires à l’Ecriture-Sainte ; Le culte des astres est sans doute une des premières espèces de Polythéisme & d’idolâtrie ; mais nous voyons, Sap., c. 13, v. 2, que le culte des élémens & des autres parties de la nature n’est pas moins ancien. D’ailleurs la première Idolâtrie de laquelle l’Ecriture-Sainte fait mention est celle de Laban ; Gen., c. 31, v. 19. À la vérité, Josuë, c. 24, v. 2., dit aux Israélites : « Vos Pères ont habité autrefois au-delà du fleuve, Tharé père d’Abraham, & Nachor, & ils ont servi des Dieux étrangers ». Mais ce reproche ne paroît pas tomber sur Abraham lui-même. Envisager Dieu comme l’ame du monde, est une erreur trop philosophique pour qu’elle ait pu être populaire du temps de Moïse.

Nous sommes persuadés, comme Spencer, que la plupart des lois cérémonielles des Hébreux avoient pour but de les détourner des superstitions pratiquées par les Idolâtras ; mais il ne faut pas pousser trop loin ce principe, ni supposer que chacune de ces lois en particulier est opposée à tel ou tel usage des Sabiens, puisque nous retrouvons un grand nombre de ces usages superstitieux chez les Grecs, chez les Romains, & même chez les Idolâtres modernes. Moïse connoissoit les différentes superstitions des Egyptiens, des íduméens, des Madianites, des Chananéens ; il a voulu les bannir toutes sans exception, & nous ne savons pas si telle pratique absurde appartenoit à l’un de ces peuples plutôt qu’à l’autre.

Hyde, dans son Histoire de la Religion des anciens Perses, a tâché de prouver que le Sabisme étoit fort diffèrent du Polythéisme & de l’Idolâtrie ; il prétend que Sem & Elam ont été les propagateurs de cette Religion ; que si dans la suite elle déchut de sa pureté primitive, Abraham la réforma & la soutint contre Nembrod, qui l’attaquoit ; que Zoroastre vint ensuite & rétablit le culte du vrai Dieu qu’Abraham avoit enseigné ; que le feu des ancieni Persans étoit le même & destiné au même usage que celui qui étoit conservé dans le temple de Jérusalem, & qu’enfin ces peuples ne rendoient au soleil qu’un culte subalterne & subordonné au culte du vrai Dieu ; Relig. vet. Pers. historia, c. I.

Malheureusement tous ces faíts sont des visions desquelles Hyde n’a pu avoir aucun garant. L’on est à présent convaincu par les livres mêmes de Zoroastre, que loin d’être le restaurateur de la vraie Religion, il en a été le corrupteur ; qu’il n’est point question chez lui d’un culte subalterne ni subordonné au culte du vrai Dieu ; nous avons fait voir ailleurs les défauts de sa doctrine. Voyez PARSIS. On ne peut pas savoir précisément en quel temps le Sabisme a commencé.

Prideaux a entrepris de nous en donner une idée encore plus avantageuse que Hyde. Il soutient que l’unité de Dieu & la nécessité d’un médiateur ont été dans l’origine une croyance générale & répandue chez tous les hommes ; que l’unité de Dieu se découvre par la lumière naturelle, & que le besoin d’un médiateur en est une suite,


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