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Page:Encyclopedie Catholique - T14-LO-NYS.djvu/317

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MARSHAM.

MARSIGLI.

(313)

relève les importations et les exportations du port de Marseille pendant les cinq dernières années de la restauration et qu’on en compare les chiffres aux totaux du reste de la France, on trouve que cette ville contribue pour un peu plus d’un cinquième à la masse des importations du royaume, et pour près d’un dixième à celle de ses exportations. Poussant plus loin ce système de rapprochement, d’où ressortent tant de déductions heureuses, on trouve encore que Marseille ne connait que deux maîtres dans le monde pour l’importance du mouvement de son port Londres et Liverpool. Si l’on juge de l’importance du commerce extérieur de Marseille par le relevé qui précède, elle a quintuplé de 1814 à 1836. Quelques chiffres parallèles complèteront cette situation. Les recettes de la douane du Hàvre se sont élevées en 1828 à 26,624,244 fr., et celles de 1838 à 24,921,081 fr. celles de la douane de Nantes ont été de 12,546,786 fr. en 1832, et de 11,593,793 fr. en 1833. En étendant cette comparaison au transit des marchandises, on trouve que la totalité du transit a été pour toute la France en 1832 de 144,42b quintaux métriques, dont :

Pour Marseille

80,208,

Pour le Hàvre.

39,383,

Pour Bayonne.

12,759,

c’est-à -dire 36îl00es pour la première, 28ji00e8 pour la seconde, 9] 100" pour la troisième. A elle seule, Marseille a ainsi plus d’un tiers du transit général, le Hàvre un peu plus d’un quart, Bayonne le onzième. Les bureaux par lesquels Marseille expédie la plus grande partie de ses transits sont ceux de "Verrière, Joux et Belgrade, pour la Suisse, Capareillan, pour la Savoie Saint-Louis, pour l’Allemagne. Et les principaux articles de cette exportation sont les cafés, les sucres, les huiles d’olives, les cotons, les fers, les plombs, les soufres, les jus de réglisse, etc. Quoique les entraves apportées à ce commerce par une fiscalité soupçonneuse aient été fort adoucies depuis la révolution de juillet, il est sujet encore à une foule de vexations qui devront disparaitre le jour où prévaudra en matière de douanes, un système vraiment éclairé par les premières améliorations obtenues, on peut juger de celles à obtenir. Il nous reste à dire quelques mots sur les monuments de Marseille et sur sa physionomie. Deux portions distinctes partagent la ville, comme nous l’avons dit ; la ville vieille et la ville neuve. La première est située sur la hauteur, vers le nord, au-dessus du port. Ses rues «ont étroites, rapides et bordées de vilains bâtiments la seconde au contraire est élégante, bien bâtie ; une rue magnifique qui s’étend en ligne directe de la porte d’Aix à la porte de Rome la sépare de la première, et forme une délicieuse promenade, qui s’appelle le Cours. Marseille possède encore quelques restes d’antiquités romaines, telles sont les caves de Saint-Sauveur, le mur et les colonnes de la Major, les colonnes de Saint-Victor, des sarcophages, etc. Le moyen-àge et la renaissance y ont aussi laissé des traces de leur passage ; entre autres la porte de la Joliette et le monument de Saint-Lazare qui selon la tradition provençale, fut le premier évèque de Marseille, après avoir été ressuscité par le Sauveur. La grotte de Saint-Victor est peut-être le plus ancien lieu de cette ville, consacré par la religion chrétienne ; car c’est là

que les premiers chrétiens se réunissaient pour célébrer les saints mystères, et y honorer les reliques des martyrs. Marseille a donné le jour à beaucoup d’hommes éminents, parmi lesquels il faut citer Puget, Mascaron Dumarsais le pieux Belzunce, dont le dévoùment vivra autant que le souvenir de la fatale peste de 1720, leséchevins Estelle et Moustiers, l’amiral Paul, Honoré d’Urfé, Barbaroux, etc. R-y.

MARSHAM(JEAN),chevalier de la Jarretière, né à Londres, en 1602, étudia avec distinction à l’école de Westminster et à Oxford. Il voyagea en Italie, en France et en Allemagne, et par la vue des monuments antiques, il se perfectionna dans l’ancienne histoire et la chronologie. De retour à Londres, il devint, en 1638, l’un des six clercs de la chancellerie. Le parlement le priva de cette place, parce que, dans le premier feu de la guerre civile, il suivit le roi et le grand sceau à Oxford. Surledéclin des affaires du malheureux et infortuné Charlcsl, il retourna àLondres. Nepouvant, comme la plupart des autres royalistes, avoir aucun emploi, il se renferma dans son cabinet et se livra tout entier à l’étude jusqu’à sa mort, arrivée à Londres, le 25 mai 1685, à l’àge de 83 ans, Charles II honora ce bon citoyen du titre de chevalier et de baronnet. On a de lui : {"Diatribes cronologicœ ^in-b", Londres, 1645. L’auteur y examine assez légèrement les principales T. XIV

difficultés qui se rencontrent dans la chronologie de l’ancien Testament ; 2° Canon chronicus œgyptiacus, hehraïcus, grœcus, in -fol., 1672, Londres ouvrage recherché et cher. L’auteur y a fondu une partie du précédent ; on sait quelle obscurité couvre le commencement de la monarchie des Egyptiens ; le chevalier Marsham a tâché de débrouiller ce cahos. Il montre que les dynasties étaient non pas successives, mais collatérales. M . l’abbé Guérin du Rocher a dit des choses encore plus satisfaisantes sur cet objet. On reproche à Marsham d’avoir mêlé aux vérités qu’il a mises au jour plusieurs opinions fausses ; il prétend, par exemple, que les Juifs ont emprunté des Egyptiens la circoncision et les autres cérémonies, et que l’accomplissement des 70 semaines de Daniel finit à Antiochus Epiphanes. Ces erreurs, plus d’une fois solidement réfutées, n’empêchent pas que Marsham ne fut un homme érudit ; elles prouvent seulement que le jugement et la solidité des principes ne dirigeaient pas toujours ses connaissances. Marsham est l’auteur de la savante Préface qui est à la tète du Monasticon anglicanum de Dugdale. MAitsiGLi (Louis-Ferdinand), d’une ancienne maison patricienne de Bologne, naquit dans cette ville le 10 juillet 1658. Dès sa première jeunesse il fut en relation avec les plus illustres savants de l’Italie, mathématiciens, anatomistes, physiciens, historiens et voyageurs. Il fit un voyage à Constantinople avec le Baile de Venise (c’est ainsi que cette république qualifiait son ambassadeur à la Porte). Ce voyage lui donna le moyen de s’instruire de lui-même de l’état des forces ottomanes. Après onze mois de séjour en Turquie, il revint à Bologne, et rassembla les différentes observations faites dans ses courses. L’empereur Léopold était alors en guerre contre les Turcs ; Marsigli entra à son service, et montra, par son intelligence dans la fortification et la science de la guerre, combien il était au-dessus du simple officier. Blessé et fait prisonnier au passage du Raab, en 1683, il se crut heureux d’être acheté par deux Turcs, frères, avec qui il souffrait beaucoup plus par leur misère que par leur cruauté. On voit, par une Relation de sa captivité, qu’un troisième Turc qui vivait avec eux, était chargé de l’enchaîner toutes les nuits à un pieu dans leur cabane. La liberté lui ayant été rendue l’année d’après, il fut fait colonel en 1683. Dans la même année, il fut envoyé deux fois à Rome, pour faire part aux papes Innocent XV et Alexandre VIII des grands succès des armées chrétiennes. Lorsque les puissances belligérantes songèrent à terminer la guerre par une paix durable, entre l’empereur et la république de Venise d’une part, et la Porte ottomane de l’autre. Le comte de Marsigli fut employé, comme- homme de guerre et comme négociateur, pour établir les limites entre ces trois puissances. Cette négociation l’ayant obligé de se rendre dans le pays où il avait été esclave, il demanda si ses patrons vivaient encore, et fit donner à l’un d’eux un tamariol, espèce de bénéfice militaire. Le grand visir, charmé de sa générosité, lui en accorda un beaucoup plus considérable qu’il n’eût osé espérer. La succession d’Espagne ayant rallumé, en 1701, une guerre qui embràsa l’Europe, l’importante place de Brissach se rendit, par capitulation, au duc de Bourgogne, après treize jours de tranchée ouverte. Le 6 septembre 1703, le comte d’Arco y commandait, et sous lui Marsigli, parvenu alors au grade de général de bataille ; une si prompte capitulation surprit l’empereur ; il nomma des juges qui condamnèrent le comte d’Arco à être décapité, et Marsigli, malgré tous les mémoires qu’il présenta pour sa défense, fut déposé de tous ses honneurs et perdit toutes ses charges avec la rupture de l’épée. Louis XIV, l’ayant vu à sa cour sans épée, lui donna la sienne et l’assura de ses bonnes grâces. Le comte de Marsigli chercha dans les sciences les consolations que les agitations du monde ne lui avaient pas procurées. 11parcourut la Suisse pour en connaitre les montagnes, il passa ensuite à Marseille pour étudier la mer. Etant un jour sur le port, il y trouva le Turc qui l’attachait à un pieu, dans son esclavage et le racheta. Le pape Clément XI le rappela de Marseille en 1709, pour lui donner le commandement de l’armée qu’il était question d’opposer aux troupes de l’empereur Joseph 1". Cette guerre n’eut pas lieu ; il comptait finir ses jours en Provence, où il était retourné en 1728 ; mais des affaires domestiques l’ayant rappelé à Bologne, il y mourut d’apoplexie en 1730. (Dès le H juillet i712, Marsigli avait fait présent au sénat de Bologne, de ses collections d’instruments de physique, de cartes et d’histoire naturelle, à condition que la garde en serait remise à un corps de savants, dont il rédigea Tes Règlements. C’est l’origine de l’institut de Bologne, auquel le sénat assigna 40