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ques fosses peu profondes. On trouve l’or le plus fin au pied de quelques montagnes des provinces occidentales. Dans les plaines situées au bas de la chaîne, on rencontre du sel gemme en cristaux d’une dimension considérable.

De vastes forêts couvrent plusieurs cantons de l’Abyssinie ; on y remarque le cusso, le vouginos, l’érythrine à fruit de corail, le tamarinier, diverses espèces d’acacias épineux, le dattier et d’autres arbres curieux. Le cafier croît spontanément sur quelques montagnes : les plus arides nourrissent des euphorbes ligneuses.

L’on cultive le sorgho ou millet, le froment, l’orge, et le tef, graminée du genre des poa, dont la graine est extrêmement mince et sert à faire des gâteaux. Deux récoltes ont lieu tous les ans, l’une pendant la saison des pluies, en juillet, août ou septembre ; l’autre au printemps : dans quelques endroits la terre donne jusqu’à trois récoltes. L’ensété, espèce de bananier, et la vigne obtiennent aussi les soins des Abyssins, mais ils font peu de vin ; ils aiment mieux une espèce d’hydromel. Les jardins offrent plusieurs espèces d’arbres fruitiers et de légumes ; les champs produisent des plantes oléagineuses inconnues en Europe. On trouve en Abyssinie le cypérus à papier, l’arbre qui donne le baume de Judée, et celui de la myrrhe ; enfin les campagnes sont embaumées de l’odeur suave qu’exhalent les roses, les jasmins, les lis, et les œillets.

Beaucoup de bêtes féroces, entre autres, les lions, les léopards, les panthères, les lynx bottés, les hyènes, infestent l’Abyssinie. La girafe, diverses espèces de gazelles, des singes, des sangliers, des buffles, l’éléphant, le rhinocéros à deux cornes, et l’hippopotame, se trouvent aussi dans ce pays. Quelques voyageurs ont dit que le zèbre y errait au moins dans les provinces méridionales ; ils font aussi mention de l’achkoko, petit animal de la famille des pachydermes. Les bœufs sont très gros ; l’âne et le mulet remplacent le cheval dans cette région montagneuse ; les lacs et les rivières sont remplis de crocodiles. Les oiseaux aquatiques y sont rares ; plusieurs oiseaux singuliers font l’ornement des campagnes et des forêts ; on y voit plusieurs espèces d’aigles et l’autruche. On ne connaît pas bien les sortes de poissons de cette contrée. Les abeilles y donnent un miel excellent. Quelques unes construisent leurs ruches sous terre. Les sauterelles causent quelquefois des dégâts effroyables ; mais l’insecte le plus funeste est le zemb ou tsaltsalya, espèce de mouche dont la vue et même le seul bourdonnement répand plus de terreur et de désordre parmi les animaux que tous les monstres de ces contrées ne pourraient en causer quand ils seraient le double plus nombreux qu’ils ne sont.

Le nom d’Abyssin vient d’Abbas-chi, terme par lequel les Arabes désignent ce peuple, pour indiquer qu’il est d’une origine mélangée ; les Abyssins ne s’en servent pas volontiers. Ils sont d’une taille élancée et bien prise ; ils ont les cheveux longs et les traits du visage assez semblables à ceux des Européens ; leur teint est bronzé ou d’un brun foncé ; quelques uns l’ont d’un brun olivâtre, d’autres de la couleur de l’encre pâle. On aperçoit dans leur physionomie quelques vestiges de celle