Page:Engel - Traité de la nature, de la culture, et de l'utilité des pommes de terre, 1771.djvu/73

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Cependant, quoique l'uſage immodéré puiſſe le rendre mal ſain, cet acide n'eſt pas un deffaut : ſi tous les alimens en manquoient, la ſanté s'en trouveroit mal. Il s'agit toujours de tant de circonſtances, qu'on ne peut conſeiller, ni deffendre un aliment ſans aucune reſtriction.

Enfin en examinant tout ſans prévention, & ſous toutes les formes, on trouvera qu'il n'y a aucune plante pour aliment, à qui on puiſſe attribuer moins de deffauts,

Faisons une eſpéce d'application à tout ce que nous venons de déduire.

On conſeille cette culture pour ſatiſfaire aux beſoins de la nourriture, & pour les prévenir. Cela doit donc regarder principalement les gens mal aiſés & pauvres, qui on peu ou point de reſſources. Où prendront-ils le terain néceſſaire pour planter ? Ou l'engrais pour rendre cette cultur auſſi utile que poſſible ?

Ces deux queſtions méritent l'attention la plus ſcrupuleuſe. Si le général des cultivateurs parmi le peuple ne s'aveugloit pas tant ſur leur propre intérêt ; s'ils ſongeoient, qu'un arpent tant ſoit peu cultivé, rapporte plus que dix & que vingt, & en pomme de terre, autant que quarante ou cinquante qui ſont en friches ; que comme en Irlande & ailleurs, après en avoir tiré un produit incomparable, ils en feroient de bons champs pour les bleds ; d'excellens prez même pour une quantité de fourage, dont on manque, & au moyen duquel on nourriroit plus facilement quatre ou ſix bêtes à corne à l'écurie, qui ſeroient plus ſaines, plus vigourreuſes ; les vaches