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ACA nes , et retarda ainsi les heureux résultats que Charles espérait obtenir de la fondation de son académie , dont les travaux utiles, quoique entravés dès leur naissance par l’intérêt personnel des moines , ne furent pas moins Ja source des premières clartés qui se répandirent sur la France , et la préparèrent à sortir de la barbarie. Dans le siècle · suivant , Alfred-le-Grand, roi d’Angleterre, digne émule du premier législateur français, fonda la fameuse académie d’Oxford. Vers la même époque , ·les Maures d’Espagne, célèbres par leur galanterie , leurs mœurs chevaleresques et leur goftt pour la poésie , la musique et les lettres , eurent aussi des académies à Grenade et à Cordoue. En ~ 525 , la France vit nattre à Toulouse , sous le nom d’académie des Jeux Floraux, la plus ancienne des académies qui subsistent encore aujourd’hui. Les membres de cette association littéraire prirent le nom de mainteneurs de la gaie science. Les prix que l’on - _ décernait dans cette académie, et qui consistaient en fleurs d’or et d’argent, entretenaient l’émulation parmi les troubadours languedociens. Cette société, que Clémence Isaure dota de ses biens et fit son héritière, jouit encore d’une réputation méritée ; et presque tous les jeunes poètes, en attendant qu’ils soient dignes de se couronner des véritables lauriers du Parnasse , vont au commencement de leur carrière y disputer la violette , le souci , l’amarante et l’églantine. Larenaissance des lettres au quinzième siècle fit éclore une foule d’académies. C’est en Italie qu’elles forent plus nombreuses : chaque ·vine voulut avoir la sienne. Ces académies prirent les noms les plus bizarres ou qui peignaient le mieux la passiou que l’ou affectait alors pour les sciences. Rome eut ses lincei, Naples ses ardenti ~ Parme ses imensati, et Gênes ses addormentati , nom que pourraien• prendre beaucoup d’académiciens modernes. La plus célèbre de ces académies fat celle de la Crusca de Florence, qui a couvert le ridicule de son nom , qui veut dire son, et des attributs qu’elle s’est donnés, par des travaux utiles et la confection de son dictionnaire, Vocabulario degli academici deUa Crusca, qui fait encore loi en matière de gollt dans la patrie do Dante, de Boccace et de Pétrarque. Sous Charles IX, le poête Ronsard réunit à Saint-Victor les écrivains dont on admirait alors le génie. Ils formèrent une académie que Charles IX venait souvent présider ; car ce prince eut, comme Denis-le-Tyran et Néron, avec lesquels il eut tant d’autres traits de ressemblance, la manie de faire des vers, et n’en fit comme eux que de mauvais. Cette société, renouvelée soixante ans après par Desmarests et Chapelain, devint , sous la protection du cardinal de Richelieu , l’académie française , et reçut du roi Louis XIJJ , en ~ 635 , des lettres-patentes , que le parlement qui craignait déjà les progrès des lumières , refusa de vérifier et d’enregistrer pendant deux ans. · Le chancelier Séguier fut, après la mort de Richelieu , le protecteur de · c ette illustre compagnie, qui réunissait tout ce que la France possédait de génies supérieurs. Elle dut bientôt one nouvelle splendeur à Louis XIV, qui la recréa pour ainsi dire, l’établit au Louvre et la gouvernadespotiquement. o ;9 ;tized by