Page:Erckmann-Chatrian - Histoire d’un conscrit de 1813.djvu/241

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mit le couvercle sur l’amadou, puis il ajouta : « Tu peux commencer, Joséphel; mais je t’en préviens, moi, je suis un ancien, je ne crois pas tout ce qu’on écrit... les femmes sont plus fines que nous. » Malgré cela, je lui lus la lettre de Catherine lentement. Il ne disait rien, et, quand j’eus fini, il la prit et la regarda longtemps d’un air rêveur; ensuite il me la rendit en disant : « Ça, Joséphel, c’est une bonne fille, pleine de bon sens et qui n’en prendra jamais un autre que toi. — Tu crois qu’elle m’aime bien ? — Oui, celle-là, tu peux te fier dessus; elle ne se mariera jamais avec un Passauf. Je me méfierais plutôt de l’Empereur que d’une fille pareille. » En entendant ces paroles de Zimmer, j’aurais voulu l’embrasser, et je lui dis : « J’ai reçu de la maison un billet de cent francs que nous toucherons à la poste. Voilà le principal pour avoir du vin blanc. Tâchons de pouvoir sortir d’ici. — C’est bien vu, fit-il en relevant ses grosses moustaches et remettant sa pipe dans sa poche. Je n’aime pas de moisir dans un jardin quand il y a deux auberges dehors. Il faut tâcher d’avoir une permission. » Nous