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L’AMI FRITZ.

des choses profondes, dans un langage naïf. Et la musique ! »


« Rosette,
« Si bien faite,
« Donne-moi ton cœur, ou je vas mourir ! »

Il ne se lassait pas de répéter la vieille romance, et cela durait bien depuis vingt minutes, lorsqu’un petit bruit s’entendit à la porte ; quelqu’un frappait.

« Voici David, se dit-il, en refermant bien vite le clavecin ; c’est lui qui rirait, s’il m’entendait chanter Rosette ! »

Il attendit un instant, et, voyant que personne n’entrait, il alla lui-même ouvrir. Mais qu’on juge de sa surprise en apercevant la petite Sûzel, toute rose et toute timide, avec son petit bonnet blanc, son fichu bleu de ciel et son panier, qui se tenait là derrière la porte.

« Eh ! c’est toi, Sûzel ! fit-il comme émerveillé.

— Oui, monsieur Kobus, dit la petite ; depuis longtemps j’attends Mlle Katel dans la cuisine, et, comme elle ne vient pas, j’ai pensé qu’il fallait tout de même faire ma commission avant de partir.

— Quelle commission donc, Sûzel ?

— Mon père m’envoie vous prévenir que les