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EPERONNIER, Contenant seize Planches.

PLANCHE Iere.

LA vignette représente l’intérieur d’une boutique d’éperonnier.

De la Forge.

Les outils de la forge sont, outre la forge & son soufflet, une enclume à deux bigornes, l’une ronde du côté de la main, & l’autre quarrée du côté opposé; une bigorne ordinaire; des tenailles croches, plates & à canon; des marteaux d’enlevure, d’autres à panne; un marteau pour emboutir les fonceaux; des poinçons de différentes grosseurs; une tranche; un mandrin; un emboutissoir, & son étampe; un suage.

En général, pour enlever les pieces, on prend du fer de Berry, quarré, d’un pouce de gros, que l’on étire à la grosseur convenable. On enleve la partie qui doit former le banquet sur le bord de l’enclume, en laissant porter cette partie à faux: on enleve bout-à-bout les deux branches du même mors que l’on sépare avec la tranche.

Après que les branches sont enlevées, on les forge pour leur donner la forme requise, ainsi qu’on peut voir dans les planches suivantes, qui contiennent les meilleurs modeles en usage à-présent. Pour donc forger la branche, on commence ayant rechauffé, par ouvrir l’arc du banquet avec un poinçon, dont la pointe tronquée a trois ou quatre lignes de diametre. On forme la broche & l’arc du banquet en bigornant. On forge ensuite l’œil que l’on panne & qu’on aggrandit sur la bigorne. On étire ensuite la soie; on perce le trou du touret de bas de branche; on étire la gargouille; on la soude après l’avoir pliée; on perce le trou du bas de branche qui doit servir à attacher la bossette.

Pour forger l’embouchure, on étire le ser à plat, plus étroit au milieu que par les extrémités; on commence à le tourner sur le suage, & on acheve de l’arrondir sur le mandrin.

Pour forger les fonseaux, on étire une partie ronde, que l’on estampe avec le marteaux à emboutir.

De la Lime.

Il faut contrepercer tous les trous, ensuite dresser les branches sur la ligne; après on évide le bas de la branche, & on en lime le corps aussi-bien que l’arc du banquet; on finit par l’œil dont on évuide l’intérieur.

Pour monter les branches, il faut fendre diamétralement les extrémités de l’embouchure avec un ciseau & réparer avec une lime à fendre pour pouvoir y loger la broche de la branche, que l’on y fait tenir en rabattant avec un ciseau & un mattoir les parties des fentes sur la branches. On refend ensuite l’embouchure à angles droits avec une lime pour recevoir deux des quatre tenons ou rivets du fonceau, que l’on lime en y laissant un biseau vif qui doit en rivant être recouvert par le bord du canon de l’embouchure, que l’on lime par-tout aussi-bien que les fonceaux qu’on enduit d’huile de navette pour empêcher la rouille & donner pié à l’étamage.

De l’étamage des mors.

Les ouvrages étant huilés, comme il vient d’être dit, ou reblanchis à la lime, si ce sont de vieux ouvrages, ensuite huilés, on les poix-résine, c’est-à-dire qu’on les saupoudre de poix-résine pilée, mêlée avec du sel ammoniac en poudre. On trempe les mors dans le bain d’étain fondu au degré de chaleur qui lui donne la couleur jaune; on les retire, & on les secoue au bout d’un crochet de fer, en frappant avec un bâton pour faire tomber les gouttes d’étain superflues.

Fig. 1. Ouvrier occupé à huiler les ouvrages avec l’huile de navette contenue dans une terrine qui est devant lui: il se sert, pour appliquer l’huile, d’une patte de lievre.

2. Ouvrier ou petit apprentif occupé à poix-résiner les mors: il a devant lui une sebille de bois qui contient la poix-résine & le sel ammoniac: de la main droite il tient une spatule ou petite pelle avec laquelle il répand la poudre sur les ouvrages: à sa gauche sont des mors huilés par l’ouvrier, fig. 1. & à sa droite sont les mors poix-résinés à portée de l’étameur.

3. L’étameur: il prend les mors poix-résinés avec des tenailles: il les plonge dans le bain d’étain, où il les retourne de tems en tems: il les donne ensuite à l’ouvrier, fig. 4, qu’on nomme secoueur.

4. Le secoueur ayant reçu le mors étamé sur le bout de son crochet de fer, qu’il tient de la main gauche appuyé sur le genou, tenant de la main droite un bâton, frappe dessous le crochet auquel le mors est suspendu, ce qui en fait tomber des gouttes d’étain lesquelles sont reçues dans une plaque de tôle dont les bords sont retroussés: c’est aussi dans cette espece d’auge de tôle que l’étameur rejette les crasses de sa chaudiere d’étain, chaque fois qu’il l’écume.

Au-dessus de l’appui de la boutique on voit la barre qui sert d’étalage, à laquelle plusieurs mors sont suspendus.

Bas de la Planche.

Fig. 1. Étau: l’étau des éperonniers differe des étaux des autres artisans, en ce que les mâchoires sont beaucoup plus élevées au-dessus de la boîte, & que les mors de l’étau sont plus courts, n’ayant tout-au-plus que trois pouces de long. Ils sont élevés de six pouces au-dessus du nud supérieur de la boîte.

2. Crochet de fer & bâton du secoueur.

3. Tourne-à-gauche.

4. Tenailles plates.

5. Tenailles à canon, dont une des parties est ronde & un peu conique, pour être introduite dans le canon des embouchures.

6. Tenailles croches: les Serruriers en ont de semblables.

7. Attaches-bossettes de différentes formes.

8. Fourneau de l’étameur.

9. Chaudiere de fer battu qui se monte sur le fourneau.

PLANCHE II.

La vignette représente l'intérieur de la même boutique, & plusieurs opérations relatives à cet art.

Fig. 1. Ouvrier qui rive un fonceau au bout d'une embouchure en se servant d'un mattoir ou d'un ciselet.

2. Ouvrier qui polit un mors; le bois du polissoir est saisi par l'étau. Il tient de la main droite le manche du polissoir, & de la main gauche le mors qu'il présente sur le bois du polissoir, du sens convenable pour former.

3. Forgeur ou ouvrier qui fait recuire les gourmettes pour les étamer de nouveau.

Pour étamer à blanc les gourmettes, on les fait rougir au charbon de terre; & sortant de la forge, on secoue les gourmettes contre le billot de l'enclume pour en faire détacher les écailles: on les jette ensuite dans le baquet plein d'eau qui est au-devant de la seconde forge: ensuite on les met dans le moulin de la fig. 4. qui est un tonneau ou quarteau enarbré sur un axe, dont