Page:Engel - Traité de la nature, de la culture, et de l'utilité des pommes de terre, 1771.djvu/5

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nourriſſans, & les pommes de terre y tiennent le premier rang.

C’eſt quelque choſe qui tient du prodige, que l’accueil qu’on a fait à cette denrée dans tous les pays où on l’a introduite, & avec quelle rapidité elle a été adoptée, dans les uns, à l’égal du pain, dans d’autres, elle a prévalu ; l’utilité qu’on en a tiré, & de quel ſecours elle a été dans des temps de diſette de bleds, à laquelle elle a ſuppléé ; la Suiſſe en général, l’Etat de Berne en particulier, en a reſſenti les effets, & la différence entre les contrées & leurs beſoins, à proportion que la culture y a été pratiquée ou négligée du plus au moins.

Cet effet & cette difference ont été ſi viſibles. & ſi palpables, qu’on déſire généralement, à l’occaſion des beſoins & de cette calamité publique, dont il a plû à Dieu de nous viſiter, de ſ’en mettre à l’abri pour l’avenir, par cette culture : celle-ci étant moins connue dans la plus grande partie du pays de Vaud, j’ai cru pouvoir être utile au public, en lui communiquant ce que j’en ai appris chez les meilleurs Auteurs & les cultivateurs les plus experimentés.

Si dans de pareils cas, dont il plaiſe à Dieu de nous préſerver, mes ſoins & mes inſtructions peuvent ſervir au bonheur de mon prochain, & à conſerver la vie à un ſeul homme, j’aurai une ſatisfaction plus pure & plus parfaite, de me montrer l’ami des hommes, que ne peuvent avoir ceux des grands de la terre, qui ſ’en dé-