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sion fait point partie. Ils croient que nos âmes émanent de celle d’Adam, et ne seront heureuses qu’après la résurrection générale. Ils honorent la sainte Vierge, en ardents adversaires de Nestorius, qui, comme on sait, ne voulait pas qu’on la nommât la mère de Dieu ; ils invoquent les anges et les saints ; ils ont en horreur les statues et les bas-reliefs qui les représentent. Aussi ne voit-on que leurs images en peinture et la croix dans leurs temples, où ils n’entrent jamais sans y porter quelque offrande. Ils ont enfin une vénération extraordinaire pour l’archange saint Michel. Leur grande fête est celle de l’Epiphanie, qu’ils célèbrent tous les ans avec beaucoup de pompe, le 11 janvier. Leur ère date de la 19e année de Dioclétien, et de la 302e de l’ère vulgaire.

Les moines abyssins n’ont pas la faculté de mendier : leurs prêtres sont mariés ; ils célèbrent le mystère de l’Eucharistie sur une table et non devant un autel. Ils ne conservent pas le pain sacré, et ne l’exposent jamais à l’adoration. Ils administrent la communion sous les deux espèces et la donnent aux enfants. En prononçant l’absolution des fautes, ils frappent le pénitent sur l’épaule avec un rameau d’olivier.

Le patriarche ou prélat suprême a le nom d’Abuna, notre père. Ce n’est point lui, mais l’empereur ou grand négus, qui a la nomination des évéchés et de tous les bénéfices. A sa mort, le prince s’empare des biens et des revenus du patriarcat. Ce patriarche dépendait autrefois de celui d’Alexandrie ; il n’en relève à présent que sous quelques rapports de déférence et d’égards religieux : ainsi le patriarche


d’Alexandrie est nommé avant lui dans quelques prières. Tous les sept ans il fait et bénit le chrisme et l’envoie en Abyssinie. Comme lui, le patriarche et l’église des Abyssins sont jacobites eutychiens, et honorent les trois saints de cette secte : Dioscore, patriarche d’Alexandrie, successeur de saint Cyrille ; Sévère ; et Jacob ou Jacques, Syrien d’origine, qui contribua beaucoup dans l’Orienl à la propagation de la doctrine d’Eutychès. Les jacobites appellent melchites ou royalistes les catholiques romains, parce qu’ils prétendent que le concile de Chalcédoine ne condamna Eutychès que par l’influence du pouvoir impérial. Le mot melchi en syriaque et en hébreu signifie roi.

Les Abyssins n’observent plus autant qu’autrefois la cérémonie de la circoncision, quoiqu’il ne paraisse pas qu’elle ait jamais eu parmi eux un caractère religieux. Grotius prétend qu’ils avaient pris cet usage des enfants de Céthura, l’une des femmes d’Abraham, qui s’étaient établis en Ethiopie. Hérodote raconte que la circoncision existait chez tes Ethiopiens de temps immémorial. Aussi le jésuite espagnol Suarès admet-il les Abyssins à la communion catholique, quoiqu’ils s’obstinent à retenir la circoncision, parce qu’il n’est pas constant qu’ils la regardent comme un article de foi.

Les Abyssins étaient dans une situation prospère et tranquille, quand tout à coup des troubles religieux et politiques survinrent pour les diviser. Le parti faible invoqua le secours des Portugais, qui contribuèrent à les pacifier et leur donnèrent un des leurs pour patriarche. C’était un médecin appelé Bermude, qui demanda à l’empereur