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66 ABY

Cette splendeur s’éclipsa. En 925, Gudit, femme juive, fille des souverains de cette nation, qui occupaient un canton de l’Abyssinie, réussit, par ses intrigues, à se faire un parti puissant dans la province dont son mari était gouverneur. Profitant de la mort du roi décédé après un règne très court, et de la désolation qu’une maladie contagieuse avait répandue dans l’empire, elle surprit la montagne de Damot, fit massacrer tous les princes de la famille royale qui, d’après l’usage, y étaient détenus, détruisit Axum, et transféra le siège du gouvernement dans le Carta. En langue amharique Gudit est nommée Assaut (le feu.) Une nouvelle dynastie monta sur le trône : elle professait le judaïsme ; au bout de cinq générations elle s’éteignit ; celle qui lui succéda embrassa le christianisme. Cette dynastie zagaïque rendit volontairement la couronne, en 1268, à un prince de l’ancienne race salomonique, qui s’était conservée dans la province de Choa. Celle-ci y fixa sa résidence qu’elle transféra ensuite à Gondor. Elle règne encore aujourd’hui, mais elle ne possède plus la totalité de l’Abyssinie.

Des guerres civiles désolèrent ce pays. Vers la fin du dix-huitième siècle, elles le bouleversèrent entièrement ; les Gallas en envahirent une partie. L’Abyssinie est aujourd’hui divisée en trois états indépendants les uns des autres : le Tigré au nord-est, l’Amhara. à l’ouest, les provinces de Choa et d’Effat au sud. Le rejeton de la race de Salomon végète obscurément à Gondar, dans une province de l’Amhara ; un ras ou vice-roi a la réalité du pouvoir ; un autre ras commande sans contrôle dans le Tigré : il a dans sa dépendance


l’ancienne métropole d’Axum, et règne de fait. Sa résidence est à Antalo, dans la vallée de Chelicut. Les Gallas occupent en maîtres les deux provinces du sud, et, par leurs incursions, tiennent l’Amhara dans des alarmes continuelles. Leur capitale est Ankober. Cet état de choses représente assez bien celui de l’Europe féodale vers le treizième siècle.

A l’est du Tigré, différents territoires sont gouvernés par des chefs qui tous ne reconnaissent pas également l’autorité du ras. Enfin la côte d’Abesch, ou la lisière comprise entre les montagnes et la mer Rouge, et dont la partie méridionale a été nommée Dankali, est peuplée par les Hazorta, les Bejah, les Chiho, les Danakil, les Goba et d’autres hordes barbares, qui n’obéissent qu’à leur chef indigène. Les ports de Massonah et de Souakem sont entre les mains des mahométans, commandés aujourd’hui par des lieutenants du pacha d’Egypte. Leurs extorsions font le plus grand tort aux relations commerciales de l’Abyssinie de ce côté.

Une partie de cette côte aride et sablonneuse est inhabit^ble à cause du manque d’eau et de l’excès de la chaleur ; dans la saison des pluies, les lagunes fréquentes le long du rivage se remplissent de même que les puits creusés par les habitants. Des dattiers et d’autres arbres couvrent les îles et les plages. Le fond de la mer, peu profonde, abonde en corail. Un peu de pain, du poisson, du lait de chèvre ou de chameau, rarement la chair de ces animaux, font la nourriture des habitants. Les creux des rochers furent dans les temps anciens et sont encore leurs demeures : c’est delà qu’est venu le nom de Troglodytes, par lequel on les