Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/170

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Au bout de quelques instants, comme on ne faisait plus que charger et tirer, la voix terrible du général Chemineau s’éleva, criant : « Cessez le feu ! »

On n’osait presque pas obéir ; chacun se dépêchait de lâcher encore un coup ; mais, la fumée s’étant dissipée, on vit cette grande masse de cavaliers qui remontaient de l’autre côté du ravin.

Aussitôt on déploya les carrés pour marcher en colonnes. Les tambours battaient la charge, nos canons tonnaient.

« En avant ! en avant !… Vive l’Empereur ! »

Nous descendîmes dans le ravin par-dessus des tas de chevaux et de Russes qui remuaient encore à terre, et nous remontâmes au pas accéléré du côté de Weissenfels. Tous ces Cosaques et ces chasseurs, la giberne sur les reins et le dos plié, galopaient devant nous aussi vite qu’ils pouvaient : la bataille était gagnée !

Mais, au moment où nous approchions des jardins de la ville, leurs canons, qu’ils avaient emmenés, s’arrêtèrent derrière une espèce de verger et nous envoyèrent des boulets, dont l’un cassa la hache du sapeur Merlin en lui faisant sauter la tête. Le caporal des sapeurs, Thomé, eut même le bras droit fracassé par un morceau de la hache ; il fallut lui couper le bras