Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/174

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« La division s’avance ; elle est attaquée. »

Les Cosaques regardaient aussi, et seulement au bout d’une heure ils disparurent. Alors nous vîmes la division s’avancer en colonnes, à droite dans la plaine, chassant des masses de cavalerie russe.

« En avant ! » cria le commandant.

Et nous courûmes sans savoir pourquoi, en descendant toujours la rivière ; de sorte que nous arrivâmes à un vieux pont, où se réunissent le Rippach et la Gruna. Nous devions arrêter l’ennemi dans cet endroit ; mais les Cosaques avaient déjà découvert notre ruse : toute leur armée recula derrière la Gruna, en passant à gué, et la division nous ayant rejoints, nous apprîmes que le maréchal Bessières venait d’être tué d’un boulet de canon.

Nous partîmes de ce pont pour aller bivaquer en avant du village de Gorschen. Le bruit courait qu’une grande bataille approchait, et que tout ce qui s’était passé jusqu’alors n’était qu’un petit commencement, afin d’essayer si les recrues soutiendraient bien le feu. D’après cela, chacun peut s’imaginer les réflexions qu’un homme sensé devait se faire, étant là malgré lui, parmi des êtres insouciants tels que Furst, Zébédé, Klipfel, qui se réjouissaient, comme si de pareils événements avaient pu leur