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che par derriere les reins, & être prompt à parer les coups qu'il tire.

Pour tirer au mur, il faut se placer droit sur ses jambes, comme dans la premiere position (Voyez la premiere figure), dans le tems qu'on se met en garde, ôter son chapeau d'un air gracieux, détacher un coup de quarte en approchant légérement le bouton du fleuret contre la poitrine de celui qui se présente pour parer; en se remettant en garde, remettre son chapeau d'un air aisé & faire avec le poignet les deux mouvemens de la tierce à la quarte; c'est la regle du salut.

L'éxercice de tirer au mur, accoutume à tirer avec vivacité & à parer promptement, donne de l'aisance, de la jultesse, & de la connoissance pour la mesure, & est d'autant plus utile qu'étant ordinaire de faire des armes avec différentes personnes, on en rencontre aussi très-souvent de différentes tailles.

Méthode pour tirer au mur avec vivacité.

Il y a trois manieres de tirer au mur. La premiere, en engageant l'épée au fort, & tenant la pointe légere, il faut dégager subtilement, & si-tôt le dégagement fait, tirer droit au corps de l'adversaire sans chercher nullement sa lame.

La seconde, en engageant de la pointe de l'épée la sienne, il faut courber le bras, dégager & lui tirer droit au corps, ce qu'on appelle, tirer pointe à pointe.

La troisiéme, en tirant des coups droits soit au-de-dans, soit au-dehors des armes, il ne faut nullement engager ni dégager le fer.

Les maîtres d'Italie se servent souvent de cette derniere méthode. Elle donne de la vivacité, accoutume la main à partir la premiere, & développe parfaitement l'épaule.

Regles à observer en tirant au mur.

Lorsqu'on a pris sa mesure ou sa distance, on ne doit nullement remuer le pié gauche ni le corps, ne faire aucune attaque ni feinte, mais toujours tirer de regle soit au-dedans, soit au dehors des armes, en faisant des dégagemens, ou tirant des coups droits, ou en faisant des feintes, pourvû qu'on en soit convenu avec celui qui pare.

Des feintes.

On appelle feinte, marquer un coup d'un côté & l'achever d'une autre. Il faut déranger le poignet de son adversaire, ensorte qu'on ait assez de jour pour lui porter le coup qu'on a prémédité de tirer. On doit bien prendre garde de ne pas se découvrir, lorsqu'on marque une feinte; car au lieu de réussir dans son projet, on lui donneroit occasion de profiter d'un trop grand jour & de tirer un coup droit. Ainsi il est absolument nécessaire, en faisant une feinte, qui forme un dégagement, d'opposer le talon de l'épée, & de faire subtilement le mouvement de la pointe, & assez près de la garde de son épée pour pouvoir le toucher plus aisément.

Toutes les feintes peuvent être éxécutées de pié ferme & en marchant. On peut aussi les faire après une attaque du pié, après un coup de lame, ou dans le tems que l'adversaire force la lame, ou qu'il fait un dégagement.

Pour bien éxécuter les feintes, il faut tenir le poignet à la hauteur de l'épaule, plier un peu le coude, afin que le poignet soit plus délié & la pointe plus légere.

Si on est engagé en quarte, il faut dégager en quarte sur les armes bien près de la garde de son adversaire, ramener la pointe de l'épée dans la premiere position de quarte, tirer droit au corps, & revenir à l'épée en quarte, ou en demi-cercle. S'il la pare, on peut la tripler & tirer quarte sur les armes feinte, & revenir à l'épée en tierce ou en demi-cercle.

Si on est engagé en quarte sur les armes, il faut dégager subtilement en quarte, tirer quarte sur les armes & revenir à l'épée en tierce, ou en demi cercle; & s'il la pare, il faut tripler la feinte & tirer au-dedans des armes.

Si on est engagé en tierce, il faut marquer la feinte en seconde & tirer tierce. Si l'adversaire a le poignet élevé, en parant, on doit tripler la feinte, tirer seconde, & revenir à l'épée en seconde ou en demi-cercle.

Si l'on est engagé en tierce, il faut dégager en quarte, la pointe de l'épée sur la ligne du visage de l'adversaire, tirer quarte basse, & revenir promptement à l'épée en cercle.

Pour tirer les feintes sur le dégagement, il faut forcer un peu l'épée de son adversaire, afin de l'obliger de dégager; & dans le tems qu'il dégage, saisir subtilement ce tems, marquer la feinte & lui tirer au corps.

Défense contre les feintes.

La défense la plus sûre, pour parer les feintes, est de gagner le fer par une parade du contre-dégagement, ou par celle du cercle: car si on cherchoit à parer les feintes avec des parades simples, il seroit impossible d'éviter le coup, puisqu'on peut tripler & quadrupler la feinte; au lieu qu'avec lesdites parades, on arrête tout court la pointe de l'épée de son adversaire & on le force à changer d'idée & d'opération.

Observation sur les feintes & sur quels tems elles sont bonnes ou fausses.

Il y a des tireurs, qui font des feintes, en faisant de grands mouvemens du corps ou de la pointe, ou de grandes attaques du pié droit, pour engager leur adversaire à précipiter sa défense, croyant par-là profiter du jour qu'il peut donner. Toutes ces opérations, qui sont fausses, ne peuvent réussir que vis à vis des personnes timides & que peu de chose derance, mais vis-à-vis d'un homme de sens-froid, qui tient pointe ferme & droite au corps & qui recherche l'épée de son adversaire avec le mouvement seul du poignet & suivant les regles des armes, quelque mouvement qu'on puisse faire pour lui faire des feintes, elles seront sans effet.

Il en est d'autres, qui font des feintes, en portant l'épée en-avant, & qui quand on veut parer, la retirent à eux. Alors ils changent la pointe par un dégagement & tirent leur coup. Ces trois mouvemens sont contraires les uns aux autres & sont si lents que si leur adversaire partoit dans le tems qu'ils retirent leur bras, ils seroient touchés avant d'avoir achevé leur feinte.

On doit, autant qu'il est possible, faire les feintes en mesure, afin d'être en état de porter plus vivement la pointe au corps. On peut aussi faire les feintes hors de mesure, mais il faut les continuer dans le tems qu'on avance pour entrer en mesure & changer d'opération, en cas que l'adversaire joigne l'épée.

On doit observer de se bien couvrir, en faisant tous ces mouvemens; car il pourroit tirer tout droit dans le tems qu'on avance, ou surprendre la feinte par d'autres mouvemens.

On ne doit pas toujours espérer, dans le tems qu'on fait une feinte, que l'adversaire viendra à la parade; car on pourroit aisément être trompé. Mais sçachant qu'il pourroit attaquer & se tenant sur ses gardes, on sera plus prompt à se défendre.

On peut aussi être certain que la feinte reussira mieux pendant que le poignet de l'adversaire sera en mouvement. Alors saisissant ce moment pour faire la feinte, il se défendra avec plus de précipitation & non seulement se découvrira, mais même il ne pourra pas attaquer, & on sera en état de le toucher avec plus de facilité & moins de risque.

Des coulés de pié ferme; coulé de quarte sur les armes pour toucher quarte au-dedans des armes.

Si on est engagé en quarte & si on est en mesure sur son adversaire, il faut avoir le bras souple, le corps effacé & posé sur la partie gauche, dans cette position faire un attaque du pié, & donner un coup ferme & sec sur la lame pour ébranler son poignet. S'il revient à l'épée, dégager vivement en quarte sur les armes, tenir le poignet haut & la pointe sur la ligne de son visa-